Inter Milan : Romelu Lukaku, furia d'un diable
Arraché des griffes de Man United contre plus de 60 millions d'euros, Romelu Lukaku, qui devrait faire ses grands débuts ce lundi face à Lecce, aura la lourde tâche de suppléer Mauro Icardi, capitaine déchu. Et sous le commandement d'Antonio Conte, le Belge, annoncé en léger surpoids, espère bien fermer le clapet des quelques mauvaises langues à l'analyse agressive.
«C’est un buffle, une vraie force de la nature. Et face au but, même s’il est moqué, c’est un joueur fiable, très fiable. Il n’y en a pas beaucoup qui en plantent plus que lui.» Pour décrire Romelu Lukaku, Andrew, supporter invétéré des Red Devils, ne passe pas par quatre chemins, ne cachant pas une petite admiration pour le bonhomme. Et le Belge, malgré un exercice 2018-19 en dents de scie, a su tirer son épingle du jeu au moment opportun, faisant honneur à l’affection de ses fans. Le PSG, lors du huitième de finale retour de Ligue des champions au Parc des Princes, pourra le confirmer. Ce soir de mars, l’attaquant des Red Devils se jouait de Gianluigi Buffon et de l’apathie parisienne toute entière par deux fois. Ses deux seules banderilles en C1 la saison dernière, et deux banderilles ô combien importantes. Pas les plus difficiles de sa carrière, mais les plus mémorables peut-être, donc, au cours de son passage à Manchester.
Lire : Où voir le premier match de l'Inter et de Lukaku ?
Lukaku sera titulaire lundi soir contre Lecce pour le premier match de la saison ???
— Inter Milan FR (@InterMilanFRA) August 24, 2019
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Ses premiers pas avaient été remarqués. À chaque fois, à Everton, comme avec les Mancuniens. Ces derniers l’avaient par exemple vu trouver le chemin des filets à sept reprises lors des sept premières journées de Premier League lors de la saison 2018-19. «Il était impressionnant. Techniquement, ce n’était pas le meilleur, loin de là, mais il était capable de quelques lumières», explique Andrew. Antonio Conte, qui avait déjà essayé d’enrôler le lascar lorsqu’il était le commandant du navire Chelsea, n’en pense pas moins. «C’est un très bon joueur», lâchait-il en conférence de presse début août, alors que la Juventus, qui en pinçait pour le Diable Rouge, était toute proche de rafler la mise. «Si la Juventus était dessus, c’est qu’il est d’un certain rang. Je ne le connais pas très bien, et ce n’est pas le genre de profil que j’apprécie le plus. Mais si Conte le voulait, il y a une raison, il doit pouvoir l’insérer dans son modèle. Il apportera des buts, mais aussi une puissance physique bienvenue devant au moment de presser», expose Giacomo, supporter des Nerazzurri. Accueilli telle une rockstar par son nouveau monde, Romelu Lukaku est très attendu, concentrant - avec son entraîneur - les espoirs de Scudetto de tout un peuple en quête de sa dignité d’antan. Et de cet amour, il pourrait en faire une véritable force. «C’est un garçon qui est plus sensible qu’on ne le croit, argue Georges Leekens, ancien sélectionneur de la Belgique entre 2010 et 2012, pour FF. Il a besoin du soutien du public, de cette chaleur, de se sentir aimé.» Comme à Everton donc, mais aussi à Anderlecht, club de ses débuts, dans lequel il avait crevé l’écran.
«C'est un garçon qui est plus sensible qu'on ne le croit. Il a besoin du soutien du public, de cette chaleur, de se sentir aimé.»
Terreur du Championnat de Belgique à 17 ans seulement, puis de Premier League sous les couleurs des Toffees et de Manchester United, Lukaku va découvrir une nouvelle culture. Mais celle-ci pourrait lui sied parfaitement. «S’il aime autant les petits détails comme il l’a expliqué dans certains entretiens à la presse, il va s’éclater ici. Surtout avec un entraîneur comme Conte, si particulier, et qui pratique le jeu de position», détaille Giacomo. Leekens lui emboîte le pas : «De chaque entraîneur, tu apprends. Et Lukaku apprend vite, parce qu’il écoute. Il fait beaucoup de travail sur lui-même. Il va goûter à autre chose en Italie, à une nouvelle approche, à plus de structure. Il a une grande force de caractère, il peut réussir avec l’Inter.» Et pour cela, Lukaku devra étaler ses talents de buteur, son intelligence situationnelle, mais aussi son appétence pour le jeu combiné.
Dévotion, sérieux et professionnalisme
S’il est «émotif» selon les dires de son ancien boss, Romelu Lukaku est aussi un sacré personnage. Attachant et talentueux pour certains, fanfaron pour d’autres, le Belge, raillé pour ses quelques imprécisions techniques et ses hésitations face au but, ne fait pas vraiment l’unanimité. Mais sa passion du jeu et son attache pour l’art de la tactique ne peuvent être salies. «Antonio Conte est un passionné, qui fait très bien jouer ses équipes. Et Lukaku l’est aussi, c’est un perfectionniste. Ils sont faits pour s’entendre», poursuit Leekens. Mis sur la touche par Ole Gunnar Solskjær à son arrivée, le Belge a dû ronger son frein. «L’équipe tournait plutôt bien à ce moment-là, et son profil ne convenait pas vraiment à l’entraîneur», embraye Andrew. Mais le meilleur buteur de l’histoire de sa sélection, qui se nourrit des quelques contrariétés qu’il rencontre au cours de sa carrière, a su rebondir et faire preuve de vertus collectives appréciables. «Il a eu quelques difficultés, comme toute son équipe, et son entraîneur, rappelle Leekens. Mais il est très sévère avec lui-même, et sait quand il a bien ou mal joué. Et il a beaucoup progressé depuis ses débuts, il a beaucoup de personnalité. C’est pour ça qu’il a réussi.»
«Lukaku apprend vite, parce qu'il écoute. Il fait beaucoup de travail sur lui-même. Il va goûter à autre chose en Italie, à une nouvelle approche, à plus de structure. Il a une grande force de caractère, il peut réussir avec l'Inter.»