22/11/2015 Milano, stadio Giuseppe Meazza (San Siro), campionato di calcio serie A 2015-16, Inter-Frosinone, nella foto esultanza per il gol di Biabiany *** Local Caption *** (Federico Proietti/RAMELLA/PRES/PRESSE SPORTS)

«L'Italie restera toujours dans mon coeur» : on a retrouvé Jonathan Biabiany en Espagne, à San Fernando (D3)

Après 208 matches de Serie A avec l'Inter, Parme et la Sampdoria, Jonathan Biabiany a quitté son pays d'adoption, l'Italie, pour s'installer en Espagne, à San Fernando (D3). Le Francilien de naissance explique pourquoi et raconte quelques moments marquants de sa carrière.

«On vous retrouve désormais à San Fernando, en troisième division espagnole : comment s'est réalisée cette arrivée ?
Les dernières années, j'ai beaucoup changé d'équipe et ma famille est restée en Espagne, car on vit là-bas. Je ne les voyais pas souvent. Cela m'embêtait. Et avec les problèmes liés au Coronavirus, je ne les ai pratiquement pas vus l'année dernière. J'ai fait le choix de rester à côté de la maison : je vis à Marbella, à une heure environ de San Fernando. Je connaissais les personnes du club, je sais qu'ils ont un gros projet, ils ont envie de grandir. Ils veulent monter en deuxième division, chose qu'ils n'ont jamais connu. Cela m'a plu. Donc, pour une fois dans ma carrière, j'ai placé ma famille en premier. J'avais d'autres possibilités d'aller jouer dans des clubs de première division, mais pas en Italie, ni en Espagne. Pour le moment, je suis concentré sur San Fernando et ma famille.
 
Depuis combien de temps vous et votre famille êtes installés à Marbella ?
On a beaucoup voyagé. On vivait à Milan, et ça faisait un moment qu'on venait sur Marbella. On est tombés amoureux de la ville il y a quatre ou cinq ans. J'avais emmené ma femme pour la Saint-Valentin (Il sourit.). On a décidé de vendre la maison en Italie et d'en acheter une ici.

«Je ne pense pas avoir dit adieu au haut niveau !»

Vous avez 32 ans : où vous situez-vous dans votre carrière ?
Je ne pense pas avoir dit adieu au haut niveau ! Mon ambition est d'aller au haut niveau avec San Fernando ! On espère y arriver. J'ai signé deux ans.

Racontez-nous vos dernières années qui n'ont pas été très simples entre l'Inter, le Sparta Prague, Parme, Trapani (Serie B)...
Les deux dernières années ont été compliquées. Je suis parti en République tchèque après une saison où je n'avais quasiment pas joué à l'Inter. J'avais des problèmes avec les entraîneurs... En République tchèque, on pensait que ça pouvait être quelque chose d'exceptionnelle mais, arrivé là-bas, j'ai été déçu par beaucoup de choses, surtout au niveau du racisme... La saison a été noire. A Parme, ça avait bien commencé mais avec des soucis de blessures, je n'ai pas pu faire ce que je voulais. Et enfin Trapani... Des problèmes sociétaux, ça ne paye pas les joueurs : un désastre ! Avec San Fernando, j'avais besoin de quelque chose de tranquille au niveau football et au niveau famille : c'est idéal pour se relancer.

A quel point avez-vous été marqué par les problèmes de racisme en République tchèque ?
Après un match, quand tu es élu meilleur joueur, tu dois aller saluer les supporters. On y va. Et pendant qu'on saluait, avec d'autres joueurs, des supporters nous insultaient et nous crachaient dessus. Nos propres supporters ! Ça marque... Je me suis dit : "Ouhlà, où est-ce que je suis arrivé ?"»

«Pendant qu'on saluait, avec d'autres joueurs, des supporters nous insultaient et nous crachaient dessus. Nos propres supporters ! Ça marque...»

Alors à Parme, Biabiany salue Balotelli en 2014. (RICHIARDI/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS)

Que vous revient-il de votre arrivée à l'Inter alors que n'étiez âgé que de 16 ans ?
J'étais un peu perdu, je ne parlais pas la langue. Passer du 93 à un des meilleurs clubs du monde, je n'y croyais même pas... C'était un rêve et je me demandais quand est-ce que j'allais me réveiller. Je me souviens, le recruteur de l'Inter venait voir un match. Il était en avance. Nous, on était l'équipe qui jouait juste avant. Il m'a repéré durant ce match, et il n'est même pas resté à la rencontre pour laquelle il avait fait le déplacement parce qu'il m'avait retenu dans sa tête. Mais je n'avais pas imaginé alors rester seize années en Italie. J'avais été proche d'aller à Chelsea, en 2018, car (Antonio) Conte m'avait demandé. Mais avec les problèmes de temps, les papiers, on n'avait pas réussi à concrétiser le transfert.
 
Et un retour en France, ça aurait pu être possible ?
J'avais eu des contacts, mais rien de concrets. Cela m'inspirait de revenir. J'avais dit à mon agent que s'il y avait quelque chose de concret... On n'avait pas trouvé d'accord. Une fois aussi, quand je devais aller en Serie B, un entraîneur m'avait proposé Le Havre. Mais j'avais dit que si c'était pour quitter la deuxième division italienne pour aller en deuxième division française, je préférais rester en Italie.»

«J'ai fait à peu près dix ans de Serie A, dont sept au top niveau»

Au-delà de vos récentes années, n'a-t-il pas été trop difficile de dire adieu à l'Italie où vous avez vécu pendant plus de quinze ans ?
Oui ! A part la parenthèse en République tchèque, c'est vrai que j'ai fait toute ma carrière en Italie. Franchement, ces dernières années, j'espérais beaucoup quelque chose à l'étranger. Dernièrement, j'étais libre et je suis revenu en Italie car je ne voulais pas rester à la maison sans m'entraîner, sans jouer... J'ai eu des opportunités à l'étranger mais c'était toujours des choses sans réelle assurance. L'Italie, pour moi, c'est un pays qui restera toujours dans mon cœur : j'ai grandi, j'y ai connu ma femme, mes enfants sont nés là-bas. J'ai fait à peu près dix ans de Serie A, dont sept au top niveau.
 
Quelles sont les rencontres que vous n'oublierez jamais ?
C'est difficile ! Chez les dirigeants, je pense à (Piero) Ausilio, le directeur sportif de l'Inter, qui m'a fait venir quand j'étais petit. J'ai signé mon premier contrat avec lui. Quand je suis revenu à l'Inter, c'était aussi grâce à lui. Un dirigeant qui me reste dans la tête et le coeur. Chez les joueurs, il y en a beaucoup... Si je dois en citer, ce sont des joueurs avec qui je suis encore en contact comme (Yohan) Benalouane qui était avec moi à Parme, (Fabiano) Santacroce et (Geoffrey) Kondogbia.

«J'avais été proche d'aller à Chelsea, en 2018, car (Antonio) Conte m'avait demandé.»

Timothé Crépin