mbappe lottin (kylian) (F.Faugere/L'Equipe)

Kylian Mbappé, réaction nuancée avec l'équipe de France en Andorre

Après deux contre-performances avec les Bleus, Kylian Mbappé a repris quelques couleurs contre Andorre. Certes, l'opposition était limitée mais les intentions de jeu du champion du monde étaient (un peu) plus inspirées et collectives.

C’est en se concentrant sur les fondamentaux que l’on se rassure dans le football. Kylian Mbappé connaît ses poncifs footballistiques. Sans Giroud sur la pelouse, son positionnement dans un couloir, à gauche, pour laisser Thauvin côté droit, était un premier signe de reconnexion avec lui-même, après un match tronqué par une blessure contre la Bolivie et une défaite cauchemardesque contre la Turquie, avec 22 ballons perdus à la clé. Sauf que chez le talent français, les fondamentaux ne sont pas synonymes d’agressivité dans les duels ou de présence physique. Non, ils prennent d’autres noms : profondeur, vitesse, lucidité. Cocktail souvent irrésistible et terriblement efficace que l’ancien Monégasque a rapidement fait boire à la défense adverse. Alors qu'Andorre alertait pour la première fois la défense française, Ndombele sortait le ballon et Griezmann lançait - en première intention - Mbappé dans le dos des Andorrans. Ces derniers ne le revoyaient plus. L’espace offert était trop idéal pour se faire la cerise. Alors le Parisien laissait aller la foulée comme il sait si bien le faire, retrouvait sa lucidité une fois dans la surface et piquait majestueusement le ballon pour lober Gomes (1-0, 11e). Son centième but chez les professionnels. À 20 ans.

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On a ensuite cru voir Mbappé retomber dans ses récents travers, manquant de précision dans les transmissions et d’inspiration dans ses choix, parfois un poil trop individuels. À l’instar de cette fixation plein axe où il oubliait de décaler Dubois, pourtant bien démarqué, et se faisait déposséder du ballon devant la surface (22e). Mais ses intentions étaient bien différentes, plus dans la recherche de ses partenaires, dans le jeu combiné, comme sur ce une-deux dos au but avec le technique Ben Yedder (28e). Dans la foulée, de nouveau touché génialement par Griezmann, il centrait fort à terre pour Thauvin qui manquait de peu de reprendre le ballon (37e). Ce n’était que partie remise pour les deux ailiers du soir. Encore trouvé en profondeur, Mbappé remettait la balle en cloche pour Thauvin au second poteau, auteur d’un beau retourné acrobatique (3-0, 45+1).

Des intentions souvent louables, une application parfois brouillonne

Alors certes, il a (re)tenté des gestes téléphonés, comme cette louche inutile et mal effectuée dans le coeur du jeu (48e). Certes, on l’a vu gâcher par maladresse ou par manque de concentration certaines opportunités de but (66e, 76e). Mais il a aussi envoyé des caviars bien sentis, comme cette ouverture de 30 mètres pour Thauvin, qui manquait de peu le doublé (55e). Ses permutations avec Griezmann lui ont également permis de se retrouver parfois dans l’axe de l’attaque, sa position favorite. Et c’est souvent dans l’alternance que le champion du monde s’est montré le plus imprévisible. Au coup de sifflet final, ses statistiques parlent pour lui : un but et une passe décisive. Performance toutefois à relativiser compte tenu des lacunes évidentes de l’opposition adverse. Encore fallait-il ne pas tomber dans la facilité. Bref, sans être transcendant, Mbappé, noté 6 par FF, a soufflé le (très) chaud et le froid. C’est déjà mieux que seulement le froid.

Augustin Audouin