(D.R)

Julien Benhaim Casanova : «Je ne retournerai pas en Bolivie»

Ancien joueur de National, Julien Benhaim Casanova s'est exilé cet hiver en Bolivie. Mais entre la haute altitude, les impayés, et un rapatriement compliqué, l'aventure a frisé le cauchemar. Débarqué ce dimanche en France, il s'est confié à FF.

«Comment s’est passé le confinement en Bolivie ? 
Je crois qu’il y a eu un week-end à huis clos, et après ils ont directement arrêté le Championnat. La Bolivie, à ce niveau-là, était très prudente, dès qu’il y a eu une dizaine de contaminés, ils ont fermé les frontières, ils ont mis tout le monde en quarantaine. J’étais confiné mi-mars. Mais on avait déjà arrêté les entraînements deux semaines avant, car les joueurs n’étaient pas payés. C’était plus un message pour le Président. Même si on ne s’entrainait pas, parfois on allait faire des futsals, des activités en groupe. On avait souvent le préparateur au téléphone qui nous donnait des exercices. On s’entrainait toujours ailleurs en groupe.
 
Concrètement, comment s'est passé le rapatriement ? 
Pour le rapatriement, il y a eu une première demande que j’ai refusée la semaine dernière. Comme j’étais complètement seul en Bolivie, je voulais d’abord rejoindre ma copine en Argentine, et je ne voulais pas rentrer en France car ça allait très mal, donc ce long trajet m’inquiétait un peu. Après le confinement a continué, donc forcément j’ai préféré rentrer plutôt que de m’éterniser en Bolivie. Je pensais partir rapidement en Argentine mais au final j’allais rester bloqué très longtemps en Bolivie. Du coup j’ai oublié l’Argentine, et je suis rentré tout seul. Donc j’ai accepté le vol hier (samedi), j’ai fait La Paz-Santa Cruz, puis Santa Cruz-Paris. J’en ai eu pour 18h de vol à peu près. Je suis arrivé ce matin très tôt, et je pars cet après-midi pour Marseille. Demain je rentrerai en avion en Corse.
 
On imagine que dans un vol de rapatriement, l’hygiène est de mise... 
On était tous équipés de masques, de gants, et de gels. Il y avait beaucoup d‘étrangers. Dans l’avion, il n’y avait absolument rien, ni télévision, ni grand-chose à manger. Il n’y avait que des choses à boire. Donc dans ce genre de vol on dort, on joue à la console, on écoute de la musique et on essaie de discuter et de faire connaissance avec les gens autour de nous. Au final, on était plus de Français que d’étrangers. Par contre à l’atterrissage, j’ai récupéré ma valise toute fracassée. Mais j’ai vérifié, et heureusement il y avait toutes mes affaires dedans.

Pourquoi avoir choisi de quitter la France pour la Bolivie ?
Je suis arrivé en Bolivie le 24 janvier. Je n’avais pas de proposition en National. La Bolivie s’est présentée et j’ai accepté parce que l’Amérique du Sud, c’est une ambiance qui me plait donc je n’ai pas hésité.
 
L’ambiance sud-américaine, c’est une légende ou pas ?
L’ambiance est folle. Il y a beaucoup de musique, beaucoup de reggaeton, ça rend le football très dur. Disons que les ambiances sont comme on le dit. Après, les matches sont très rudes. 
 
La Bolivie est un pays en haute altitude. Ça change le jeu ?
J’ai été agréablement surpris par le niveau, il est très bon. La seule différence avec la France, c’est que c’est un football qui se joue assez arrêté. La Bolivie c’est très haut, les joueurs ont du mal à respirer, donc forcément ça se joue sur des phases de jeu. C’est la seule différence. J’ai réussi à m’adapter mais ça a été très dur. La première semaine particulièrement. J’étais très fatigué, j’avais souvent mal à la tête, du mal à respirer. La deuxième semaine, j’avais du mal à respirer mais ça allait mieux, et après petit à petit j’ai fait mon trou. Quand on faisait du travail tactique, moi à côté je faisais beaucoup de PMA, beaucoup de cardio.

«L'ambiance est folle. Il y a beaucoup de musique, beaucoup de reggaeton, ça rend le football très dur.»

«Retrouver un équilibre et de la stabilité»

Mais vous n’avez pas joué en Bolivie... 
Non, je n’ai pas du tout joué en Bolivie. Je suis arrivé là-bas pour signer mon contrat, et au bout d’une semaine on m’a dit que je n’allais pas être habilité et que je ne pourrais pas jouer. En fait, le club est endetté. Et tant qu’il n’a pas payé les joueurs pour l’année dernière, il ne peut pas faire jouer de nouveaux joueurs. J’ai attendu deux mois. Après, il y a eu le confinement, le coronavirus, et voilà quoi. Les dettes ne sont pas du tout réglées, et je pense qu’elles ne seront pas réglées.
 
Comment voyez-vous la suite ? Un retour en Bolivie quand ça se calmera ? 
Non, je ne retournerai pas en Bolivie. J’ai décidé de quitter le club. Là j’ai repris les entrainements vidéo avec mon ancien club, Furiani. Au Deportivo San José, j’avais deux mois pour attendre que la situation s’améliore. Si je n’étais pas payé, je pouvais partir librement. C’est ce que j’ai fait. Personnellement, j’aimerais retourner à Bastia. Retrouver un équilibre et de la stabilité, mais c’est compliqué là-bas (NDLR : Suite à un dépôt de bilan, le SC Bastia est aujourd’hui en National 2). Donc moi je veux rentrer et m’occuper de ma famille, et le foot on verra quand ça reprendra.»

Emile Gillet