trejo (oscar) (F.Lancelot/L'Equipe)

L'ancien Toulousain Oscar Trejo raconte son retour au Rayo Vallecano : «Nos supporters sont fous, vraiment fous»

L'Argentin Oscar Trejo a quitté l'Hexagone cet été, pour retrouver l'Espagne sous la tunique du Rayo Vallecano. Deux mois après ses débuts, il raconte son départ de Toulouse, son adaptation en Segunda, la deuxième division espagnole, et tire le bilan de ses quatre saison en Ligue 1. Le tout en français.

«Oscar, vous venez de retrouver l’Espagne, après quatre saisons en France. Vous avez trouvé vos repères ?
Oui, ça se passe très bien, je suis très content. J’ai retrouvé le club que j’ai connu il y a six ans. C’est vrai que je préfèrerais que l’équipe soit mieux classée (le Rayo Vallecano était 14e au moment de l’entretien, 7e depuis avec deux victoires), mais je suis très content d’être avec ma famille.

Pourquoi avoir décidé de revenir au Rayo ? C’est un choix qui a pu surprendre...
C’est vrai, surtout pour mes coéquipiers de Toulouse. Tout le monde m’a demandé pourquoi j’avais choisi le Rayo. Je n’y ai passé qu’un an seulement (2010-2011), mais j’y étais super content. Cet été j’ai pris deux mois de vacances en Argentine, et c’était très long d’attendre. À la fin, j’ai préféré venir ici. J’avais des offres en Turquie, au Mexique, au Brésil, en Argentine aussi. Mais on a essayé de prendre le projet qui convenait à ma famille. Pour moi, si elle est bien, je vais bien, et donc je vais bien jouer.

Votre famille voulait revenir en Espagne ?
En Espagne ou en Argentine. Comme je l’ai dit à Toulouse quand ils m’ont proposé l’offre de prolongation, mon idée était de, peut être, rentrer au pays. Pendant les deux mois en Argentine cet été, on a vu des choses, à propos de la sécurité… Et des problèmes de paiement dans certains clubs. C’est pour ça qu’on a décidé de revenir ici. Je connaissais bien les personnes qui travaillent au Rayo, le président, le directeur sportif, mais aussi le coach Michel, avec qui j’ai joué à l’époque.

Vous n’avez pas eu d’offres en Ligue 1 ?
Si, nous avons eu des contacts avec des clubs. Mais comme ma priorité était l’Espagne ou l’Argentine, je n’ai pas écouté.

Certains pensaient que vous pouviez viser plus haut, comme la Liga. Qu’est ce que vous en pensez ?
Je n’avais pas envie de rester trois ou quatre mois en Argentine, en attendant qu’un club me dise à la fin : «Viens avec nous». En Liga, j’étais en contact avec le Deportivo La Corogne, le Betis aussi… C’était 50% oui, 50% non : un jour ils me disent : «Viens», le lendemain : «Bon, on attend un peu». Je n’avais pas envie de rester comme ça. J’avais envie de rentrer, et de faire le stage avec l’équipe. Et si je fais une bonne saison ici, peut être que ce sera intéressant pour moi. Les équipes de Liga regardent beaucoup la Segunda.

Comment jugez vous le début de saison du Rayo ?
On a bien commencé, puis on a eu une période un peu plus compliquée (deux victoires, trois nuls et deux défaites à ce moment là, deux nouvelles victoires depuis). On joue bien, et il y a des joueurs de qualité. Et surtout nos supporters sont fous, vraiment fous (rires). Ils chantent pendant tout le match, peu importe si tu gagnes ou tu perds. Ils sont toujours là. Pour nous, c’est super bien. C’est dans un quartier où tous les gens travaillent la semaine et attendent vraiment le samedi et dimanche pour venir au stade, et être avec nous. Il y a toujours 10 000, voire 12 000 personnes… Ça fait la différence.

«Les équipes de Liga regardent beaucoup la Segunda, donc si je fais une bonne saison...»

C’est difficile d’exister à Madrid, entre le Real et l’Atlético ?
Oui, un peu. Mais le Rayo, c’est différent, parce que c’est dans un quartier, à seulement dix ou quinze minutes du centre-ville. Quand tu vois toutes ces personnes en fin de match… C’est incroyable, ça fait plaisir de jouer ici parce qu’il y a de l’ambiance à tous les matches, les supporters crient, t’en demandent toujours plus. Pour un joueur, c’est parfait.

Comment définiriez-vous le style de jeu de la Segunda ?
Les équipes sont costauds, mais bonnes avec le ballon. Il y a de la technique. Chaque club a deux ou trois joueurs intéressants. Et puis la deuxième division, c’est plus compétitif. La priorité c’est de remonter. Il y a dix, onze groupes qui sont vraiment bien.

Vous avez un exemple en tête ?
Numancia, qui est bien classé en Championnat (3e). Quand on s’est rencontré (2-2, le 26 août), j’avais marqué, il y avait 2-0 pour nous. Et pendant la deuxième période ils n’arrêtaient pas de demander le ballon, de pousser pour revenir… Toutes les équipes sont comme ça, avec beaucoup d’envie. Peu importe qui il y a en face, il faut gagner tous les matches. Je pense qu’en D2, il y a plus de pression. Si tu me demandes ce que je veux, j’ai envie de finir la saison et de monter en Liga. Tous les joueurs de Segunda ont la même idée, c’est pour ça qu’il y a tant d’envie et de pression. C’est un beau Championnat à voir.

«Les supporters crient, t'en demandent toujours plus. Pour un joueur, c'est parfait»

Qu’est ce que vous gardez d’autres de ces années en Ligue 1 ?
Au départ, c’était vraiment difficile pour moi à Toulouse, pour la langue. Et puis, au bout de deux ans, deux ans et demi, ça allait mieux. Je me disais qu’il fallait être fort mentalement, et montrer au coach que je voulais jouer ici. À partir du départ d'Alain Casanova, Dominique (Arribagé, arrivé en mars 2015) m’a laissé toute la liberté… Et on a bien fini le Championnat. C’était un peu compliqué avec Pascal (Dupraz) parce que quand il est arrivé, il m’a sorti de l’équipe. Après on a parlé, il m’a expliqué ce que je devais améliorer. J’ai travaillé jusqu’au bout pour trouver ma place, et je l’ai trouvée.

Lors de votre dernière saison, vous faites ainsi partie des joueurs clés du système de Pascal Dupraz.
J’avais fait un bon stage de préparation. Quand je l’ai commencé, on a décidé avec ma famille que ce serait ma dernière année à Toulouse. C’est pour ça que j’ai tout donné, du premier entraînement, jusqu’au bout. Le dernier match était compliqué, puisque j’avais vécu beaucoup de choses pendant ces quatre années. (Il cherche ses mots). C’est difficile le français, je ne parle qu’en espagnol maintenant (rires). Je veux dire merci à toutes les personnes extraordinaires qui travaillent dans le club. J'en garde de très bons souvenirs. J’ai envie de revenir pour voir un match de Toulouse, j’espère le faire bientôt. On verra.

Déjà, vous avez été voir Ben Yedder lors d’un déplacement de Séville dans la capitale…
Il a amélioré son niveau d’espagnol, c’est plus facile de parler en espagnol qu’en français (rires). On parle au début, puis il me dit : «L’espagnol c’est difficile», donc on change, je demande : «Bon, cinq minutes en français, cinq minutes en espagnol». Mais sinon, je regarde presque tous les matches de Toulouse, je continue à parler avec Mauro (Goicoechea), Somalia, Baptiste (Hamid) le préparateur physique, Jacqui et Monique (Teulières, les intendants)... J’espère qu’ils vont faire une bonne saison.»

Oscar Trejo a disputé 126 matches de Ligue 1 avec Toulouse, pour 12 buts inscrits. (L'Equipe)

Au Rayo, vous évoluez majoritairement à deux postes : à droite derrière l’attaquant, ou en pointe.
Ici le coach me laisse toute la liberté que je veux, comme attaquant ou deuxième attaquant. Il me demande aussi de travailler, mais pas beaucoup (rires). Il me dit : «C’est mieux que tu travailles vers l’avant avec le ballon, que sans ballon». Cette liberté, c’est parfait pour moi. C’était déjà le cas pour ma dernière saison au Rayo. Pour l’instant, ça me va bien, et je crois que ça va continuer comme ça.

Et alors, avec cette liberté, quel est votre poste favori ?
J’aime être à l’avant. Je descends jusqu’au milieu du terrain, et le coach me dit : «Non c’est bon, vas jusque-là !», et il me laisse tranquille du coup (rires). C’est plus agréable pour moi d’être à trente, quarante mètres du but adverse. Comme ça j’ai plus de force, ça me permet d’être plus important pour l’équipe, de marquer plus (cinq buts en neuf matches, contre deux en vingt-neuf rencontres de L1 la saison passée, où il évoluait comme milieu offensif).

À Toulouse, on vous voyait davantage descendre et aller chercher le ballon assez loin...
C’est ça, c’est ce que le coach m’avait demandé. Là-bas, c’était comme ça. J’étais content aussi parce qu’à Toulouse, j’ai gagné cet état d’esprit, et du physique. En Espagne on travaille, mais pas comme en France. Ici tout se fait avec le ballon. La priorité, c’est vraiment le ballon. Le jeu sans ballon, on en fait, mais pas trop. Parce que le coach nous parle, et nous dit : «Si tu as la possession pendant 60 ou 75 minutes, l’autre équipe sera fatiguée, donc la récupération sera plus facile. Et on pourra gagner des matches comme ça». À domicile c’est ce qu’on fait, et pour l’instant, ça va.

«On avait décidé avec ma famille que ce serait ma dernière année à Toulouse»

Cindy Jaury