Moise Kean, lors de Cagliari-Juventus (0-2), mardi. (Reuters)

Italie : Moise Kean et Blaise Matuidi (Juventus Turin) victimes d'un nouvel épisode de racisme

Les joueurs de la Juve Moise Kean et Blaise Matuidi ont été les victimes, mardi soir à Cagliari, d'un nouvel épisode de racisme en Italie.

C'est un fléau qui revient cycliquement dans les stades italiens. Mardi soir, à Cagliari, c'est Moise Kean, l'attaquant italien (19 ans), né de parents ivoiriens, de la Juventus Turin qui a été visé. La nouvelle coqueluche du football transalpin (deux buts avec l'Italie durant la dernière trêve internationale) a fêté le but du 2-0 en restant immobile, les bras écartés et le regard droit devant le virage des ultras de Cagliari.

Une réponse aux cris de singes peu audibles jusque-là (mais parfaitement juste après), qui expliqueraient les déclarations d'après-match de son coéquipier Leonardo Bonucci aux micros de Sky : « Kean sait que quand il marque, il doit exulter avec toute l'équipe. Il y a eu des cris racistes après le but, les responsabilités sont 50/50, Kean s'est trompé et le virage s'est tromp?.

Son entraîneur Max Allegri a d'ailleurs tenu un discours analogue : « Il doit éviter certaines façons de fêter ses buts, ou comme l'autre fois, sa talonnade contre l'Udinese. Il faut avoir un grand respect de ses adversaires. C'est un garçon qui doit apprendre et j'espère qu'il comprendra vite. Je n'ai pas entendu les cris car j'étais dans le match, je ne justifie pas ce qui s'est passé, mais il ne faut pas souligner des choses qui ont malheureusement toujours existé. Il n'y a pas à réfléchir, chercher qui a raison ou tort, avec les caméras de sécurité, il faut choper les coupables et les virer du stade, mais à vie. Le problème c'est qu'ils ne veulent pas le faire ».

Trois mois après Koulibaly, deux semaines après Kessie

Excédé, Blaise Matuidi s'est adressé à l'arbitre Giacomelli. La rencontre a été brièvement interrompue puis conclue au milieu des sifflets et cris racistes qui ont ciblé le Français (comme l'an dernier) et Alex Sandro. Le plus gênant a été la réaction de Tommaso Giulini, le président du club sarde, qui a choisi de défendre sa boutique : « Personne n'a rien entendu jusqu'au but. Certains joueurs de la Juve m'ont dit en privé que Kean a fait une erreur. Si Bernardeschi avait exulté de la sorte, la réaction du stade aurait été exactement la même, idem si Bonucci avait fait les mêmes scènes que Matuidi ». Aujourd'hui, de nombreux footballeurs ont apporté leur soutien à Kean et une partie ont ouvertement critiqué Bonucci.

Déjà, le 26 décembre dernier, Kalidou Koulibaly, défenseur sénégalais de Naples, avait été visé par des cris de singes par des supporters de l'Inter. Une très mauvaise publicité au moment des fêtes et une des raisons pour laquelle la Ligue italienne vient de ne pas reconduire l'expérience du « Boxing Day ». La Fédération avait durci l'article 62 des normes organisationnelles internes : suspension temporaire au premier agissement, suspension définitive au second sur requête du responsable de l'ordre public. L'Inter, elle, était sanctionnée de deux matches à huis clos plus un supplémentaire pour la Curva Nord où résident ses ultras.

Pas de quoi dissuader les auteurs qui ont récidivé le 17 mars durant le derby milanais avec l'Ivoirien Franck Kessié pour victime. Pas d'interruption mais une fermeture d'un match de la Curva si autre infraction d'ici un an. Cagliari pourrait écoper d'une sanction similaire.