(L'Equipe)

La Ligue des champions, un autre style de jeu, moins de penalties... Ce qu'il a manqué à Antoine Griezmann pour remporter le Ballon d'Or FF

Troisième du Ballon d'Or France Football 2018, Antoine Griezmann nourrira certainement quelques regrets. Malgré une année pleine de succès, plusieurs éléments lui ont manqué pour viser plus haut.

Disputer la phase finale de la Ligue des champions

L'Atlético Madrid éliminé dès la phase de poules de la Ligue des champions 2017-2018, Antoine Griezmann n'a pas pris part à la phase finale de la plus grande des compétitions de clubs à partir de février 2018. Contrairement à tous les autres nommés pour le Ballon d'Or France Football classés aux vingt-quatre premières places. Quand on connaît l'importance des performances individuelles dans une telle compétition, on se dit que le joueur de l'Atlético aurait pu gratter de nombreux points supplémentaires s'il avait eu l'occasion d'y briller. On retiendra toutefois le rôle prépondérant que Griezmann a joué dans l'acquisition du titre en Ligue Europa, avec six buts et quatre passes décisives en huit rencontres, dont un doublé en finale contre l'Olympique de Marseille (3-0). Pas suffisant donc. Son club déjà assuré de disputer les huitièmes de finale de la C1 cette année, Antoine Griezmann aura cette fois sa chance.

Marquer plus de buts dans le jeu pendant la Coupe du monde

Malgré une Coupe des monde réussie, lors de laquelle il a grandement participé au sacre de l'équipe de France, Antoine Griezmann paye peut-être son manque de buts dans le jeu pendant le tournoi. Avec quatre réalisations, l'attaquant a certes terminé deuxième meilleur buteur du Mondial à égalité avec Cheryshev, Ronaldo, Lukaku et Mbappé. Mais le numéro 7 des Bleus a marqué trois penalties et inscrit sa quatrième réalisation contre l'Uruguay en quarts de finale grâce à une grossière erreur de Muslera (2-0). Ainsi, on retient de la Coupe du monde de l'équipe de France la demi-volée fantastique de Pavard, les exploits de Mbappé, les arrêts spectaculaires de Lloris... Mais peu d'images où Griezmann est impliqué sont restées dans les mémoires. Un but de folie, des gestes fous ou un doublé en finale auraient peut-être aidé le Madrilène à se hisser plus haut, voire au sommet, dans ce classement du Ballon d'Or France Football 2018.

Evoluer dans une équipe plus attrayante

Les Colchoneros ne sont pas vraiment réputés pour pratiquer un football flamboyant, avec de longues séquences de possession et pléthore de buts à la clé. A l'inverse du FC Barcelone ou du Real Madrid, ils marquent peu. Cette saison, par exemple, l'Atlético ne possède que la sixième attaque de Liga (18 buts inscrits), loin du Barça (37) voire du FC Séville (26). En revanche, Diego Simeone s'appuie avant tout sur une arrière-garde solide, et cela se traduit aussi dans les chiffres : la bande à Griezmann est la meilleure défense du Championnat (10 buts concédés seulement). Cette configuration n'empêche pas le Français de briller, aux côtés de joueurs tout aussi talentueux, mais il a moins de situations de marquer et de briller individuellement. Cette priorité donnée à une forte assise défensive n'a pas empêché l'Atlético de remporter la Ligue Europa et de terminer deuxième du Championnat la saison dernière, devant le grand rival madrilène.

Un jeu plus spectaculaire

«La France fonctionne avec le cerveau de Griezmann», analysait Diego Simeone dans France Football fin novembre. En effet, le natif de Mâcon a pris une toute autre dimension ces dernières années grâce à son intelligence de jeu. Que ce soit avec les Bleus ou les Madrilènes, il s'est distingué comme le meneur technique de l'équipe, comprenant à merveille les attentes de ses entraîneurs respectifs. De fait, il est beaucoup moins spectaculaire, contrairement à d'autres joueurs, et n'apparaît pas comme l'homme providentiel qui marque but sur but. Mais Griezmann est un joueur au service du collectif, qui fait peut-être plus briller les autres qu'il ne pense à son succès personnel sur un terrain. Son coach disait d'ailleurs de lui : «Il a un ordinateur dans la tête ! Il a conscience à chaque instant de ce qu'il doit faire». Le Français sait frapper quand il le faut, faire la passe juste au bon moment et, ainsi, mener son équipe vers les sommets.

Une image plus développée à l'international

Liée aux précédents points, la popularité de Griezmann n'est pas aussi étendue que celle d'autres joueurs, plus clinquants, plus "showmen" sur le terrain. Il n'a pas l'aura de Cristiano Ronaldo ou de Lionel Messi, même s'il fait partie des meilleurs joueurs du monde. En cause, peut-être, au-delà de son style de jeu, sa communication qui fait parfois parler, surtout en amont des résultats du Ballon d'Or France Football. Il a multiplié les interviews - certes, il n'était pas le seul - pour réitérer son fort intérêt pour le trophée et sa volonté de remporter le gros lot. Aussi, il y a eu cette épisode marquant de l'été dernier qui lui a valu les foudres de la presse. En plein mercato, l'avenir du Madrilène était incertain... Jusqu'à ce qu'il annonce, dans un documentaire produit par une des sociétés de Gérard Piqué, son souhait de rester à l'Atlético Madrid.

Florent Le Marquis  et Jérémy Docteur