Juventus Turin : Gonzalo Higuain, retour à l'envoyeur
Plus vraiment désiré par la Juventus, Gonzalo Higuain a tenu bon et s'est accroché fermement à son juteux contrat. L'ancienne pointe de River Plate espère bien convaincre ses dirigeants de lui donner une dernière chance de demeurer dans le Piémont. Et avec Maurizio Sarri, son mentor, l'Argentin pourrait retourner l'opinion en sa faveur. Première étape ce samedi, à l'Allianz Stadium, contre Naples. Son ancien club et l'une de ses plus belles victimes.
La Juventus voulait absolument le refourguer en ce mercato estival, comme d'autres d'ailleurs, pour assainir ses comptes. Lui ne souhaitait pas vraiment bouger et quitter son petit confort, après avoir été bazardé de prêt en prêt à l'AC Milan d'abord, puis à Chelsea, comme un pauvre adolescent sans répondant la saison dernière. Un choix d'autant plus logique en définitive pour Gonzalo Higuain, qui retrouve Cristiano Ronaldo, son ancien partenaire au Real Madrid, et surtout Maurizio Sarri, l'homme qui l'avait le plus estimé au cours de sa longue carrière finalement, en le chérissant divinement et tendrement au cours de l'exercice 2015-16, lors duquel il plantait 36 pions. Un record en Serie A. Et l'Argentin, aligné d'entrée de jeu face à Parme (1-0) lors de la rentrée des classes la semaine passée, aura à cœur d'afficher une meilleure forme face au Napoli, son ancien gîte, ce samedi. Peut-être la dernière occasion de prouver aux dirigeants de la Vieille Dame sa valeur réelle et ses nombreuses compétences de buteur. Mais à bientôt 32 ans, l'horloge tourne, et tourne, encore et encore pour Higuain.
Sarri-Higuain, éternel amour
Ce choc tombe donc à point nommé, et l'Argentin espère bien refaire parler de lui. En bien, évidemment, caressant l'espoir de retrouver enfin ses esprits, afin de gratifier ses proches de partitions pleines de panache. Maurizio Sarri, lui, épris depuis bien longtemps par le talent de son petit protégé, n'a pas caché son enthousiasme à l'idée de le retrouver une troisième fois, et ne doute aucunement du bonhomme. «Vous connaissez ma relation avec lui. Ça dépend de lui aussi. Mais j'ai l'obligation d'écouter mes dirigeants qui sont là depuis plus longtemps. Avec Gonzalo, je n'ai pas parlé après la victoire en Ligue Europa. Je devais avoir mes idées sur la Juve et son environnement. Quand il reviendra, nous pourrons discuter. Il a la capacité de jouer avec n'importe qui et je ne vois pas de problème dans sa silhouette, lâchait-il en conférence de presse en juin dernier. Mon sentiment est qu'il a eu une mauvaise période à la Juventus, qu'il a été secoué par la Juventus et qu'il a fait une saison à la suite d'un traumatisme sportif. S'il a une forte réaction, il peut faire deux ou trois ans à un très haut niveau».
Mais après un exercice 2018-2019 particulièrement laborieux, au cours duquel il n'a trouvé le chemin des filets qu'à 13 reprises en 40 matches, Gonzalo Higuain est en proie au doute. Moins tranchant, plus massif et moins décisif, l'ancien du Real Madrid est sous le feu des critiques. Une situation complexe et délicate pour le bomber. Son boss n'en avait que faire, lui renouvelant, comme souvent, une confiance aveugle. Mais sa prestation face à de valeureux Parmesans pour la reprise du Championnat n'a pas vraiment fait taire les sceptiques. «Higuain est un joueur de notre équipe. Si je dis que c'est l'un des deux ou trois meilleurs attaquants du monde, je ne me trompe pas», rétorquait alors Pavel Nedved, ancien Turinois, Ballon d'Or FF 2003 et désormais vice-président du club. Pour recouvrer l'amour du peuple bianconero, Gonzalo Higuain devra faire bien plus...
«Higuain est un joueur de notre équipe. Si je dis que c'est l'un des deux ou trois meilleurs attaquants du monde, je ne me trompe pas» (Pavel Nedved)
La confiance comme socle de renouveau
Joueur d'une finesse gracieuse, et dont la passion pour le jeu combiné dans les petits espaces n'est plus à prouver, Gonzalo Higuain possède une palette largement conciliable aux préceptes du jeu de position de Maurizio Sarri. Et Cristiano Ronaldo, lui, pourrait bien être le grand bénéficiaire des aptitudes de son coéquipier d'attaque. Le jeu dos au but de ce dernier, couplé à son sens aiguisé de l'association ne pourront que servir au Portugais, et à ses appels croisés entre le latéral droit et défenseur central droit adverses. Néanmoins, le possible retour en grâce de Paulo Dybala et la volonté de Maurizio Sarri de l'avancer à la pointe de son attaque sont forcément autant de dangers pour le tout fraîchement retraité international. La saison de la Juventus, qui joue sur trois tableaux différents, sera longue. Et les opportunités, en cas de couac, pourraient réapparaitre au fil du temps pur Gonzalo Higuain. Mais jusqu'à quand ? Parce que sans culot, l'Argentin sombrera. Et que cela serait dommageable au vu de sa carrière magnifique.
Mehdi Arhab