ferri (jordan) (NEGREL CHRISTOPHE/L'Equipe)

Jordan Ferri (Montpellier) : «Faire le lien entre la défense et l'attaque»

Arrivé à Montpellier dès l'ouverture du marché des transferts, l'ancien Lyonnais sort d'un prêt de six mois très concluant à Nîmes. Et quelques jours avant de lancer sa saison contre Rennes (samedi 20h), le milieu de terrain s'est confié à FF.

«Comment s’est passé votre premier été à Montpellier ?
Chaudement… (rires) ! Il a fait vraiment très chaud. On a bien travaillé les quinze premiers jours à Montpellier, ensuite on est allé une semaine à Washington où les conditions étaient peut-être encore plus compliquées parce que la chaleur était encore plus oppressante… Mais ça nous a permis de faire un stage, c’est bien pour la vie du groupe et moi j’ai pu faire plus ample connaissance avec mes nouveaux coéquipiers. Et on a vu lors des matches amicaux une montée en puissance, donc c’était une bonne préparation. On a hâte de commencer le Championnat !
 
Vous êtes arrivés en même temps que Téji Savanier (NDLR : ils ont évolué ensemble à Nîmes). Cela a-t-il eu une importance ?
Je lisais un peu partout les rumeurs concernant Téji et quand Montpellier m’a contacté, je lui en ai parlé et puis ça s’est fait à une semaine d’intervalle. Quand on s’est eu au téléphone, et qu’on a vu que c’était possible d’y aller tous les deux, on s’est dit que ça pouvait être sympa de se retrouver sur le terrain et en dehors, parce qu’on s’entend très bien, je suis avec lui en chambre. Et l’avoir ici à Montpellier, c’est un vrai plus pour l’équipe.
 
Et comment qualifieriez-vous votre relation sur le terrain ?
On a évolué dans un milieu à deux à Nîmes et on a vu qu’on a fait une bonne deuxième partie de saison tous les deux. Mais on a la faculté de pouvoir jouer dans un milieu à deux ou à trois avec Téji. Après, on aime jouer le même football et à force de s’entraîner ensemble, de bien communiquer sur le terrain, on arrive à se trouver facilement. C’est vrai que c’est un plaisir de jouer avec lui.

Ici autour de Yann M'Vila, Jordan Ferri et Téji Savanier ont noué une jolie complémentarité à Nîmes. Tâche à eux de la reproduire à Montpellier. (B.Papon/L'Equipe)

Un milieu à trois avec Téji Savanier et Florent Mollet, ce n’est pas trop porté vers l’avant ?
Non, ça peut se faire, après c’est au coach de prendre les décisions parce qu’il y a d’autres joueurs de qualité comme Damien le Tallec qui a été très bon l’année dernière et en préparation. On a aussi pu voir en Espagne le jeune Joris Chotard (17 ans) qui est un joueur en devenir.
 
Avez-vous une préférence entre un milieu à deux ou à trois ?
Non, pas du tout ! À Lyon ou à Nîmes, j’ai eu un peu l’opportunité de jouer dans tous les systèmes. Tant que je suis sur le terrain et que je peux aider l’équipe, ça me va. Après, c’est vrai que c’est nouveau pour moi de jouer avec une défense à cinq, donc j’ai eu l’occasion pendant les matches amicaux de prendre la température de ce nouveau système, mais en ce qui concerne le milieu de terrain, je n’ai pas de préférence.

«Je veux continuer sur ma lancée de Nîmes»

Avec quels objectifs débarquez-vous ?
Individuellement, je veux continuer sur ma lancée de Nîmes, être performant sur le terrain, aider l’équipe et être décisif quand j’en ai l’opportunité. Après, collectivement, il faudra faire aussi bien que l’année dernière (6e, ndlr). Le coach nous a dit les dix premiers, donc c’est l’objectif du club. Il faudrait aussi essayer de faire un parcours dans l’une des deux coupes, ça serait bien pour Montpellier. Il faut rester humble, il y a quand même de très belles équipes dans le Championnat, il faut commencer avec beaucoup d’humilité, prendre les matches les uns après les autres, et après au cours de la saison, si les objectifs doivent être plus élevés, je pense qu’on ne s’en privera pas.
 
Que vous a dit Michel Der Zakarian pour vous faire venir ?
Je l’ai eu au téléphone quand je suis entré en discussion avec Montpellier, donc il m’a expliqué ce qu’il attendait de moi. C’est-à-dire faire le lien entre la défense et l’attaque et avoir beaucoup d’activité au milieu de terrain. C’est vrai que c’est un rôle que j’aime beaucoup, avoir un gros volume de jeu, être efficace défensivement et accompagner les attaques. C’est un discours qui m’a plu. Au quotidien, on se parle régulièrement après les séances, c’est une relation que j’apprécie beaucoup et j’espère qu’on continuera à l’avoir pendant la saison.


Les six mois à Nîmes vous ont-ils permis de retrouver votre niveau des années OL ?
En tous cas, ça m’a permis de retrouver du temps de jeu et d’intéresser des clubs comme Montpellier ou d’autres. Et j’ai aussi pu retrouver de la confiance en tant que joueur et en tant qu’homme parce que lorsqu’on joue moins, on se pose beaucoup de questions. Je me suis remis d’aplomb, même si avec Lyon j’ai eu l’opportunité de faire des bonnes performances quand je jouais. Là, c’était beaucoup plus régulier comme je jouais tous les matches, j’ai pu retrouver le rythme d’un Championnat et c’est ce que je recherchais en partant de Lyon. C’est une page qui devait se tourner. Pour ma carrière, le mieux pour moi était de venir à Montpellier. Je n’ai pas hésité une seule seconde. C’est vraiment le club qu’il me fallait. Ma famille habite près d’ici, et la vie est très agréable. Tout était réuni pour que je m’épanouisse ici. Je ferai tout pour ne pas regretter ce choix.

«L'OL, mon club de coeur à jamais»

Que retenez-vous de vos années lyonnaises ? Vous serez à jamais un Gone ?
(Il rigole). Oui, bien sûr. J’ai fait douze ans là-bas, le centre de formation… (il s’arrête). Ce club m’a permis d’être professionnel, de jouer la Ligue des champions, de faire des rencontres formidables. Ça restera mon club de cœur, ça on ne pourra jamais me l’enlever. On a fait de très belles choses avec la génération du centre de formation… J’ai plein de bons souvenirs dans la tête.
Quel est le meilleur de ces souvenirs ?
J’en ai tellement… Je dirais peut-être le premier match au Parc OL contre Troyes où j’ai eu la chance de marquer. Il y a aussi eu les matches de Ligue des champions contre la Gantoise et Zagreb où j’ai aussi marqué… Et puis aussi les victoires dans les derbys à Gerland, notamment le dernier où on gagne 3-0 et que Lacazette marque un doublé. Donc beaucoup d’excellents souvenirs, et ça restera mon club de cœur à jamais.

Qu’attendez-vous de ce passage à Montpellier ? C’est un pallier pour la suite de votre carrière ?
Peut-être que ce ne sera pas qu’un passage (rires) ! Ça peut évoluer. Je ne suis pas du genre à être «en passage» dans un club, à part en prêt où je n’avais pas le choix. Là, j’ai signé un contrat de quatre ans, ça prouve la confiance du club et mon engagement envers Montpellier. J’aime me reconnaitre dans l’ADN du club et dans les valeurs. Ce nouveau projet doit me permettre de franchir un pallier surtout dans les statistiques, être un peu plus décisif, que ce soit dans les buts ou dans les passes décisives, parce que de nos jours, c’est ce qui importe le plus. À la fin de la saison, quand on fait le bilan d’un joueur, on regarde le nombre de matches joués, les buts et les passes décisives. En tant que milieu de terrain, il faut aussi apporter un peu à ce niveau-là. C’est mon principal objectif et c’est ce que j’aimerais améliorer ici à Montpellier.
 
Vous avez tendance à être caractérisé comme un joueur un peu sanguin… À 27 ans, avec quels moyens parvenez-vous à canaliser cette fougue qui vous fait parfois défaut ?
Il faut que je le travaille encore un peu je pense (rires) ! Ça fait partie de moi, de ma personnalité sur le terrain. Quand on me connaît dans la vie, je suis une toute autre personne. Dans le foot, je mets tellement de cœur, d’engagement et d’envie, que parfois je craque un peu. Je travaille dessus, mais je ne veux pas le perdre, ça me permet de ne rien lâcher sur le terrain…»

Nicolas Jambou