mandanda (steve) (F. Porcu/L'Equipe)

«Je pense que les cannes réagissent moins bien aux exigences du très haut niveau» : Jérôme Alonzo analyse le début de saison de Mandanda avec Marseille

Souvent décisif depuis le début de sa carrière, Steve Mandanda ne semble pas digérer le retour de Russie. L'international français enchaîne les contre-performances, et l'OM pourrait songer à lui trouver un remplaçant à moyen terme.

Arrivé en 2007 à l’OM en provenance du Havre, Steve Mandanda s’est vite imposé dans les buts marseillais. International français et longtemps capitaine olympien, «Il Fenomeno» a souvent séduit par son côté décisif. Mais cette saison, tout semble avoir changé pour Steve Mandanda. Après un Mondial russe où il n’aura disputé qu’une rencontre, le gardien de 33 ans ne paraît pas avoir réussi à reprendre le rythme. Enchaînant pépins physiques et contre-performances, le portier phocéen est méconnaissable depuis le début de la saison. Critiqué dans la presse et raillé sur les réseaux sociaux, il semble tout de même lucide sur son niveau actuel. «Ce n'est pas la meilleure première partie de saison que je fais ici, c'est sûr, j'en suis conscient. Je ne suis pas performant comme je devrais l'être», déclarait-il en décembre dernier. A l’heure d’entamer la seconde partie du Championnat, peut-on déjà dire que Steve Mandanda réalise sa plus mauvaise saison ? Les statistiques, elles, le confirment.

Des statistiques alarmantes

Pour cause d’une blessure contractée au mois d’août, Steve Mandanda n’a pu prendre part qu’à douze rencontres de Championnat. Malgré cela, les statistiques de l’international français interrogent. Selon les statistiques d’Opta de décembre dernier, Mandanda réalise la plus mauvaise saison de sa carrière en termes d’arrêts réalisés. En effet, il n’a stoppé que 62,8% des tirs qu’il a subis. Il encaisse aussi plus de buts (1,5 contre 1,3) et remporte moins de duels (50% contre 100%) que la saison précédente. «Factuellement, qu’on aime Steve ou qu’on ne l’aime pas, qu’on soit supporter de Saint-Etienne, de Guingamp ou de l’OM, on a tous la télé, on voit tous que c’est sa moins bonne saison», analyse pour FF.fr Jérôme Alonzo, ancien gardien de l’OM (1995-1997) et du PSG (2001-2008). Une situation qu’il juge factuelle. Cependant, l’ancien Marseillais ajoute qu’il «faut se poser la question de pourquoi Steve Mandanda baisse en régime

«L'usure mentale ? Ce n'est pas impossible du tout»

Peu sujet aux blessures lors de son premier passage à l’OM (2007-2016), Steve Mandanda semble les accumuler depuis son retour de Crystal Palace (2016-2017). Si certains ont pu pointer du doigt une hygiène de vie douteuse du champion du monde 2018 pour expliquer ses performances, Jérôme Alonzo pense que l’atmosphère autour de l’OM peut aussi jouer. «L’usure mentale, ce n’est pas impossible du tout, c’est quelqu’un qui a joué beaucoup de matches toute sa carrière, qui a joué des saisons importantes, qui a joué surtout dans un club qui use. Marseille est un club qui use. Y évoluer en tant que gardien, en tant que capitaine, en tant que pilier, c’est très dur psychologiquement. Steve a relevé tous ces défis, il a été champion de France. L’usure psychologique naturelle, qu’on connaît tous à un moment donné, accélérée par le fait que tu joues à l’OM, est, pour moi, une cause possible», explique l’ancien gardien du PSG.

«Puis Steve est quelqu’un qui s’est blessé souvent récemment. Depuis sa dernière blessure à Crystal Palace, il a encore fait des très bons matches, mais dans cette régularité qui faisait sa force, j’ai senti, à ce retour de blessure-là, que la courbe s’inversait très légèrement déjà.» Si cette année les critiques sont plus vives, pour Jérôme Alonzo, il est moins performant depuis son retour en France. «C’est un gardien qui est moins félin, qui jaillissait très vite avant. Ce n’est pas que psychologique, c’est les cannes. J’ai l’impression qu’avec ces blessures-là, les cannes réagissent un petit peu moins bien aux exigences du très très haut niveau. C’est l’usure, on ne vieillit pas tous pareil», ajoute-t-il.

«Moi j’ai arrêté à 37 ans, je commençais à me blesser beaucoup aussi, un mec comme Buffon se blesse très rarement. Steve et Buffon, pour parler d’anciens, n’ont pas le même jeu, Steve est beaucoup plus explosif, a un jeu qui pompe beaucoup plus d’énergie. Face à l’usure du temps, le corps du sportif de haut niveau ne réagit pas de la même manière pour tout le monde. Je pense que le corps de Steve commence à fatiguer un peu après des années de bons et loyaux services», conclut Jérôme Alonzo. A 33 ans, Steve Mandanda semble glisser doucement vers sa fin de carrière. A voir s'il pourra la terminer dans la cité phocéenne, dont l'exigence physique et mentale a peu d'équivalent.

«Avec ces blessures-là, les cannes réagissent un petit peu moins bien aux exigences du très très haut niveau. C'est l'usure, on ne vieillit pas tous pareil»

Damien Irie