benzema (karim) deschamps (didier) (F.Faugere/L'Equipe)

Karim Benzema et l'équipe de France, un feuilleton sans fin

La carrière de Karim Benzema avec les Bleus a été tout sauf un long fleuve tranquille. L'affaire de la sextape, ses propos envers Deschamps... les feuilletons n'ont pas manqué. Chronologie d'une histoire forcément à part.

L'affaire de la sextape, le commencement...

Le 8 octobre 2015, la France remportait facilement son match contre l’Arménie (4-0), avec un doublé de Karim Benzema à la clé. Le joueur honorait alors, sans le savoir, sa quatre-vingt-unième et dernière sélection avec les Bleus. L’affaire du chantage à la sextape concernant Mathieu Valbuena a vite éclaté, avant de devenir publique. Depuis, plus rien. Benzema n'a plus jamais joué avec l’équipe de France. Un mois plus tard, il était mis en examen avec cinq autres co-accusés, dont son ami d’enfance Karim Zenati.

Le Graët : «Benzema n'est plus sélectionnable»

Par la suite, le président de la FFF, Noël le Graët annonce que Karim Benzema «n’est plus sélectionnable jusqu’à ce que la situation évolue» lors d’une conférence de presse qui se tenait au siège de la FFF, le 10 décembre 2015. Une décision prise par lui-même, avec l’accord de Didier Deschamps. Valbuena, quant à lui, pouvait revenir en équipe de France car il n'avait «rien à se reprocher» d'après Le Graët. C’est la première fois qu’un joueur en France est mis en examen et n’est pas sélectionnable. En 2010, Benzema avait été mis en examen pour une autre affaire et il avait tout de même été sélectionné trois semaines plus tard.

Un soutien de taille pour Benzema

Quelques jours plus tard, le 13 décembre 2015, lors de l’émission hebdomadaire Téléfoot sur TF1, Deschamps affichait pleinement son soutien à l’attaquant madrilène dans cette affaire. Cette déclaration faisait suite à l'interview de Benzema pour la même chaîne, où il avait indiqué avoir l'appui de son sélectionneur. La situation n’étant pas claire, il n’était toutefois pas question pour "DD" de parler de l’Euro 2016.

L'Euro 2016 devant la télé

Après un entretien entre Le Graët et Deschamps, la FFF déclarait dans un communiqué sur leur site que Karim Benzema ne pourrait pas participer à l’Euro 2016, en précisant que «la performance sportive est un critère important mais pas exclusif pour décider de la sélection au sein de l’équipe de France de football». Benzema se contentait donc de regarder l’Euro 2016 devant sa télé, à défaut de pouvoir jouer avec ses coéquipiers en France.

Des propos qui ne passent pas

Le 1er juin 2016, une interview de Karim Benzema pour le journal espagnol Marca est publiée. Et les déclarations du joueur vont l’éloigner des Bleus. Il estime que Didier Deschamps «a cédé à la pression d’une partie raciste de la France» en ne le sélectionnant pas pour l’Euro 2016. Une nouvelle polémique, en plus de l’affaire de la sextape, qui n’arrange pas son cas. Des paroles que le coach des Bleus n’auraient jamais digérées. Pour plaider sa cause, Benzema ajoute que «dans cette histoire, la seule personne qui sait ce qui s’est passé, qui connaît la vérité, c’est Valbuena. J’ai voulu l’aider, rien de plus et l’affaire s’est retournée contre moi», explique-t-il alors.

Une histoire de tag...

À la suite de cette interview, qui arrive quelques jours après l'officialisation par Deschamps de sa liste des 23 joueurs retenus pour l’Euro 2016, sans Benzema ni Ben Arfa, la maison du sélectionneur à Concarneau est taguée, avec le mot "raciste" inscrit sur un mur. Chose que ne pardonnera jamais Deschamps. D’ailleurs, par le biais de son avocat, il portera plainte.

Un choix sportif, vraiment ?

La question sur un éventuel retour de Karim Benzema en Bleu revient alors inlassablement, à chaque conférence de presse. Et à chaque fois, Deschamps répond que c’est «un choix sportif» et rien d’autre. Une décision difficile à croire pour Benzema, qui semble se résigner. «Je pense que tant que Didier Deschamps sera sélectionneur, je n’aurai pas la chance de retourner en équipe de France», lance-t-il. Pourtant, l’attaquant madrilène performe avec son club, que ce soit en Championnat ou en Ligue des champions.

En mars 2017, comme pour se faire pardonner, Karim Benzema revient sur ses déclarations au micro de RMC. «Si le sélectionneur a mal compris ou mal lu, mais je ne pense pas parce qu’il parle espagnol, je n’ai jamais pensé une seconde que Didier Deschamps ou Noël Le Graët étaient racistes. En aucun cas. Mais s’il regrette mes paroles, j’aimerais qu’on s’appelle et qu’on s’explique. Comme ça, il n’y a plus rien. Ça peut le toucher. Mais moi, je n’ai jamais dit que c’était un raciste». Il n’y a pourtant jamais eu de discussion entre les deux principaux intéressés.

Le Graët en remet en une couche

Alors que la France est devenue championne du monde quelques mois auparavant, le cas de Benzema est de nouveau évoqué lors d’un entretien de Noël le Graët pour Ouest-France, le 10 octobre 2018. «Je pense que les Bleus, c'est terminé pour lui, d'autant qu'il est peut-être moins en forme depuis quelques temps», assure-t-il. Avant de confirmer ses propos sur RMC le lendemain : «Il y a aujourd’hui de très bons joueurs, la Coupe du monde est passée et je pense qu’il aura du mal à revenir». Touché, Benzema lui répond sur Twitter.

Deschamps y va franchement

Le 9 janvier dernier, Deschamps revient sur l’épisode du tag sur sa maison dans le Finistère. Il déclare à France Inter : «Tout le monde peut dire ce qu’il veut à la limite, mais on franchit la ligne blanche. (...) On attaque ma famille, ma petite filleule, qui a été adoptée, est malienne et elle habite près de la maison qui a été taguée, donc c’est d’une violence absolue ; je suis moi, prêt à prendre tous les coups, mais là...». Dans un entretien à L’Equipe, le 16 novembre, le sélectionneur de l’équipe de France confirme que cet épisode l'a profondément marqué : «À partir de là, plus rien n’est pareil. Et beaucoup de choses ont changé dans mon approche. Ce que j’ai subi est inconcevable. C’est certainement la conséquence d’autres choses dites avant mais... Déjà que j’avais une âme de protecteur, là, elle a été décuplée. On touche à ma famille et ce n’est pas possible».

La fin du feuilleton ?

Ce samedi 16 novembre 2019, Noël Le Graët pique à nouveau l'attaquant madrilène, sur RMC. «C'est un très bon joueur, je n'ai jamais mis en doute ses qualités. Au Real Madrid, il montre qu'il est un des meilleurs joueurs à son poste. Mais l'aventure France est terminée», lâche-t-il. Irrité, Karim Benzema lui répond dans la foulée sur Twitter. «Sachez que c'est moi et moi seul qui mettrais un terme à ma carrière internationale. Si vous pensez que je suis terminé, laissez moi jouer pour un des pays pour lequel je suis éligible et nous verrons.» Le mot de la fin ?

Quentin Granet