Soccer Football - Germany v Cameroon - FIFA Confederations Cup Russia 2017 - Group B - Fisht Stadium, Sochi, Russia - June 25, 2017 Cameroon's Sebastien Siani reacts as referee Wilmar Roldan gestures towards him REUTERS/Grigory Dukor (Reuters)

La Coupe des Confédérations l'a montré : l'utilisation de l'arbitrage video est toujours aussi confuse

Éprouvée à grande échelle lors de la Coupe des Confédérations, l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR) a montré certaines limites.

Le football a déjà changé d'ère. Après plusieurs «tests» sans réels enjeux sportifs, la Fifa a pu expérimenter l’arbitrage vidéo pour la première fois dans une compétition internationale réservée aux A. La Coupe des Confédérations aura donc servi d’examen pratique pour le dispositif. Cela ne fait aucun doute : dans moins d’un an, cette technologie sera introduite dans les lois du jeu. Gianni Infantino, le pragmatique président de la Fifa, ayant tué tout suspense depuis longtemps. «Nous l’utiliserons lors de la Coupe du monde 2018», avait-il affirmé, en avril dernier, lors d’un congrès de la Conmebol à Santiago du Chili.
 
La Coupe des Confédérations faisait ainsi figure de répétition générale, mais elle n’a pas franchement convaincu. Si Infantino a parlé samedi en conférence de presse d’un «grand succès» pour la VAR, qui aurait selon lui «corrigé des décisions et évité de grandes erreurs», la compétition a surtout mis en valeur les limites du dispositif tel qu’il est appliqué aujourd’hui. Son champ d’utilisation et l’incompréhension qu’il procure, sur certaines phases de jeu, ont nourri les critiques. Et caractérisé les manques sur lesquels l'International football association board, l'institution garante des lois du jeu, doit se pencher. Car dans un an, les enjeux ne seront pas du tout les mêmes.

Longs moments de flottement et absence de pédagogie

En s’invitant de manière régulière dans les rencontres de la Coupe des Confédérations, la vidéo a centralisé une grande partie de l’attention sur elle. Et a, aussi, offert de longs moments de flottements. Le 25 juin, le jeu a été interrompu pendant près de trois minutes lors du dernier match du groupe B entre l’Allemagne et le Cameroun. L’arbitre M. Roldan ayant eu recours à la vidéo par deux fois avant d’exclure le bon joueur, Mabouka, coupable d’une semelle sur le genou d’Emre Can. Sur cette phase de jeu, la vidéo aura certes permis de rectifier une erreur humaine, en donnant un sens juste à la décision prise par l’arbitre, mais la durée de la coupure fut bien trop longue.
 
Le risque, qui est également une crainte pour les opposants à la vidéo, c’est de «dénaturer le football». Une impression ressentie, parfois, lors de cette Coupe des Confédérations. Les spectateurs ne comprennent souvent pas grand-chose à ce qu’il se passe sur le terrain, ce qui fait d’eux les premiers lésés par l’arbitrage vidéo. La Fifa a promis de remédier à ce problème rapidement. L’absence de pédagogie, le manque de communication et le temps qu’il faut pour prendre des décisions sont des détails qui peuvent et doivent être améliorés.

Quel champ d'utilisation pour l'arbitre central ?

Plus difficile à perfectionner, en revanche, le champ d’utilisation dont bénéficie l’arbitre central. Durant la prolongation de la demi-finale qui opposait le Portugal et le Chili, le 28 juin, l’arbitre M. Faghani n’a pas demandé l’aide de la vidéo alors que le Chilien Francisco Silva venait d’être déséquilibré dans la surface portugaise par José Fonte. Dans des cas comme celui-ci, l’interprétation prend encore le pas sur la technologie et la confusion règne. «Quand il y a contact, est-ce qu’il y a penalty ou pas ? C’est l’arbitre qui décide, qui voit l’impact réel. Les discussions vont rester», explique Gianni Infantino.
 
Pour rappel, les arbitres ne peuvent avoir recours à la vidéo que dans quatre cas précis : pour un but marqué, une décision d’accorder ou non un penalty, après un carton rouge direct et pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’erreur sur l'identité d'un joueur sanctionné. Pour certains, la liste n’est pas assez longue. Pour d’autres, elle l’est déjà trop. L’expérimentation durant la Coupe des Confédérations a, quoiqu’il en soit, prouvé à plusieurs reprises qu’il y avait encore quelque chose qui n’allait pas. Les sempiternels débats sur l’apport de la vidéo ne prendront sûrement pas fin de sitôt. Mais à un an de sa (très) probable utilisation au Mondial, où l’exposition et les enjeux seront décuplés, la vidéo n’est pas tout à fait prête.

Sam Myon