(L'Equipe)

Jérémy Toulalan, en 2013 : «Moi, je peux me regarder dans une glace»

Pour ce nouvel épisode de ces grands entretiens qui ont fait l'histoire de France Football, retour en 2013 avec Jérémy Toulalan et son rapport avec l'équipe de France.

Nous sommes en août 2013. Fraîchement transféré à Monaco, Jérémy Toulalan reçoit FF pour parler de son nouveau club, mais aussi de Nantes, son club formateur, et de l'équipe de France. A l’ombre du mur de rochers qui surplombent le centre d’entraînement de La Turbie, on s’est posés sur un banc. Il fait 30 °C, facile. Il fait chaud. Le bruit du tracteur qui transporte du matériel a parfois supplanté le chant des cigales, déchaînées, sans jamais brouiller la conversation avec Jérémy Toulalan qui a débuté mollo sur les nouvelles technologies, au regard de sa répugnance à répondre au portable. «Moi, les SMS, les MMS, Tweeter, Facebook, ça ne m’attire pas.» Le téléphone non plus. «Je décroche peu, beaucoup de gens me le reprochent. Est-ce que je suis sauvage ? Je ne sais pas. Mais si c’est pour dire qu’il fait beau…» On l’a compris, il n’est pas facile à apprivoiser, satisfait d’être ainsi entouré de parois invisibles qui le protègent. Il les a abaissées pour France Football, pour une fois.

«Jérémy, avez-vous hésité à accepter le principe de cette interview ? Vous êtes très, très rare dans les journaux...
À partir du moment où le “Doc” me l’a demandé, non. Si le “Doc” (NDLR : Fabrice Bryand, ancien médecin du FC Nantes et de l’équipe de France) ne me le demande pas, je ne le fais pas. J’ai une confiance aveugle en lui. Quand j’étais jeune, à Nantes, on m’a incité à parler aux médias, je m’y suis efforcé mais comme je suis quelqu’un de têtu, voire borné, j’ai toujours pensé que, au fond de moi, j’avais raison. Que ça ne m’apporterait rien. Je l’ai fait parce que, paraît-il, cela fait partie du métier. Réellement, j’aurais pu m’en passer et, d’ailleurs, je m’en passe. C’est un bon outil pour quelques joueurs qui s’en servent mais moi, non.

Vous n’aimez pas l’exercice ?
Je ne suis pas fan d’être connu, reconnu. C’est même tout l’inverse.

Vous avez choisi le poste pour cela...
Je suis un milieu défensif qui s’accomplit plus dans l’effort que dans le talent pur. Or, les gens qui sont dans l’effort n’intéressent pas les journaux. Et puis, il y en a tellement qui sont plus talentueux que moi ! Ce qui me sauve, c’est que dans la durée, le travail, je suis resté le même. Je suis un bosseur, un laborieux.

Ça vous plaît de vous rabaisser ainsi ?
Non, c’est la réalité. Je le pense. Je connais le foot. Je vois qui a du talent et qui n’en a pas. De surcroît, j’ai besoin d’être dans la difficulté pour m’accomplir. C’est vrai, je suis quelqu’un de foncièrement pessimiste, donc rarement satisfait mais aussi rarement déçu par la réalité…

L’équipe de France, on peut en parler ?
Aujourd’hui, je n’y tiens pas trop. J’y reviendrai certainement un jour mais, là, c’est trop tôt. Je ne suis revenu en France que depuis un mois, ce n’est pas le bon timing. Je ne vais pas me mettre une balle dans le pied d’entrée !

Les gens pensent que vous revenez en France pour les Bleus...
Ils ont tort ! À Malaga, je recevais à chaque fois une présélection, car je disputais quand même la Ligue des champions et le haut de tableau de la Liga. Et comme il y a beaucoup de sélectionnés qui évoluent à l’étranger, je suppose que le staff tricolore regardait les matches de Malaga. Donc, non…

Non quoi ?
Non, je ne reviens pas en L1 pour les Bleus.

En fait, à chaque fois que vous n’étiez pas pris, le sélectionneur en place trouvait de bonnes excuses pour vous ignorer... Il faut être franc !
Bien sûr. Maintenant, il y a aussi de très bons milieux sélectionnés. De toute façon, je dois surveiller le peu de communication que je fais car je n’aime pas les conflits, même si j’ai été servi… Si on dit des vérités, on fait le buzz, et comme je peux difficilement parler sans aller au fond des choses ou être politiquement correct… Mais j’assume tout, je ne regrette pas ce que je dis, même si c’est souvent mal interprété ou si je m’exprime mal. Quand j’ai constaté tout haut que France 98 critiquait les Bleus de Domenech dont je faisais partie, j’ai eu tort. France 98, c’était trop général, j’aurais dû citer des noms de consultants. Enfin bon, ils se sont reconnus…

«Dans la durée, le travail, je suis resté le même. Je suis un bosseur, un laborieux.»

«Sur Knysna, personne ne sait vraiment. Tout n'a pas été dit.»

Vous n’avez pas envie de vous libérer, de vous soulager d’un poids ?
Je n’ai pas envie de revenir pour foutre la zizanie en vous révélant des infos que personne ne sait. Car, sur Knysna, personne ne sait vraiment. Tout n’a pas été dit. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il y a un mec qui a assumé, et c’est moi. J’ai dit ce que j’avais fait mais les autres, on ne les a pas entendus. Personne…

Vous avez été le couillon de l’affaire ?
C’est ça ! C’est pour ça que je n’aimerai jamais la presse qui parle, qui parle, sans trop savoir. Quand on cherche vraiment, quand on veut gratter, on sait toujours. Si on se contente d’effleurer la surface des choses… J’ai le sentiment que, parce qu’on est bien payé, on a le droit d’être critiqué n’importe comment et par n’importe qui. Or, je lai dit, je suis buté mais, en plus, je suis rancunier. Certains le savent. J’ai donné, ça m’a desservi, j’ai compris. Je ne regrette rien, j’ai dit ce que je pensais. Moi, je peux me regarder dans une glace.

Peut-être n’aviez vous pas assez de crédibilité ?
Oui, sans doute. Seulement, désormais, après tout ce que j’ai traversé, on n’a plus intérêt à m’emmerder ! Il y a trois ans, on m’a dit que j’étais encore jeune, j’ai dit O.K. Depuis, j’ai vu, j’ai compris, et là…

En gros, les conseilleurs...
Ils gardent leurs conseils pour eux.

Y a-t-il une journée qui passe sans que vous ne songiez à la lettre annonçant la grève de l’entraînement à Knysna, pensée par les joueurs mais écrite, notamment, par un de vos conseillers ?
C’est difficile. On m’a dit que le temps… C’est vrai que d’être à Malaga m’a fait du bien. Pour en revenir à la lettre, c’est bâtard puisqu’il n’y a pas eu que mon conseiller à l’écrire. Mais je n’ai pas balancé avant, ce n’est pas pour le faire maintenant. Pourtant, à la réunion de discipline, au retour d’Afrique du Sud, on m’a encouragé à dire… Eh bien, non, ce n’est pas moi qui balancerai ! Je ne fonctionne pas comme ça. Après… Si je vous réponds, je vends la mèche. Si je donne un nom, ça fera mal à cette personne. Et je pense qu’en plus, ça ferait pas mal de bruit.

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À ce point ?
Ah çà, oui… !

Vous en dites trop ou pas assez...
Je sais mais j’ai prévenu. Je n’ai pas envie d’en parler car ce n’est pas opportun. Il y a des matches de l’équipe de France qui approchent, ils sont importants pour elle et pour le sélectionneur. Il ne faut pas détourner l’actualité qui est de se qualifier pour le Brésil.

Le fait de revenir au pays appelait ce genre de question, forcément...
Ç’a d’ailleurs été la première des médias à ma première conférence de presse de l’AS Monaco. C’était évident. Mais je vis avec ça, je vivrai avec ça. Je n’ai pas le choix.

Dans l’esprit du public, vous êtes l’un des meneurs de Knysna... Ce n’était pas votre destin, pourtant.
Je ne voudrais pas cracher dans la soupe mais, à la base, je n’aime pas le milieu, donc je l’aime encore moins dorénavant. Je sais trop comment il est. Mais si je ne l’aime pas à ce point, je n’ai qu’à m’en aller ! J’ai quand même un peu d’avantages à rester, hein… J’y trouve mon compte. Oui, j’ai failli tout arrêter lors de ma dernière saison 2010-11 à Lyon car c’était trop difficile. Mais le terrain m’aurait trop manqué, je m’en rends compte chaque jour. Quand j’arrêterai, c’est la seule chose qui me manquera, d’ailleurs. Les à-côtés, jamais.

Cette fameuse lettre... 
(Il coupe, souriant.) On n’avait pas dit qu’on ne parlerait pas de l’équipe de France ?

On ne parle pas des Bleus, mais de vous... N’en avez-vous pas voulu à votre conseiller, qui ne vous a pas conseillé de ne pas écrire la lettre et qui, à l’inverse, l’a mise en forme à votre demande ?
Mais ce n’est pas ça, la véritable histoire ! Je pourrais vous expliquer ce qui s’est passé, réellement, mais ce n’est pas à moi de le faire. J’ai assumé ma part. Les autres ? J’aurais pu en tuer, je ne l’ai pas fait. Je me répète, quand on est honnête et franc dans le milieu du foot, on se fait avoir. Et c’est de plus en plus le cas. Il est temps d’arrêter… (Rires.) Quand j’ai débuté au centre de formation, à Nantes, on m’a inculqué des valeurs collectives, on m’a incité à travailler pour le partenaire, très bien. À l’arrivée, qu’est-ce qui se passe ? On est très loin de la réalité ! Parfois, je me demande si ça ne serait pas mieux d’être complètement con… Comme ça, on se ferait utiliser sans le savoir.

Des mecs en 2010 qui ont la réputation de ne pas être trop cons... 
(Il coupe.) On s’est fait baiser. Comme quoi, on n’est pas si intelligents que ça ! C’est fait, c’est fait. Ça restera un gros poids pour moi. Le seul truc positif là-dedans, sans dire que ç’a été un mal pour un bien, c’est que cette affaire m’a permis de découvrir d’autres horizons ; des choses que je n’aurais pas vécues.

Vous êtes parti à Malaga à cause de ça ?
Pas tout à fait. Lyon avait besoin que je m’en aille, financièrement. J’étais le seul, en 2011, qui pouvait partir de l’OL et comme Malaga avait alors énormément de moyens, mon club en a tiré bénéfice. On m’a vendu 10 ou 12 M€, c’est incroyable (10 M€, plus un bonus de 3) ! C’était une affaire à saisir, je l’ai compris, admis. Je n’ai pas fui !

Comment avez-vous vécu votre séjour à Malaga ? Vous avez passé deux belles saisons, n’est-ce pas ?
J’ai eu l’impression d’être davantage apprécié qu’en France. Un curieux sentiment. J’ai été marqué par l’accueil de Malaga.

Jérémy Toulalan avec Raymond Domenech à Tignes, en 2010. (PAPON/L'Equipe)

«Oui, j'ai failli tout arrêter lors de ma dernière saison 2010-11 à Lyon car c'était trop difficile.»

Dans vos rares interventions médiatiques, vous évoquez souvent Claude Puel.
Une personnalité honnête et franche, qui ne donne certes pas à manger aux journalistes, mais quel entraîneur, quel manager ! S’il était à la tête des Bleus, il y a plein de monde qui n’y aurait pas remis les pieds, je vous le dis. C’est le coach qui se rapproche le plus de moi, de mon fonctionnement dans ma façon de penser, de faire. Il faut le connaître. La première année, à Lyon, j’ai eu du mal avec lui, on s’est pris un peu la tête mais c’est quelqu’un de tellement droit ! Il ne fait rien dans le dos ! Un mec normal en fin de compte. Quelqu’un de simple, aussi. Il est lui-même et moi aussi, je veux rester moi-même. C’est ce que je conseille à tout le monde mais c’est le plus dur à faire, car l’homme a toujours besoin d’en montrer plus. Puel a des convictions et n’y déroge pas.

C’est dur d’avoir des convictions dans ce monde-là.
C’est dur surtout de s’y tenir. Il faut de la personnalité pour rester soi-même. Pelligrini, aussi, en a !

Vous appréhendez ce retour en France ?
Pas trop.

Monaco, c’est un peu Malaga, non ?
L’ASM, ce n’est ni Paris ni Marseille. On va jouer le haut de tableau tout en ayant un certain cadre de vie. Finalement, je vais vers des destinations faites pour les vacances, sans le faire exprès. À Malaga, ce sont les deux saisons dans le foot - je vais avoir trente ans - où j’ai vécu une vie presque normale en dehors. J’ai adoré. En fait, je suis comme mon père, j’aimerais être sur une île déserte.

Vous n’aimez pas les gens ?
Avec l’âge, un peu plus mais guère. J’aime plus être seul qu’entouré. C’est difficile car ma femme aime être avec du monde… Moi aussi, je peux être bien avec du monde mais ce n’est pas naturel. Le seul qui ne l’est pas, c’est mon père qui part avec son chien et on ne le voit plus pendant des heures. Je ferais ça, aussi.
 
Vous arrivez facilement à dresser des barrières autour de vous ?
Sans problème ! Personne ne me regrettera mais je ne regretterai pas grand monde, non plus. Pourtant, partout où je suis passé, on m’a apprécié et j’ai apprécié les gens. Je les revois avec joie, sans qu’on se parle à tout bout de champ pour autant. À la limite, ce caractère m’embête plus vis-à-vis des gens du club avec qui je noue des contacts qu’avec des joueurs, des coéquipiers. Le seul que j’appelle régulièrement, c’est le “Doc”, que je vouvoie car il m’a connu très jeune.

«Je suis assez paradoxal, en vérité»

Deux ans plus tard, vous êtes apaisé ?
Plus tranquille, oui. Et puis j’ai pris et retrouvé du plaisir là-bas car le coach, Manuel Pellegrini (nouvel entraîneur de Manchester City), me voulait. Il a une philosophie de jeu extra. De plus, le foot pro en Espagne est, dans l’ensemble, plus ludique qu’en France. Il y a moins de pression, moins de prise de tête pour tout et n’importe quoi. On vit mieux.

De surcroît, la presse française ne vous a pas marqué à la culotte.
Comme je refusais quasiment tout… D’ailleurs, pour être clair et que ça se sache, je continue à tout refuser. Je sais que ça peut fâcher, d’ailleurs, en Espagne, les médias commençaient à l’être !

C’est curieux que vous soyez parti en Espagne : à la base, vous étiez plus attiré par le football physique de l’Angleterre ou de l’Allemagne.
Exact.

Pourtant, avec vos qualités, vous aviez plus de chances de faire votre trou en Liga qu’en Bundesliga ou en Premier League, où la concurrence aurait été plus rude.
C’est vrai que, là-bas, ils n’avaient jamais vu un milieu faire autant de pressing que moi sur le porteur adverse. Dans un paysage plus technique, j’avais davantage mon utilité. J’y ai vraiment trouvé mon expression la plus complète. J’ai moi-même été surpris, autant que certains observateurs qui ne connaissaient pas Malaga et qui s’interrogeaient de savoir pourquoi j’allais m’enterrer là-bas. J’allais vers l’inconnu, mais ça ne me déplaisait pas. On s’imagine que je n’aime pas défricher des terres inconnues, on se trompe. Je suis assez paradoxal, en vérité.

Toulalan sous le maillot de Malaga. (ROMAIN/PRESSE SPORTS)

«En fait, je suis comme mon père, j'aimerais être sur une île déserte.»

«Je crois qu'aujourd'hui je peux dire que je m'en suis sorti !»

L’Espagne vous a fait grandir ?
Je suis plus serein avec le ballon. En Liga, il y a moins de pression sur le porteur, donc on a plus le temps de s’organiser. Du coup, j’ai progressé. J’ai surtout côtoyé de sacrés footballeurs. Mon ancien coéquipier Santi Cazorla, parti à Arsenal, est un phénomène, au vrai sens du mot. C’est difficile de faire plus fort, je suis surpris qu’il ne soit pas au Real Madrid ! Je jouais à ses côtés la première saison : pied droit, pied gauche, il est juste énorme. On n’imagine pas. Sur un corner, quand il tire du droit ou du gauche, on ne voit pas la différence. Un peu le même genre de mec que le Portugais Moutinho à Monaco : ils aiment le ballon.

Aux yeux du public de Malaga, vous étiez aussi aimé qu’un Isco ou qu’un Cazorla. C’est quand même curieux...
En Espagne, plus qu’en France, le public a l’habitude de voir des joueurs de ce talent. Donc, il aime aussi ce qui est différent. Moi, là-bas, ç’a été énorme. Je souhaite à tout joueur de vivre ça au moins une fois.

Vous avez signé à Monaco alors que vous aviez l’Atletico Madrid...
La famille souhaitait rentrer en France. Et Malaga était réticent à me transférer en Espagne, notamment à l’Atletico où il y avait pourtant la Ligue des champions.

Et Rennes, c’était sérieux ?
Leur philosophie m’intéressait. Leur contrat de quatre ans aussi car, à l’ASM, j’ai signé deux ans. D’ailleurs, il est fort possible que j’arrête après ces deux saisons. Enfin, c’est ce que je pense aujourd’hui. C’était mieux pour Malaga que je signe à Monaco qu’à Rennes ; vis-à-vis des supporters, c’était plus valorisant de signer là-bas. Maintenant, je pense qu’avec les moyens monégasques, on peut réussir le même truc qu’à Malaga, grandir aussi vite.

Vous êtes mieux payé qu’à Malaga ?
Non, moins bien.

En fait, vous aviez encore envie de jouer au très haut niveau !
La C1, c’est un parfum. Surtout pour moi qui n’ai plus l’équipe de France. Et comme je n’ai vécu qu’une Coupe du monde, vous savez laquelle… Donc, j’ai choisi l’ASM, même si rien n’est gagné car j’ai peu de temps pour accrocher l’Europe. La qualité, on l’a ; la clé, ce sera collectivement. Si on a envie d’être ensemble, de jouer ensemble, on sera là.

Vous avez joué un quart de finale de C1 avec Malaga.
Oui, et sans que ça fasse plus de bruit que ça ! Comme avec Lyon quand, avec Puel, on a été jusqu’en demi-finales, éliminés par le Bayern Munich (en 2010). Malgré cela, qu’est-ce qu’on a été critiqués ! Mais, émotionnellement, à Malaga, c’était plus fort, plus exceptionnel, car c’était la première fois.

Quand vous partez à Malaga, vous dites que vous avez besoin “de (vous) mettre en danger”. C’est pareil en arrivant à Monaco ?
On l’est toujours, mais pas de la même façon. Ici, si c’est difficile, je serai en danger mais ça ne me dérange pas, je suis détaché de ça. Il n’y a plus grand-chose qui me touche. Avant, je cachais beaucoup mais, désormais, j’ai vraiment pris du recul. À la limite, aujourd’hui, il y a des gens qui ne savent même plus où je joue, si vous saviez comme ça me fait plaisir… Je crois qu’aujourd’hui je peux dire que je m’en suis sorti !»

Patrick Dessault