robinho (ALAIN MOUNIC/L'Equipe)

Istanbul Basaksehir (Turquie) : que deviens-tu Robinho ?

L'ancienne pépite du Real Madrid révélée à Santos évolue désormais au club d'Istanbul Basaksehir, en Turquie, depuis un peu plus d'un an. Alors que son équipe, deuxième du Championnat, a fait match nul (1-1) ce dimanche après-midi chez le leader, Trabzonspor, que devient celui qu'on surnomme le Prince ?

Il court toujours ! A 36 ans depuis le 25 janvier, Robinho effectue actuellement sa fin de carrière en Turquie sous les couleurs de l'Istanbul Basaksehir depuis janvier 2019. Avec le club stambouliote, il est deuxième avec le même nombre de points que le leader et son adversaire de ce dimanche, Trabzonspor (match nul 1-1 au final). Le Brésilien vise donc plus que jamais le premier titre de l'histoire de Basaksehir. Ce jeune club de la capitale, fondé en 1990, a été deux fois vice-champion (en 2017 et 2019). Si son équipe tourne bien, Robinho a, lui, bien du mal. Les chiffres ne trompent pas. En 18 matches disputés cette saison toutes compétitions confondues, l'attaquant gauche n'a pas trouvé une seule fois le chemin des filets. Sa dernière réalisation remonte même au 12 mai 2019 lors de la victoire (2-1) contre Ankaragucu, c'est dire...
 
L'ancienne star brésilienne semble avoir perdu de sa superbe et son entraîneur Okan Buruk (troisième de la Coupe du monde 2002 avec la Turquie), arrivé en juin 2019, lui donne très peu de temps de jeu. Sur les 25 rencontres de Championnat, le prodige de Santos n'a joué qu'à 8 reprises. Le reste du temps, il le passe sur le banc, comme ce dimanche. Sans oublier une blessure début décembre et une autre au mollet qui l'ont empêché de fouler les pelouses durant quinze jours début février.

Une aventure turque qui avait pourtant bien commencé !

Débarqué en Turquie fin janvier 2018 à Sivasspor, le droitier a été l'auteur de 4 buts et de 3 passes décisives en 14 rencontres. Pour terminer à la septième place de la Super Lig (D1 turque). Lors des cinq premiers mois de compétition en 2018-19, Robinho plante 8 buts, à chaque fois sous la forme de doublé. Le Prince délivre aussi 2 passes décisives. Il est en grande forme. Carl Medjani, joueur du FC Salaise (R1) depuis février, était son coéquipier à Sivasspor : «Sur le terrain, il était performant. De par ses qualités qu'il avait quand il était à son top. Oui, il n'avait plus ses jambes de 20 ans, il faisait moins de différences dans le dribble, dans l'élimination, reconnaît l'Algérien. Mais rien que par la passe, ses déplacements, le dernier geste... Soit il était décisif par un but ou une dernière passe, soit il provoquait une occasion. C'était un réel apport.»

«Malgré sa carrière, il a montré de vraies valeurs d'humilité»

L'ancien joueur de Monaco ou d'Ajaccio dévoile aussi sa façon d'être : «Quand vous accueillez dans votre club un joueur de cette envergure, une star, un galactique, vous êtes un peu soucieux de savoir comment il va se comporter, comment il va se fondre dans un collectif, dans un vestiaire. Et il était une personne très humble, très participative à la vie du groupe, il mettait de l'ambiance, il était bien avec tout le monde, le staff, le personnel du club... Malgré sa carrière, il a montré de vraies valeurs d'humilité.» Il ajoute : «Il était très ouvert à la discussion. On était voisin de table, on échangeait sur des anecdotes durant sa carrière : on a passé un vrai bon moment quand on a joué à Istanbul et qu'Emmanuel Adebayor nous avait rejoint à l'hôtel. Ils se sont remémorés les souvenirs de Manchester City, c'était assez marrant. Le fait que Robinho nous explique certaines choses sur Beckham, Zidane, Ronaldo... C'était vraiment bien. J'en ai de très bons souvenirs.»

«Il était un exemple, assure Medjani. Oui, il était sur la fin, il n'était qu'à Sivasspor, mais il était toujours en salle de musculation avant et après les entraînements. C'était un bosseur.»

Mais pour Robinho, pas question d'être en Turquie en pré-retraite : «Il était un exemple, assure Medjani. Oui, il était sur la fin, il n'était qu'à Sivasspor, mais il était toujours en salle de musculation avant et après les entraînements. C'était un bosseur, il travaillait les coups francs, la finition devant le but. Quand vous avez sa carrière et que vous êtes cette dans cette démarche, ça montre un réel professionnalisme.» Les bonnes performances de Robinho lors du début d'exercice 2018-19 avaient alors convaincu les recruteurs d'Istanbul Basaksehir dès l'hiver suivant. Et celui qui avait été transféré pour 40 millions d'euros du Real Madrid à Manchester City en 2008 enchaînait : 4 buts, 3 passes décisives et une belle deuxième place en Championnat après une lutte de tous les instants avec Galatasaray.

Des hauts et des bas dans les grands clubs

Bien loin, désormais, de sa "grande" époque. Il faut dire qu'il avait débarqué en Europe au début des années 2000 avec une sacrée étiquette collée à Santos : celle du nouveau Pelé. Capé à 100 reprises avec la Seleçao, il a été titré deux fois en Liga avec le Real Madrid (2007 et 2008) aux côtés des Raùl et Ruud van Nistelrooy. Mais à cause d'une blessure, il se fait chiper sa place par Arjen Robben et n'arrivera jamais à la reprendre. Alors qu'il annonce, sans se cacher, vouloir rejoindre Chelsea à l'été 2008, Robinho surprend tout le monde en signant finalement à Manchester City le dernier jour du mercato... Meilleur buteur de son club en Premier League (14 pions) dès sa première saison outre-Manche (quatrième meilleur buteur du Championnat), il plonge ensuite, restant muet et en perdant sa place en équipe du Brésil. Un prêt à Santos, un retour en Europe au Milan AC pendant quatre ans où il devient champion d'Italie (2011) aux côtés de Ronaldinho, Alexandre Pato et Thiago Silva. Puis le début d'un tour du monde : Santos, encore, la Chine (où il est champion sous les ordres de Luis Felipe Scolari), l'Atlético Mineiro et donc la Turquie. De quoi illustrer malgré tout une fin de carrière difficile pour cette ancienne star qui a souffert de sa grande irrégularité et de ses blessures, ainsi que de troubles avec la justice. «C'est un bon mec. Il ne se prend pas la tête. Il rigole avec tout le monde, soulignait Enzo Crivelli pour FF. Je ne parle pas trop anglais, mais je parle un peu parfois avec lui et je pense qu'il regrette un peu sa fin de carrière. Les anciens de l'équipe ne se prennent pas pour d'autres. Avec leur carrière, ils auraient pu, mais il y a toujours ce respect envers tout le monde. Ça prouve que ce sont des grands joueurs.» Le contrat de Robinho se termine en juin prochain à Istanbul. Retraite ou dernier défi ?
 
 
Timothé Crépin et Julien Philipakis