Kolo Toure (Uwe Speck/WITTERS/PRESSE SPORT/PRESSE SPORTS)

Kolo Touré, appelez-le coach

Libre de tout contrat après une saison au Celtic, le vainqueur de la CAN 2015 a déjà basculé de l'autre côté. Le voici entraîneur adjoint de la sélection locale de Côte d'Ivoire qui prépare les éliminatoires du CHAN 2018. Tout sauf une surprise.

«Le Président de la Fédération informe les clubs, le public sportif et la presse que dans le cadre de sa formation au métier d’Entraîneur, Kolo Touré démarre un stage pratique au sein des Sélections nationales Locale et Olympique de Côte d’Ivoire. Titulaire de la Licence UEFA B, il assistera le Sélectionneur Kamara Ibrahim en qualité d’adjoint, lors des éliminatoires du CHAN 2018, tout en se préparant à la Licence UEFA A». C’est donc un communiqué qui a officialisé ces dernières heures la nouvelle : Kolo Touré n’est plus vraiment footballeur, mais pas encore entraîneur. Et c’est chez lui, en Côte d’Ivoire et auprès des équipes nationales, que Abib, son prénom véritable, a décidé de se lancer dans la carrière.

A 36 ans, Kolo fait valoir plus de 18 saisons disputées au plus haut niveau, lui qui démarra à l’ASEC d’Abidjan par une victoire en Supercoupe d’Afrique aux dépens de l’Espérance de Tunis (3-1 après prolongations), un après-midi de février 1999 au «Felicia». La boucle est quasiment bouclée et l’élève studieux de Jean-Marc Guillou à l’Académie MimoSifcom, entité intégrée à l’ASEC, possède valeurs et qualités susceptibles de faire de lui un entraîneur chevronné. Un homme qui a appris au contact des Guillou, Wenger, Mancini, Rodgers, Klopp, possède forcément une expérience et des repères solides en matière de management sportif et humain.

Sa qualité de dialogue, une marque de fabrique

Adolescent, Kolo faisait déjà partie des «élèves» les plus éveillés de Jean-Marc Guillou. A l’époque, l’école de Sol Béni -le centre d’entraînement et de vie de l’ASEC- voyait régulièrement passer des intervenants issus de tous les corps de métier. Et Kolo Touré y manifestait régulièrement son intérêt. Volontiers bavard et curieux de nature, il n’était pas un jeune homme timide et causait volontiers football comme du reste. Ouvert et tourné vers l’extérieur, il était un rassembleur, un bon camarade apprécié du plus grand nombre. Une qualité de dialogue qui fut sa marque de fabrique, sur et hors terrain, en club comme en sélection, dont il a porté le maillot à cent-vingt reprises.
 
Après avoir mis un terme à sa carrière internationale et même s’il n’a pas encore raccroché officiellement les crampons, Kolo démontre qu’il a toujours eu la passion du jeu. Pendant sa carrière active, il a préparé et obtenu sa licence UEFA B. Le voici donc au début d’une autre période de formation, auprès de l’équipe nationale des joueurs locaux qui préparent le CHAN 2018. Il aura la chance d’y côtoyer un jeune technicien exigeant et doté d’une vraie personnalité, Ibrahim Kamara, qui saura lui révéler, on n’en doute pas, quelques clés du métier, notamment dans la gestion humaine et l’aspect tactique.

Le temps de transmettre

En le voyant prendre son envol en tant que technicien, et il n’en est qu’aux balbutiements d’une carrière qui peut lui offrir également de coacher en Europe. On mesure tout le temps passé. On se souvient de ses débuts à l’Académie, au côté des Aruna Dindane, Maestro Zokora, Zezeto, Siaka Tiéné Chico, Abdoulaye Djiré Junior, Joss Péhé, Baky Koné et Copa Barry. C’était vers 1995-97, quand ses petits camarades et lui couraient après les Nigérians champions olympiques 1996 (venus s’entraîner à Sol Béni) pour tenter de récupérer leurs tee-shirts crottés. 
 
Sacré champion de Côte d’Ivoire avec l’ASEC le mois passé, Baky Koné a lui aussi décidé de tourner la page, à 36 ans. Il est aujourd’hui le responsable de la section pro de l’ASEC, l’intervenant privilégié des joueurs. Beaucoup d’Académiciens, déjà, ont tourné la page -on pense à Zezeto- ou bien vivent la dernière saison d’une longue carrière. Il est temps pour eux de transmettre, sans trahir ni les valeurs ni les idées, tout ce qu’ils ont appris comme hommes mais aussi comme joueurs auprès de leur mentor Guillou. Ce n’est a priori pas une mauvaise nouvelle pour le football ivoirien, auquel ils ont tant apporté.

Frank Simon