(S.Mantey/L'Equipe)

Jean-Mimi Aulas, UEFA mafia, Balotelli et sosie de Gustavo, l'avant-match avec les supporters de l'OM

Aux abords du Parc OL, les supporters de l'OM, opposé à l'Atlético de Madrid en finale de la Ligue Europa, ont préparé la rencontre de leur club.

11h56. Arrivée à la gare de Lyon Part-Dieu. Le chef de bord du train 6609 en provenance de Paris se fait entendre : «Je souhaite la bienvenue et une bonne journée à Lyon aux supporters marseillais. Et je vous dis : Allez l’OM !» Aucune trace manifeste et visible de fans phocéens. Ceux qui sont présents ne s’affichent pas. Un sticker noir encadré de bleu portant l’inscription «FCK Aulas !» traîne sur une table. Son jeune propriétaire capte notre regard et s’empresse de mettre la main dessus pour le dissimuler. Tout le monde descend. Dans le hall, même discrétion. Et ce sont davantage les deux survêts de l’Olympique… Lyonnais qui attirent l’attention.

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On est encore dans la capitale des Gaules et seule une présence policière plus importante qu’à l’accoutumée rappelle qu’une finale de Ligue Europa entre l’OM et l’Atlético de Madrid va se jouer dans quelques heures. «Je n’ai pas vu tellement de supporters, confirme le chauffeur du taxi que nous empruntons. Par contre, des flics, ça oui.» Au-dessus de l’OL Store, à côté du Groupama Stadium, ça s’active. Alors que des stadiers et journalistes patientent pour récupérer leur accréditation, une mélodie sifflée avec entrain monte du sous-sol. L’air est celui du dernier chant préféré des supporters marseillais : «Jean-Michel Aulas, on va tout casser chez toi». Un photographe porte fièrement un maillot olympien. On lui conseille de se faire discret jusqu’à ce soir et de l’enlever. Il décide finalement d’enfiler une veste mais ne la ferme pas.

Il est 14h16 et au Parc OL, sur la pelouse, l’UEFA teste la Goal-Line technology. Visiblement, tout est OK. A l’extérieur, les personnes en charge de la sécurité sont en place. Et attendent dans la sérénité. «Tout va bien les gars ?», demande leur responsable. «Nickel». «Profitez, c’est le calme avant la tempête.» Une première voiture immatriculée 13 débarque à Décines, où un chauffeur de taxi lyonnais a choisi son camp. «Qu’est-ce qu’ils ont été mauvais l’OL cette saison. Pour la Ligue des champions, ç’aurait dû être plié depuis longtemps. J’espère que l’OM va gagner. Il va avoir les boules Aulas si l’OM le fait.» Le nom du président du club rhodanien est sur toutes les lèvres. Surtout celles des supporters marseillais qui commencent à débarquer en bus aux abords de l’enceinte un peu avant 15 heures. Le Commando Ultra, premier groupe parti de la cité phocéenne, ouvre la marche. Les autres, escortés depuis le péage de Vienne, où un CRS s’affichait avec une écharpe du club, suivent au compte-gouttes au cours de l’après-midi.

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Les Winners, qui représentent le contingent le plus important, ont organisé une sardinade sur le Vieux-Port avant de prendre la route et seront parmi les derniers à arriver. La rumeur de la présence de Yohan Cabaye, milieu de Crystal Palace et ancien joueur de Rudi Garcia à Lille, dans le bus des administratifs de l’OM, fait causer. Tout comme celle évoquant la possibilité d’une arrivée de Mario Balotelli. «Tout le monde se sègue dessus mais avec lui ça peut vite partir en vrille, réagit un leader d’un groupe ultra après nous avoir invités à s’installer dans le car pour discuter. Là, c’était bien parce qu’il était à Nice, un petit club.» Entre les apéros et les barbecues improvisés sur le parking, ça fustige «l’UEFA mafia» pour sa répartition des places, ça craque quelques fumis et ça «s’acharne sur [leur] ami Jean-Mimi». Pas d’incidents, ni de débordements. «On est là pour se mettre bien et vibrer, frère, rien à carrer du reste, assène Hamid, maillot anniversaire de 1993 sur le dos. Et si certains partent en couilles, ce n’est pas mon problème

«Si on gagne cette deuxième Coupe d'Europe, tous les clubs français pourront se prosterner à nos pieds !»

Le célèbre refrain adressé à JMA repart. «Tout casser, tout casser, c’est du pipeau ça. On a donné le bâton pour se faire battre avec ça, se plaint un ancien, de toutes les finales européennes de l’OM. Résultat, regarde où on est, il a flippé, et maintenant on est là, parqué. On est devant le stade et on attend.» Sweat à capuche vert, touffe de tifs bouclés sur la tête, un homme métissé ressemblant vaguement à Luiz Gustavo attire une dizaine de supporters, qui grimpent sur le grillage et entonnent : «Luiz Gustavo, la la la la, de Marseille à Janeiro.. » Il est 17 heures et un membre de la Vieille Garde nous rattrape. «Si on remporte cette deuxième Coupe d’Europe, tous les autres clubs français, tous, ils pourront se prosterner à nos pieds. Ce serait bien qu’on gagne ce trophée pour tous les minots. Nous les vieux on les bassine avec 93. Mais il faut qu’ils vivent leurs succès et qu’ils se construisent leur histoire et leurs souvenirs.» Foued, un des jeunes en question, la vingtaine, est au téléphone avec sa copine. «Là c’est bon, je te dis, on peut encore parler mais une fois dans le stade c’est terminé. Et après le match pareil, qu’on ait gagné ou perdu. Parce que je vais pleurer, de joie ou de tristesse…»

Thomas Simon  (avec Timothé Crépin), à Lyon