pavard (benjamin) (S. Boue/L'Equipe)

La triste saison de Benjamin Pavard vue d'Allemagne

Un but d'anthologie en juin, un titre mondial en juillet et une relégation en mai : la saison de Benjamin Pavard a été un roller-coaster émotionnel. Alors qu'il entamera la prochaine saison sous les couleurs du Bayern Munich, les médias allemands se sont penchés sur son cas.

De l’autre côté du Rhin, l’histoire du jeune défenseur français aux bouclettes brunes et à la gueule d’ange est une singularité. Celle d’un gamin champion du monde en juillet 2018, entré dans l’histoire avec sa «frappe de bâtard» dans la lucarne de Franco Armani, mais qui n’a pas pu empêcher son VfB Stuttgart de descendre en deuxième division dix mois plus tard. «Pavard est le premier professionnel à devenir champion du monde et être relégué de la Bundesliga la saison suivante», avance le Zeitungsverlag Waiblingen (ZVW), éditeur de journaux local de la région de Stuttgart.

«Le visage de la relégation»

Une histoire d’autant plus singulière que les six derniers mois de Benjamin Pavard dans le Baden-Württemberg se sont faits sous l’ombre planante du Bayern Munich, qui a officialisé l’arrivée du joueur à l’été 2019 en échange des 35 millions d’euros de sa clause libératoire, «un montant qui n’a jamais été payé pour une équipe reléguée en Allemagne», relève l’Abendzeitung. Aucun doute pour la presse allemande : avec ce recrutement, couplé à celui de son pendant à gauche en équipe de France Lucas Hernandez, le Bayern montre une envie de renouveau et un recrutement ambitieux, fondé sur une jeunesse talentueuse. Après tout, ce sont deux champions du monde que s’offre le club bavarois.

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Ce statut de champion du monde ne l’a pas forcément servi cette saison. Pour Die Welt, Pavard est «le visage de la relégation» côté Stuttgartois. Naturellement, les attentes autour du «Weltmeister» sont élevées après le Mondial et une saison 2017-2018 accomplie. Elles seront déçues. Là où l’on attendait un défenseur de classe mondiale, on a eu le droit à un joueur maladroit jouant à côté de ses pompes le plus clair de la saison. «Le conte de fées d'été de Pavard n’a pas duré. Peu après la fête de la Coupe du monde, le
jeune Français est déjà plongé dans la lutte pour la relégation en Bundesliga après un faux départ complet avec Stuttgart
», lit-on encore dans Die Welt, qui pointe notamment son match catastrophique dans la débâcle des siens contre Dortmund (0-4, 20 octobre 2018). «L'éclat du champion du monde s'est estompé. Après son passage brutal de l'ombre à la lumière, il a rechuté dans l'ombre.»

«Le conte de fées d'été de Pavard n'a pas duré»

Relégué avant de rallier le Bayern, Benjamin Pavard a vu son crédit être légèrement entamé en Allemagne. (L'Equipe)

Malgré tout, le crédit du gamin de Jeumont ne semble pas particulièrement entamé outre-Rhin, et sa prestation très décevante contre la Turquie (2-0, le 8 juin), comme beaucoup d’autres joueurs de l’équipe de France, ne semble pas inquiéter outre mesure. Il reste le «champion du monde» aux yeux des médias allemands. Et si ses adieux à Stuttgart se sont transformés en «triste départ» écrit ZVW, on attend toujours beaucoup de son transfert au Bayern. Toutefois, avec cette relégation, ni sa médaille d’or ramenée de Moscou, ni sa réputation déjà bien ancrée en Allemagne ne lui permettront d'arriver en Bavière en terrain conquis : «Pavard intègre désormais le Bayern avec une tare, celle des relégués, conclut l’Abendzeitung. Cela pourrait être un désavantage pour lui au sein de cette brillante sélection, détentrice de tous les records en Allemagne.»

Alexandre Aflalo

«Il a trop rarement montré sa classe incontestée cette saison»

Après un été où il a marché sur l’eau, Pavard a inexplicablement coulé, entraînant dans son sillage une équipe qui avait retrouvé la Bundesliga deux saisons plus tôt. «Le même mystère qui entoure son but contre l’Argentine, ce côté inexplicable qui donne à ce sport son attrait durable, se reflète également dans le déclin du champion du monde Pavard à Stuttgart, avance le Zeit. D'un coup, des gestes réalisés mille fois ne fonctionnent plus.» Didier Deschamps avait prévenu : les années post-Coupe du monde sont délicates. «Il a atteint son plus grand objectif très jeune, c’est normal qu’il accuse un peu le coup après la Coupe du monde», abonde Thomas Hitzlsperger, directeur sportif du VfB cité par le journal. D’autant que le Français, pressé de revenir prêter main forte à son club, avait écourté ses vacances d’une dizaine de jours. Une précipitation qu’il aura payée en décembre contre Mönchengladbach d’une blessure à la cuisse qui l’a tenu écarté des terrains pendant plus d’un mois. Peu avant le match décisif pour le maintien contre l’Union Berlin, Pavard déclarait vouloir se «battre jusqu’à la mort» pour sauver son club. Avec un statut de leader qu’il semble avoir plus subi que choisi cette saison, il a fini par incarner la chute de son club. «Le très talentueux défenseur s'est battu, mais il a trop rarement montré sa classe incontestée cette saison», résume l’Abendzeitung.

«Pavard intègre désormais le Bayern avec une tare, celle des relégués»