(L'Equipe)

L'envie d'avoir janvier : le dernier tacle à retardement de Julien Cazarre

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Il s'en prend cette fois au mois de janvier, et à son programme plutôt calme.

Franchement, le mois de janvier, si on y réfléchit bien, c’est le mois qui ne sert à rien. À tel point qu’on se demande pourquoi les mecs qui ont inventé le calendrier ont mis ce mois tout pérave (je ne parle pas de ceux qui ont inventé le calendrier du Stade Français où le mois de janvier est pour le coup une grande réussite avec ce deuxième ligne à poil dans un clair-obscur). Janvier, c’est le mois d’après les fêtes, donc celui où on se remet de tous ces bons moments de décembre qui se sont finis en apothéose avec un compte à rebours 5, 4, 3, 2, 1, zéroooooo, qui résonne comme un orgasme de fin d’année où, un peu éméché, on finit par faire un smack peu maîtrisé et légèrement baveux à tous les Jacky d’une soirée entre amis. 

Janvier, c’est la gueule de bois, le mois des bonnes résolutions, le truc le plus chiant de la planète hors match de Ligue 1 du dimanche après-midi. Janvier, y a ni la Noël ni la chandeleur, juste un vieux plan épiphanie qu’on torche vite fait pour les mioches vu qu’on digère à peine la dinde et qu’on a plus besoin d’Alka-Seltzer que de frangipane. Pour dire si c’est un mois à se balancer du haut d’un building de Manhattan, y a même une bande de pisse-froid qui a réussi a nous inventer le Dry january, le mois sans alcool… Donc, les mecs nous expliquent que tu vas te fader une reprise de Ligue 1 un peu molle, deux matches de Coupe de la Ligue dont tout le monde se cogne et deux tours de Coupe de France dans un froid polonais sur des pelouses qui font passer la bataille de Verdun pour une partie de cricket et qu’en plus de ça, t’as pas le droit de picoler pour oublier ton malheur. On a bien réussi à faire disparaître la Coupe de la Ligue et l’âge pivot, on peut quand même faire un dernier effort pour le mois de janvier… On bloque la Bastille, on met le feu à trois ronds-points et roule ma poule… Même les Allemands, qui ne sont pas les derniers des abrutis en termes de rigueur et de gestion, l’ont compris : ils ne reprennent pas avant la troisième semaine de ce mois maudit.

Il n’y a qu’une seule chose qui sauve ce pauvre mois dont même le nom évoque un conseiller administratif ou un comptable (j’ai connu un Jean Vier, il était directeur financier et aussi fun qu’une conf’ de presse de Der Zakarian), c’est le mercato d’hiver ! Eh oui, ce bon vieux mercato qui nous fait relancer les pages de sites spécialisés toutes les dix minutes pour voir si un attaquant de Serie A ou un milieu espagnol ne vient pas de signer dans notre club de cœur (ou de mal au cœur pour certains). C’est le petit plaisir, la gourmandise qui nous fait tenir jusqu’à la Ligue des champions qui ne revient qu’en février pour mieux repartir en mars (#allezparis). On salive à l’avance de toutes les rumeurs complètement moisies auxquelles on croit comme un enfant de sept ans qui n’accepte pas encore que le Père Noël c’est tonton Jérôme avec une fausse barbe.

Seulement, on attaque la dernière semaine du mois horribilis et peau de zob, rien, que tchi, nada, walou. Lyon, qui a un effectif déplumé de ses deux meilleurs éléments de l’attaque, tarde à envoyer la sauce, Marseille a le pouvoir d’achat d’un migrant à Béziers et les autres clubs peinent à refourguer les invendus du mois d’août et n’ont même pas l’intention de se faire prêter un mec de Fenerbahçe ou Olympiakos, de peur de devoir avancer les billets d’avion. Le seul club qui a le pouvoir de nous sauver de cette torpeur hivernale, de faire tomber un transfert qui claque façon Beckham, Paredes, Rai ou encore James Debbah, c’est le PSG ! Franchement, au point où on en est, on est prêt à se contenter d’un Madar ou d’un Pouget. Ben non… Monsieur Thomas Tuchel, il a décidé qu’il était content de son effectif, pépère. Il a des latéraux qui prennent plus le vent dans le dos qu’un char à voile à Berck-sur-Mer, mais non, il est content de son effectif. J’ai envie de chialer mais j’attends les retours de 8es de Coupe d’Europe pour ça. Le mois de janvier est définitivement sec. Dry january…

Julien Cazarre

Même les Allemands, qui ne sont pas les derniers des abrutis en termes de rigueur et de gestion, l'ont compris : ils ne reprennent pas avant la troisième semaine de ce mois maudit.