14.12.2019, Coface Arena, Mainz, GER, 1. FBL, 1. FSV Mainz 05 vs Borussia Dortmund, 15. Runde, im Bild Jadon Sancho (Borussia Dortmund) mit Ball // during the German Bundesliga 15th round match between 1. FSV Mainz 05 and Borussia Dortmund at the Coface Arena in Mainz, Germany on 2019/12/14. EXPA Pictures © 2019, PhotoCredit: EXPA/ Eibner-Pressefoto/ Neis *****ATTENTION - OUT of GER***** 191214_EP_FCK_ANS064.JPG Neis 1. FSV Mainz 05 vs Borussia Dortmund (Neis/Eibner/EXPA/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS)

«Jadon Sancho (Borussia Dortmund) était brillant à l'école, au cricket, au rugby, au basket...»

Adversaire du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, Jadon Sancho sera la menace offensive numéro 1 du Borussia Dortmund. FF a replongé dans son enfance londonienne, avec l'un des ses premiers entraîneurs, Sayce Holmes-Lewis.

«Quels sont vos premiers souvenirs de Jadon Sancho ?
Je l'ai vu pour la première fois quand il était à Watford (NDLR : le premier club de Jadon Sancho), quand il avait 6 ans et qu'il était au centre de développement. Il était déjà un excellent joueur, je l'ai beaucoup aimé. Mais là, je ne l'ai vu qu'une fois et on s'est recroisé deux-trois fois après, quand il a été recruté dans notre académie. J'ai été ébloui par sa technique et ses habiletés.

Il était déjà spécial ?
Totalement. Très expressif, extrêmement technique, il maniait la balle très bien et, surtout, il jouait avec le sourire sur le visage. Il a toujours beaucoup joué au football, avec le jeu dans sa vie, comme Reiss Nelson (NDLR : joueur d'Arsenal), son meilleur ami.

Justement, Reiss Nelson... Leur destin est commun.
Ils ne sont pas juste amis, ce sont comme des frères. Jeunes, les deux étaient inséparables. Ils passaient leur temps ensemble et, mieux, se poussaient toujours à faire mieux. Ils ont cette amitié-là depuis qu'ils sont enfants, et c'est une vraie bromance. Et sur le terrain aussi. Reiss poussait toujours Jadon et vice-versa, sur tous les aspects : technique ou compétitif. Il y a toujours eu cette envie, chez les deux, de vouloir gagner.

Jadon avait des idoles ?
Des héros du jeu, ça oui. Et surtout tous les joueurs qui avaient un niveau technique élevé. Et ceux du passé également. R9, Ronaldo, le Brésilien, mais aussi Zinédine Zidane, Ronaldinho... Tous les grands classiques, et tous ceux qui les inspiraient, du passé ou de leur période. Lionel Messi, Cristiano Ronaldo... Tout était autour du football de toute manière, donc Jadon, mais aussi Reiss, étaient imprégnés de cette culture et poussés par l'envie de devenir footballeur professionnel. Ils n'avaient aucun doute là-dessus. C'était leur objectif.

Ç'a été une surprise pour vous de voir Jadon faire le choix de rejoindre l'Allemagne ? Ce n'est pas commun pour un jeune Anglais.
Non, pas du tout, pour être honnête. Car c'est tout simplement un besoin vital pour chaque joueur, et peut-être encore plus pour les Anglais, de jouer. Entre 16 et 20 ans, tu as besoin de jouer au maximum chez les professionnels, le plus possible. Et ça n'a pas été une surprise à partir du moment où il n'a pas eu l'opportunité qu'il méritait. Son agent, son père, toute son équipe de management et lui ont pensé que c'était un bon choix de partir à Dortmund. Le club voulait le faire jouer, et lui faisait confiance, notamment en lui ayant proposé le numéro 7 lors des négociations. Cela faisait sens de partir, et c'était justifié.

Jeune, il avait déjà cette personnalité marquée ?
Oui, mais il a toujours été très humble également. Reiss, par exemple, était plus extraverti que lui. Jadon était plus discret, plus timide, plus calme. Et il grandit, avec une stature différente, mais en restant calme et humble. Par contre, dès qu'il met les pieds sur un terrain, c'est là qu'on voit toute sa grandeur.

Quelle était la vie de Jadon Sancho, jeune ?
Il était excellent à l'école, vraiment. Je l'ai eu en cours de sport également, et il était brillant au cricket, au flag rugby (NDLR : rugby adapté sans plaquages avec des foulards), en athlétisme et au basket. Tout ce qu'il faisait, il était vraiment bon. Mais son vrai amour, c'était évidemment le foot. Et quand il ne gagnait pas, il boudait. C'était son leitmotiv, comme Reiss, et il avait une certaine fierté vis-à-vis de cela. Il fallait toujours être meilleur, à l'entraînement comme en match. C'était sa mentalité. Et si tu n'as pas de fierté quand tu perds la balle par exemple, ça ne marche pas. Le football, ce n'est pas que la possession. Et sans le ballon, tu n'es rien. Jadon pensait au ballon, évidemment, mais il pensait à apprendre, à s'ouvrir sur autre chose.

Reiss Nelson et Jadon Sancho en février 2019 lors d'une rencontre entre Dortmund et Hoffenheim (Mario Hommes/Eibner/EXPA/PRESS/PRESSE SPORTS)

A ce moment-là, comment a-t-il géré les contacts des clubs, des agents ?
Son père, surtout, a permis à Jadon de gérer cela parfaitement. C'est un homme fabuleux, très investi dans la carrière de son fils. Il était talentueux aussi, mais il est totalement dédié à la carrière de Jadon, et il est en amour pour le jeu de son fils. Et ça dépasse sa personne. La famille est son plus grand soutien, et je crois que ça l'aide.

«Si tu n'es pas technique, on ne te respecte pas. Il faut des skills, même si tu es gardien.»

Qu'est-ce que cela change de venir de Londres ?
C'est assez similaire à Paris ! A Londres, on a beaucoup d'espaces urbains, de petits terrains où tu joues des matches différents, à 3 contre 3, 4 contre 4... Dans le Sud de Londres, on n'a pas de restrictions d'âge non plus. Donc tu as 8 ou 9 ans et tu joues contre des gars qui en ont 15 ou 16. Tu dois apprendre vite, être prêt physiquement, être fier de ce que tu es et de ton jeu et aussi avoir de la technique. Si tu n'es pas technique, on ne te respecte pas. Donc il faut des skills, même si tu es gardien de but.

Là-dessus, on ne se demande pas si Jadon était respecté ou non...
Oui, évidemment ! Par tout le monde. Il était très sérieux et utilisait sa technique pour gagner. Aujourd'hui, on en garde forcément plein de souvenirs. Quand il avait entre 10 et 12 ans, lors des London Youth Games, on a été nommé la meilleure équipe, le meilleur quartier de Londres. C'était spécial pour moi, en tant que coach, et surtout pour les petits. On était une équipe mixte, et ils ont compris qu'ils étaient les meilleurs de Londres. C'était beau.»

Antoine Bourlon