leca (jean louis) (L.Argueyrolles/L'Equipe)

Jean-Louis Leca (Lens) : «Je suis humain... C'est peut-être un tout qui m'a fait exploser à ce moment-là»

Expulsé lors des play-offs de Ligue 2 contre Troyes après avoir complètement perdu ses nerfs face à l'arbitre de la rencontre, Jean-Louis Leca veut oublier ce malheureux épisode et repartir de l'avant pour une nouvelle saison. L'objectif est clair : retrouver la Ligue 1. Entretien avec celui qui, suspendu, va rater la reprise des Sang et Or face au Mans.

«Comment êtes-vous parvenu à digérer ce match et ce carton rouge à Troyes ?
Les premiers jours ont été difficiles…Après, je suis quelqu’un qui passe vite à autre chose. Je ne vis pas avec le passé. Que la saison ait été positive ou négative, je suis quelqu’un qui avance. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, il faut retenir des leçons pour l’avenir.

Comment expliquez-vous aujourd’hui ces quelques secondes où vous avez pété les plombs ?
Je suis humain… C’est peut-être un tout qui m’a fait exploser à ce moment-là. J’ai présenté mes excuses, c’est quelque chose qui est passé. C’est arrivé à Zidane en finale de la Coupe du monde. C’est arrivé à de très grand joueurs. Mais je ne dis pas que j’en suis un. C’est un petit grain de folie qui nous fait faire n’importe quoi. On apprend à tout âge.
 
Après ce barrage malheureux, avec le groupe, qu’est-ce que vous vous êtes dit avant de partir en vacances ?
Tout est allé très vite. On s’est vu le lendemain de Dijon (NDLR : Barrage d'accession perdu face au DFCO) lors d’une petite réception au club pendant laquelle le coach a dit quelques mots. Et puis on s’est souhaité à tous de bonnes vacances. On n’avait pas trop la tête à échanger au vu du sort de ce barrage. Il y avait eu une saison éprouvante, on n’a pas trop échangé. Le coach nous a dit de bien nous reposer, qu’on pouvait être fiers de notre saison. Maintenant, on est des sportifs de haut niveau et il faut de suite se replonger. C’est un éternel recommencement :  chaque jour, chaque semaine, chaque mois et forcément chaque année.
 
Quelle était l’ambiance à la reprise ?
On était contents de se retrouver, parce qu’on a vécu des moments forts la saison dernière. On s’est vite mis au travail pour rattraper ces deux semaines de préparation qu’on avait en moins par rapport à tout le monde vue la fin tardive de nos barrages. Le coach avait souhaité qu’on ait quatre semaines. Ç'a super bien bossé, on est parti en stage assez rapidement. Le groupe vit bien, se connaît, il n’y a que du positif. En préparation, dans les quarante clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, ça se passe toujours bien, ça rigole, ça bosse. C’est pendant l’année, quand il y a des suspendus, des blessés, des gens mécontents, des mauvais résultats, qu’on voit un vrai groupe et comment il se comporte. Mais, pour le moment, j’ai la sensation et je pense qu’on a pris de très bons mecs. C’est dans la continuité du super groupe de l’année dernière. À nous de l’entretenir ! Avoir une bonne bande de potes qui aiment se dépouiller ensemble, c’est une bonne partie du chemin qui est déjà fait.

«C'est un petit grain de folie qui nous fait faire n'importe quoi»

«On a l'ambition de finir dans les deux premières places, c'est sûr»

Cette année, il faudra viser l’une des deux premières places pour éviter ce parcours du combattant des barrages : jouable selon vous ?
On a l’ambition de finir dans les deux premières places, c’est sûr. Mais chaque saison a sa propre vérité. C’est à nous de bien travailler, de bien être à l’écoute et de ne pas reproduire les mêmes erreurs des saisons passées. Il y a un nouveau groupe, un nouvel effectif, d’autres équipes qui se sont renforcées et qui voudront monter. C’est tellement aléatoire qu’on ne sait pas où on va se situer par rapport aux autres, alors on va se concentrer sur nous et essayer de faire le meilleur Championnat possible.
 
Qu’est ce qu’il vous a manqué la saison dernière ?
On a eu un petit creux à partir des mois de novembre-décembre et ç'a duré quelques mois. Ça nous a fait mal. Après, l’année dernière, il y avait eu énormément de départs et d’arrivées. Il a fallu vite apprendre à se connaître avec le nouvel entraîneur, le nouveau staff. Il y a une certaine continuité à avoir. Brest et Metz avaient déjà un certain équilibre, une certaine base et c’est un gain de temps énorme. C’est peut-être ce qui nous a manqué pendant ce petit coup de moins bien. On a aussi manqué un peu d’expérience, parce que le groupe était très jeune.
 
Comment les dirigeants ont-ils cherché à corriger ces petites erreurs ?
Ils ont analysé tout ça avec le coach, et ils ont retouché un peu l’effectif pour apporter une plus-value et davantage d’expérience, même si les joueurs qui nous ont quitté étaient très bons aussi. Je pense à Florian Sotoca et ses montées avec Grenoble, Manu Pérez, Tony Mauricio, Gaëtan Robail et leur expérience de la Ligue 2, le professionnalisme et la connaissance du haut niveau de Yannick Cahuzac. Je pense que la réflexion des dirigeants a été bonne. Seul l’avenir nous dira si on a fait des bons ou des mauvais choix.

«Il me tarde de retrouver Bollaert avec notre fantastique public»

Parlons de vous. Si ce n'est cette erreur lors des play-offs, votre saison dernière a été plus que satisfaisante.
C’est la première fois que je fais autant de clean-sheets en pro (NDLR : 20 en 36 matches). Je vais essayer de refaire la même, il n’y a pas de raison. Ce n’est pas que le gardien, c’est tout un bloc défensif qui travaille bien. C’est ça qui explique qu’on soit solide défensivement.
 
Même si vous n’avez pas le brassard, vous allez avoir un vrai rôle de cadre.
Je ne me prends pas la tête. Mon rôle est d’être performant sur le terrain, d’apporter de l’expérience et surtout de ne pas reproduire les mêmes erreurs que l’année passée parce que, malheureusement, j’en ai fait une. Mais je suis humain, je vais essayer d’avancer et d’être performant. Il faudra qu’on tire tous dans le même sens pour aller toucher le Graal à la fin de l’année.

On imagine que vous attendez particulièrement le samedi 3 août où vous allez retrouver le terrain, Bollaert et les supporters…
Bien sûr, j’ai pris un carton rouge au mois de mai, j’ai eu la sensation d’être suspendu deux mois et demi. Ça ne m’est jamais arrivé de ne pas finir la saison. Ça ne m’est jamais arrivé de ne pas la commencer à cause d’une suspension. Ça fait partie de ma punition. Évidemment qu’il me tarde de retrouver Bollaert avec notre fantastique public pour vivre de grands moments. Je serai prêt. Quand on est compétiteur, footballeur, on a tous envie d’aller le plus haut possible. Et au RC Lens, c’est la Ligue 1. J’espère qu’on pourra y penser la saison prochaine au même moment.»