mbappe lottin (kylian) (J.Prevost/L'Equipe)

Kylian Mbappé, des stats et du contenu face à l'Islande

Buteur et double passeur décisif, Kylian Mbappé a signé un excellent match face à l'Islande (4-0). Le champion du monde lève quelques doutes encore persistants avant de repartir en club plein de confiance.

Si Zinédine Zidane et le Real Madrid ont lancé «l’opération Mbappé», comme le narre le dernier numéro de France Football, Didier Deschamps en a amorcé une autre face à l’Islande. «L’opération Mbappé» version jeu, but et passes décisives. Pour un match très intéressant de l’attaquant du Paris Saint-Germain, au final. Deschamps l’avait mis dans de bonnes conditions : sur l’aile droite d’un 4-2-3-1, comme au Mondial, avec une certaine liberté de se mouvoir - voir plus bas - et de sentir les coups. Mbappé fut aussi très souvent attiré par l’axe, rien d’anormal au regard de ses dernières prestations en club ou de son appétence pour les cages, et il est monté crescendo au fur et à mesure des espaces laissés, des minutes et d’une confiance grandissante - 76 ballons touchés au total. Son but, inscrit à la 78e minute après un service sublimissime d’Antoine Griezmann, restera comme le moment idoine de s’illustrer. À l’instar de ses deux passes décisives, d’une très rare précision. D'abord un centre millimétré pour Umtiti (12e). Puis une talonnade en profondeur pour Griezmann (84e). De quoi porter ses statistiques en Bleus à 12 réalisations et 9 passes décisives en 30 rencontres. «Dis-moi que la vie est encore plus belle», chantait Johnny Hallyday dans sa chanson «20 ans». À cet âge, et même s’il ne faut ni s’enflammer ni relativiser l’excellence, Kylian Mbappé est parti pour exploser les records.

La patte DD & les accointances offensives

Là où il était critiqué ces derniers temps pour empiler les buts mais livrer des matches moyens, Kylian Mbappé a fait taire les sceptiques face à l’Islande. Déjà, il a idéalement profité de l’animation offensive des Bleus. Les Français ont longtemps eu du mal à s’illustrer face à des blocs bas. L’Islande et son 5-3-2 sont des références dans ce domaine, et les Bleus ont parfaitement annihilé le plan verrouillé des Nordiques. Avec des relais dans l’axe, du jeu à une touche, des permutations, de très bons latéraux - Kurzawa et Pavard - et une volonté d’écarter les lignes adverses pour ensuite profiter des rampes de lancement Pogba, Kanté et Cie à la première passe. Mbappé fut un rouage important de ce système, en témoignent dix premières minutes où il dézonait sans cesse et s’illustrait par du jeu limpide avec Griezmann (8e).

Giroud, Griezmann et Mbappé se sont échangés 32 passes.

Et, forts de leurs atouts offensifs et de leur équilibre collectif - Pogba et Kanté, respectivement notés 8 et 7 par FF, signent un excellent match -, les Bleus de Deschamps ont ensuite su dérouler au fil de la rencontre. Pour quitter le stade de France sur le score de 4-0. Un festival offensif au sein duquel les attaquants se sont régalés. Les chiffres trahissent une excellente relation. Giroud a donné 4 passes à Griezmann et Mbappé ; le numéro 10 en a envoyé 12 à «Grizi» et 4 à Giroud ; Griezmann a délivré 5 ballons à Mbappé et 3 pour l’attaquant de Chelsea. Soit 32 passes échangées, sans compter le maillon fort des attaques placées Pogba, qui envoyait 16 passes à Mbappé, 14 à Griezmann et 7 à Giroud. Bonne relation, on vous disait...

Lire aussi : Les notes de France-Islande.

Mbappé aux trois visages

Le Français a aussi brillé dans différents registres. En début de match et tout au long de la première mi-temps, il dézonait, décrochait, permutait. Sa passe décisive pour Umtiti (12e) vient de la droite, après un corner, tandis que sa frappe croisée (24e) au ras du poteau est la conséquence d’un crochet extérieur côté droit. Il lançait aussi Pavard le long de la touche (40e), mais combinait tout autant avec Giroud dans l’axe et rôdant proche de la surface. Pour une position moyenne très axiale à l’issue de la première période. Tout l’inverse par rapport au retour des vestiaires. Là, Kylian Mbappé se cantonnait au côté droit, mais montrait bien plus d’imprécisions qu’avant la pause. Comme après un rush (49e) plein axe qui le voyait rater une passe en bout de course pour Giroud. Un long ballon de Pogba (64e) arrivait encore dans les pieds de Mbappé côté droit, mais la 35eme réalisation d’Olivier Giroud (64e) en Bleus, offrant deux buts d’écart à la bande à DD, changeait la donne.

Les Bleus se congratulent après le but de Griezmann, bien servi par Mbappé en talonnade. (J.Prevost/L'Equipe)

L’enfant de Bondy se retrouvait ainsi bien plus axial, en numéro 9. Et, en bon amoureux de grands espaces, avec une énergie preservée par les efforts défensifs moindres, Mbappé profitait des largesses adverses pour s’illustrer. Un but et une passe décisive en transition plus tard, les Bleus gagnaient 4-0. Au micro de M6 à l’issue du match, Didier Deschamps détaillait : «C'est une question de complémentarité. On a déjà joué avec les mêmes joueurs offensifs et ils n'ont pas toujours eu cette même réussite. Ils se connaissent bien. [...] Ils sont efficaces devant. Quand je vois la complémentarité entre Kylian et Antoine, et pas qu'avec le ballon, c'est aussi occuper les zones. La complicité vient avec le temps.» Quant à Mbappé, même sur le but où il n’est pas directement impliqué, il se signifiait par un centre en coup du foulard, avant que le ballon ne revienne sur Pavard qui centrait pour Giroud, buteur (64e). Une arabesque. Un détail. Mais face à l’Islande, l’attaquant champion du monde, noté 8 par FF, a joint l’utile à l’agréable. - A.B.

Lire aussi : Les Bleus surclassent l'Islande et confirment.