14 July 2019, Algeria, Algiers: Algeria national soccer team supporters celebrate at the Grande Poste D'Alger after Algeria reached the final of the 2019 Africa Cup of Nations (CAN) following their victory during the semi-final against Nigeria. Photo: Farouk Batiche/dpa | usage worldwide *** Local Caption *** (Farouk Batiche/DPA/PICTURE ALL/PRESSE SPORTS)

L'Algérie a enfin tourné la page

29 ans après son premier sacre, l'Algérie s'est trouvée de nouveaux héros. Il était temps...

Madjer, Assad et Belloumi : longtemps le football algérien est reste figé sur ce trio fantastique qui a enchanté la planète au Mondial 82. Et, tout autant que la mythique équipe du FLN emmenée par Rachid Mekhloufi dans le contexte colonial, ces deux générations ont posé les mythes fondateurs du football algérien. Au final, seul Rabah Madjer, comme guide, portera les Fennecs au sacre en 1990 après une décennie de domination sans titre. Et puis, jamais loin du destin de son pays, le sport roi bascule aussi dans les affres des tourments d'une nation plongée dans l'horreur d'une guerre civile. L'Algérie traverse son désert, son football aussi... Habituée au tableau d'honneur, l'Algérie devient un géant endormi du continent entre 1990 et 2010. Seuls les parcours des clubs en compétition continentale rapellent que le pays existe encore sur la scène africaine.

La reprise en main de la fédération algérienne par Mohamed Raouraoua va marquer le début du retour des Fennecs. Habile comme jamais, il réussit un coup magistral. Le 3 juin 2009, à Nassau (Bahamas), sur proposition de la Fédération algérienne, l’organisation internationale amende l’article 18 de son règlement d’application des statuts. Un joueur disposant de la double nationalité peut maintenant changer d’équipe nationale sans limite d’âge, s’il n’a été sélectionné qu’en catégories jeunes. L’effet d’aubaine profite d’abord au sélectionneur algérien Rabah Saâdane, qui peut puiser allégrement dans le réservoir franco-algérien pour étoffer son groupe. Sur le terrain, l'effet est quasi immédiat. Le 18 novembre 2009 restera une date charnière dans l’histoire de l’Algérie. Ce jour-là, en match d’appui à Khartoum (Soudan), dans une ambiance à couteaux tirés, l’Algérie venait à bout de son frère ennemi, l’Egypte (1-0). 24 ans après, l'Algérie retrouve le Mondial grâce à la génération Karim Ziani, Antar Yahia ou Faouzi Chaouchi. Des joueurs qui ont galéré pendant plusieurs années avec des échecs à la clé en Coupe d'Afrique des Nations. Mis à part un quart de finale en 2004, El-Khedra est rentré dans le rang. En 2010, les Fennecs se hissent jusqu'en demi-finale mais trébuchent sur une belle Egypte. La séquence Vahid Halilhozdic (2011-2014) permettra de retrouver une place dans le gotha mondial avec un parcours historique au Brésil où les Fennecs font vaciller l'Allemagne, future champion du Monde. Avant que l'après Mondial 2014 ne soit géré avec une instabilité constante à la tête de la sélection...

Christian Gourcuff ne s’adapte pas au contexte. L'épisode Majder est un fiasco absolu. Le potentiel est pourtant l'un des plus impressionnants du continent africain. Finalement, l'élan est venu de Djamel Belmadi. On a souvent attendu l'homme providentiel sur le terrain. Il est venu du banc. Le sélectionneur algérien a parfaitement assemblé les pièces du puzzle algérien avec un état d’esprit remarquable. Il a fait des choix forts en installant un duo de talents «locaux», Bounedjah et Belaïli. Il a également mis en valeur le retour de la formation algérienne avec des profils comme Boudaoui, Atal ou Bensebaini. Belmadi a eu tout bon. Et, plongée dans un mouvement de contestation politique inédit depuis fin février, l'Algérie s'est trouvé un président de coeur...

Nabil Djellit 

«On a souvent attendu l'homme providentiel sur le terrain. Il est venu du banc.»