Nantes' Brazilian defender Lima (L) vies with Nancy's French midfielder Issiar Dia during the French L1 football match between Nantes and Nancy on February 5, 2017 at Beaujoire Stadium in Nantes, western France. / AFP PHOTO / JEAN-SEBASTIEN EVRARD (AFP)

Issiar Dia avant Nancy-Marseille (34e journée de Ligue 1) : «Ma saison en surprend quelques-uns...»

Revenu en Lorraine l'été dernier après six ans d'exil (Turquie, Qatar), Issiar Dia permet à Nancy de garder la tête hors de l'eau avec huit buts inscrits en Ligue 1. Avant d'affronter l'OM, qu'il aurait pu rejoindre en 2009, l'international sénégalais se confie, et en profite pour rendre hommage à Pablo Correa et Youssouf Hadji.

«Issiar, avant la victoire contre Rennes (3-0) il y a deux semaines, une mise au point avait été faite dans le vestiaire nancéien. L’ambiance est moins tendue cette semaine malgré la rechute à Nice (1-3) ?
C’est vrai que les cadres avaient pris la parole à ce moment-là, parce qu’on avait besoin de points ! Ça nous avait reboostés et on avait fait une belle prestation. On ne s’était pas endormi, mais on avait besoin d’une petite gueulante… Ça nous a fait du bien, ça nous a permis de tous nous remettre en question.
 
Vous faîtes partie de ces cadres entourant un groupe plutôt jeune ?
Moi, je suis le relais entre les jeunes et les plus anciens. Je suis un ‘’jeune vieux’’ ! Il y a beaucoup de joueurs inexpérimentés, et ils ont appris sur le tas, cette saison, le fossé qui sépare la Ligue 2 de la Ligue 1…
 
L’ASNL, douzième début février, est désormais dix-septième après neuf défaites en onze matches…
Ça fait beaucoup… C’est pour ça qu’on attend Marseille avec beaucoup de fermeté, l’envie de bien faire les choses. Rien n’est perdu, on est dans la course pour le maintien. On n’est pas dans la merde, mais si on ne recommence pas à prendre des points, ça va être compliqué.

Dans ces conditions, comment appréciez-vous votre réussite personnelle (huit buts en L1, record en carrière égalé) ?
C’est bien, c’est bien… J’aurais préféré qu’il y ait les victoires avec. Je fais une bonne saison, ça en surprend quelques-uns… C’était ce que je voulais, et je dois remercier le coach et Youssouf Hadji, car ce sont les deux personnes qui ont vraiment cru en moi l’été dernier. Youssouf a poussé pour que je revienne, et il y a eu ce discours fort en tête à tête avec le coach qui a ensuite fait pencher la balance. Leur dire merci, ce n’est pas suffisant, c’est pour ça que j’essaie de leur rendre ça sur le terrain. Marquer pour assurer le maintien, ce serait le top.
 
Votre cure à Merano l’été dernier a donc eu du bon !
Ah oui ! Cette saison, je n’ai pas eu de blessure ! Plusieurs amis m’ont conseillé de le faire et je ne regrette pas du tout. Quand je fais le bilan, je n’ai eu aucun pépin musculaire. Dans ma carrière, c’est la première fois que ça m’arrive ! Et puis j’ai fait une très grosse préparation physique avec le club, ça m’a aussi beaucoup aidé.
 
Était-ce l’été le plus dur de votre carrière ?
Pas le plus dur, mais l’un des plus durs, oui. Il a fallu du travail, de l’acharnement même. J’en ai vraiment chié pendant plusieurs semaines…
 
Vous étiez poussé par votre orgueil, votre envie de prouver que vous en aviez encore sous la semelle ?
Oui, je voulais fermer des bouches, mais me faire plaisir aussi, parce que je n’ai que vingt-neuf ans !

Je voulais fermer des bouches, mais me faire plaisir aussi, parce que je n'ai que vingt-neuf ans !

«Avec la maturité, je comprends les choses par moi-même.»

Depuis le début de votre carrière, vous avez toujours été plus ou moins critiqué pour votre manque d’efficacité. Ça vous énerve aujourd’hui ?
Pfff… Franchement aujourd’hui je n’ai plus vingt ans, donc les critiques… J’en tiens compte, j’essaie de m’en servir, d’être plus efficace. Si ça passe, ça passe, sinon tant pis…
 
Ç’a aussi été un moyen pour vos entraîneurs de vous titiller…
Oui, plus jeune j’avais besoin de ce genre de choses pour me motiver. Mais aujourd’hui je suis père de famille, j’ai de la maturité, on n’a plus besoin de me dire certaines choses, je les comprends par moi-même.
 
En prenant de l’âge, beaucoup de joueurs de couloir veulent à tout prix s’installer dans l’axe, ce n’est pas votre cas ?
Ah non, non, moi j’aime bien jouer sur l’aile ! Je suis aussi à l’aise en pointe, mais c’est compliqué dans notre système en 4-3-3. Je respecte les choix du coach, moi tant que je suis dans le onze de départ ça me va !
 
Ce vendredi, vous accueillez l’OM, un rendez-vous particulier pour vous ?
Pas du tout. C’est un beau match de foot, sans plus.

Ce n’est certainement plus le cas puisque vous restez sur quatre buts et deux passes décisives lors des cinq dernières journées !
Alors là, je ne le savais même pas. C’est bien ! J’arrive aussi en fin de contrat donc j’avais besoin de faire une grosse saison pour avoir quelques pistes, même si je ne ferme pas la porte à Nancy.
 
Ce sera compliqué de poursuivre l’effort financier fait lors de votre retour ?
Ç’a été donnant donnant. Ils ont fait l’effort de me reprendre, et moi j’ai fait un effort financier. L’année prochaine, je ne sais pas comment ça va se passer. J’ai reçu pas mal d’offres, j’étudierai le meilleure, en prenant le temps. D’abord, je me focalise sur le sauvetage du club. Avec un maintien, tout le monde sera gagnant, et on pourra même ouvrir des discussions avec le président…
 
Le problème c’est que votre ami Youssouf Hadji fait exploser la masse salariale, non ?
Oui voilà c’est ça (rires) ! Après on rigole, mais c’est le joueur le plus important du vestiaire. Il sait parler aux joueurs, d’ailleurs si on a un problème c’est lui qu’on appelle en premier, pas le coach, ni le président ! Sur et en dehors du terrain, il apporte encore énormément. Beaucoup le négligent, mais c’est l’élément indispensable au club. C’est la classe. Si on ne l’avait pas eu, on serait encore plus dans les profondeurs du classement.»
 
Propos recueillis par Cédric Chapuis

«A Fenerbahçe, j'ai passé les meilleures saisons de ma carrière»

Vous aviez failli signer à Marseille en 2009, juste avant son titre de champion…
Oui, mais pour des petits détails ça ne s’était pas fait, les dirigeants m’avaient retenu… Je suis finalement parti à Fenerbahçe l’été suivant et ça c’était très bien passé ! J’en avais d’ailleurs parlé avec Mamadou Niang là-bas. Je venais de Nancy, lui de Marseille donc je volais comparer un peu et il m’avait dit que Fenerbahçe était un club de dimension supérieure sur tous les points.
 
Pas de regret, donc ?
Pas du tout, puisque l’année d’après je suis champion avec Fenerbahçe ! J’ai gagné des trophées là-bas, les premiers pour moi. Ça n’a été que du positif pour moi, les meilleures saisons de ma carrière. Ensuite j’ai été au Qatar, dans le plus grand club du pays, où j’ai été entraîné par Erik Gerets, Brian Laudrup… Ils m’ont beaucoup apporté, c’était une expérience très enrichissante.
 
Mais vous avez finalement retrouvé Pablo Correa, avec qui vous avez une forte relation…
Oui c’est comme la famille. Il se rapproche un peu de Gerets, même si ce dernier est plus dans la com’ et Pablo plus dans les actes. Mais ce sont deux personnes qui se ressemblent. Ils n’hésitent pas à dire les choses. D’ailleurs Pablo a été cash avec moi à un moment de la saison, en me disant qu’il me sentait moins bien, même à l’entraînement.

Hadji, il sait parler aux joueurs, si on a un problème c'est lui qu'on appelle en premier, pas le coach, ni le président !