menez (jeremy) (A.Mounic/L'Equipe)

Jérémy Ménez : «Quand Carlo Ancelotti vient à tes barbecues...»

Passé par Rome, Milan où Paris, Jérémy Ménez a vu Carlo Ancelotti donner de la voix pendant un barbecue, a enchaîné les parties de pokers avec Francesco Totti ou accueilli Alex Ferguson dans le salon de ses parents. Une confession à retrouver dans le numéro de France Football actuellement disponible. Voici quelques extraits, dont certains inédits.

Le jour où un joueur vous a subjugué ?

«Il y en a plusieurs. Mais je vais dire Francesco Totti. J'arrive à la Roma, j'ai 21 ans (en 2008), je vois Francesco Totti, le joueur que je regardais à "L'Équipe du Dimanche" toutes les semaines, qui mettait des frappes de 40 mètres, le roi de la Ville éternelle. J'arrive là-bas et je découvre quelqu'un de très classe humainement, de très simple. Il m'aimait beaucoup et m'a pris sous son aile, ses parents aussi. On nourrissait une vraie relation. Il me faisait trop rire. Il m'a tout de suite mis à l'aise, c'était quelqu'un de très ouvert. On jouait tout le temps au poker avec l'équipe, on passait des bons moments. Et au foot, il voyait que je touchais un peu, il aimait bien jouer avec moi. Sur le terrain, il était très impressionnant. Il te mettait des remises en une touche, des frappes, il n'y avait que lui qui possédait ce jeu, ce style. Je n'oublie pas, non plus, Zlatan, Thiago Silva ou Verratti.»

Le jour où vous êtes allé trop loin...

«Je vais souvent trop loin, c'est ça le problème. (Sourire.) J'ai ce côté un peu impulsif, que j'avais même beaucoup plus avant. J'ai pris des cartons rouges bêtement à cause de ça. Vraiment des trucs à la con. Je m'emporte, je parle avec les arbitres, avec un joueur, et deux minutes après, je le regrette, je me dis que j'ai été con. Mais ça fait partie de moi. Je suis comme ça. C'est aussi en repensant à tout ça que j'ai progressé. Je prends beaucoup plus de recul aujourd'hui.»

Le jour où un coach vous a marqué ?

«J'aime beaucoup Carlo Ancelotti. J'adore son côté humain. Dans le foot, c'est limite plus important que la tactique. Quand tu sais gérer un groupe, que tu l'as avec toi, t'as tout gagné. Lui, il a ça. Quand Ancelotti vient à tes barbecues, discute avec tout le monde et commence à chanter devant tout le groupe, c'est vraiment beau. Il existe une frontière avec lui, il reste le coach, mais il sait la faire glisser. Et toi, t'as pas envie de la dépasser. J'ai adoré travailler avec lui.»

«Quand tu sais gérer un groupe, que tu l'as avec toi, t'as tout gagné»

Le jour où le foot vous a saoulé ?

«Pendant deux ans, à partir de Bordeaux (2016). Je n'étais plus trop dedans, j'avais un peu lâché. J'étais là, sans être là. J'avais des problèmes dans ma vie privée. Je n'avais plus le goût au travail, j'avais perdu cette passion. J'en avais aussi marre du monde du foot. J'en avais marre des gens faux, des mecs qui font semblant d'être amis, de s'aimer. Moi, ça, je ne pouvais plus. Ç'a été une accumulation de plein de petites choses. Mais le temps arrange les choses. Au bout d'un moment, tu te dis : "Éclate-toi, les autres, t'en n'as rien à cirer." Avant de penser comme ça, mes performances étaient nulles, et je perdais mon temps. À un moment donné, tu te poses des questions et tu finis par te dire : "Profite de ta passion, joue, parce que quand tout sera terminé, il sera trop tard."»

Le jour où la presse a été trop sévère avec vous ?

«Très souvent. Mais j'ai peut-être aussi aidé la presse à être méchante avec moi. J'aurais pu être un peu plus ouvert, moins con. Parfois, j'ai aussi été con, avec mon caractère de con. J'ai été bête, mais j'ai horreur de l'injustice. À quelques reprises, je me suis fermé avec des gens qui ont parlé, alors qu'ils ne m'ont peut-être pas fait de mal. La presse fait juste son travail. C'est comme ça. Au bout du compte, ça ne sert à rien. Chacun fait son travail. Si j'avais vraiment eu envie d'être bien avec la presse, j'aurais pu. Mais je ne peux pas être faux. Ce n'est pas mon truc. J'ai lu plein de choses fausses sur moi. On juge sans vraiment connaître. Mais je sais qui je suis. C'est le principal.»

Le jour où vous arrêterez le football ?

«Je n'ai pas peur de ce jour-là, au contraire. Je kiffe ma vie, je reprends goût au foot. Mais je n'aime pas les à-côtés du foot. J'aimerais être footballeur, mais que personne ne me reconnaisse. Que je fasse ce que je veux. Le côté positif, c'est qu'on m'arrête moins. Les générations grandissent, je ne suis plus le Jérémy Ménez du PSG. Ce n'est pas que je n'aime pas, mais je me sens mieux dans l'anonymat. Ce sera le point positif de tout ça. Je n'y pense pas du tout, pour l'instant. J'ai 32 ans, 33 au mois de mai (le 7 mai). Je me sens en forme. Donc, no limit. On verra. Ceux qui flippent sont ceux qui ont besoin de lumière. Ce n'est pas mon cas.»

Olivier Bossard

«Parfois, j'ai aussi été con, avec mon caractère de con»

Le jour où le foot vous a permis de réaliser votre rêve ?

«Presque tous les jours. C'est le foot qui m'a permis d'acheter une maison à ma mère. Pareil pour mon père. Pareil pour moi. Je pars de rien, ma mère a toujours tout fait pour que je sois heureux, mais c'était serré. Aujourd'hui, Dieu merci, je ne suis pas le plus riche, mais je suis bien et heureux. J'ai mis à l'abri les miens. Grâce au foot.»

«Je me sens mieux dans l'anonymat»

Retrouvez dans le nouveau numéro de France Football l'intégralité de l'entretien avec Jérémy Ménez : «J'aurais pu être moins con», en kiosques ou en version numérique en cliquant ici.