(L'Equipe)

«Il avait une vision incroyable» : Les anciens coéquipiers de Cesc Fabregas à Arsenal racontent le nouveau joueur de Monaco

Arrivé très jeune chez les Gunners en provenance de la Masia, Cesc Fabregas a explosé sous Arsène Wenger. Pour FF.fr, quatre de ses anciens coéquipiers à Arsenal racontent les souvenirs qu'ils gardent du nouveau joueur de l'AS Monaco.

Pascal Cygan* : «Il n'y a qu'Arsène Wenger qui a vu en lui un futur grand»

«Il est arrivé très jeune dans un effectif confirmé. Il venait d’un football différent, basé sur le jeu de possession, sans le kick and rush anglais, avec moins de duels. Il est passé à un jeu complètement à l’opposé, même par rapport à sa morphologie. Il était petit, jeune, étranger, ne parlait pas la langue, arrivait dans un style de football difficile à s’adapter. Il n’y a qu’Arsène Wenger qui a vu en lui un futur grand. Au début, je me disais que c’était difficile de l’imaginer succéder à Vieira. Et pourtant c’est ce qu’il a fait et presque même mieux que lui. Il avait une aura, un charisme auprès de ses coéquipiers autour de lui sur le terrain et aussi auprès des supporters. Le plus important a été le coach qui a vu en lui un gros potentiel. Il a cru en lui, il lui a laissé du temps. Arsène a cette faculté de ne pas précipiter les choses, il laisse le temps aux jeunes de s’adapter au pays, au football, à l’équipe. C’est fondamental.

A l’époque, il était timide, il découvrait tous ses partenaires, le vestiaire, le monde du haut niveau. Il avait les meilleurs modèles de capitaine autour de lui. En termes de leadership et de charisme, il avait Vieira ou Bergkamp. Naturellement, il s’en est inspiré. Thierry (Henry) le connaît bien. Il a confirmé dans plusieurs clubs, il a toujours réussi à s’imposer. C’est une valeur sûre. Je suis persuadé qu’il va apporter. On sait qu’il est capable de jouer loin des buts comme de distiller une passe lobée à une quinzaine de mètres au-dessus de la défense. Il a cette capacité à envoyer des ballons justes. Cesc, même s’il a développé d’énormes qualités athlétiques dans l’engagement, avec le courage d’aller au duel, je pense qu’il va être capable de se gérer, de faire les efforts quand il faut, d’accélérer le jeu, de faire tourner. Il vient d’Espagne, il a été bercé par ce foot, il sait guider l’équipe dans les temps forts et les temps faibles, c’est aussi une de ses immenses qualités.»

*Défenseur français à Arsenal de 2002 à 2006

«Il sait guider l'équipe dans les temps forts et les temps faibles»

Alexander Hleb* : «Il avait une vision incroyable»

«Quand je suis arrivé à Arsenal, il était très jeune mais jouait déjà. Il avait une vision incroyable. C’est un joueur fantastique. Je suis vraiment très heureux d’avoir pu évoluer avec lui dans ma carrière. Ç’a été un des meilleurs joueurs avec qui j’ai évolué. À Arsenal, c’était un de mes meilleurs amis. En dehors du terrain, on passait beaucoup de temps ensemble, avec Van Persie, Flamini, Rosicky… C’est une personne très gentille, il est très drôle. On rigolait très souvent. Je l’apprécie énormément, c’est vraiment un très bon ami. Cesc peut aider n’importe quelle équipe. Il suffit qu’un coach lui fasse confiance, et à partir du moment où il joue, il peut tout faire. Pour Henry, c’est très important d’avoir un joueur comme Cesc, il a joué dans de très grands clubs : Arsenal, Barcelone, Chelsea. Il a une grande expérience et surtout c’est un excellent joueur d’équipe.»

*Milieu de terrain biélorusse à Arsenal de 2005 à 2008

Avec ses qualités de joueur, il s’est imposé, sur le terrain, on peut toujours compter et se reposer sur lui. Il a su prendre ce rôle de capitaine en main, et être capitaine à 21 ans à Arsenal, c’est très parlant. Tout au long de sa carrière, il a démontré que c’était un super coéquipier. Tout le monde l’apprécie. C’est quelqu’un de très simple. Un joueur de son niveau peut s’adapter à n’importe quelle équipe, dans n’importe quel rôle. Avec lui, Henry a une pièce maîtresse, et il va pouvoir développer le football qu’il a envie de pratiquer. C’est bien d’avoir des affinités, autant sur le terrain que dans le vestiaire. Toutes les équipes du monde voudraient avoir un joueur comme lui.»

*Défenseur suisse à Arsenal de 2003 à 2010

Philippe Senderos* : «Henry va pouvoir développer le football qu'il a envie de pratiquer»

«C’était un peu mon petit frère. On vivait ensemble quand on est arrivé à Arsenal. Ça nous a beaucoup aidé. Lui ne parlait pas un mot d’anglais. Ça nous a permis de nous adapter à la vie londonienne et au club. Je parlais espagnol, Almunia aussi, Reyes quelques années après. Fabregas est arrivé à 16 ans, et on voyait qu’il avait un talent exceptionnel. Il s’entraînait déjà avec l’équipe pro. Il avait quelque chose de spécial. Il avait une facilité technique, une vision du football, il entendait le football, il comprenait tout. De le voir à cet âge était impressionnant. C’est comme s’il jouait avec ses copains dans le jardin, sauf qu’il le faisait à Arsenal. L’année 2005-06, avec la finale de la Ligue des champions, est vraiment celle où il a explosé. Dans les gros matches, il répondait présent. C’est un joueur exceptionnel qui voit le football d’une autre manière. Il va régaler en France. Partir de la Masia pour l’étranger, ça lui a donné de la force mentale. Une fois qu’il a trouvé ses marques, il a grandi dans une position de leader.

«Etre capitaine à 21 ans à Arsenal, c'est très parlant»

Tomas Rosicky* : «C'est toujours le même mec, qui aime bien se marrer»

«Nous avions une très bonne relation. Nous sommes rapidement devenus amis. Tout de suite, nous avons matché sur et en dehors du terrain et je suis très heureux de voir que dix ans plus tard c'est toujours le même mec, qui aime bien se marrer. Quand je suis arrivé à l'été 2006, il était très jeune mais déjà un membre important de l'équipe. Je l'ai vu grandir : d'un garçon qui voulait juste jouer au football jusqu’à devenir un homme responsable. Il a toujours été très conscient de ses qualités mais avant tout, c’est un super joueur d'équipe. Ç’a été un véritable plaisir d’évoluer avec un joueur comme lui. À Monaco, il va apporter de l'expérience, du leadership et une grande qualité. Il a une mentalité de gagnant, et son attitude, celle de quelqu'un qui ne lâche jamais rien, est un atout majeur pour une équipe qui se bat pour ne pas descendre.»

*Milieu de terrain tchèque à Arsenal de 2006 à 2016

Jérémy Docteur