gueye (idrissa) (A.Reau/L'Equipe)

Idrissa Gueye (PSG), ce gentil Gana

En à peine trois matches de Ligue 1, Idrissa Gueye a réussi à se faire une place de choix dans le onze de Thomas Tuchel. S'il est bien trop tôt pour tirer des enseignements définitifs, les premiers signaux sont forcément encourageants.

A côté, le transfert de Valentin Rongier à l’OM aurait presque des allures de transaction express. Idrissa Gueye au PSG, c’est l’histoire de négociations longues de six mois. Priorité du club de la capitale cet hiver, le finaliste malheureux de la dernière CAN avait dû finalement renoncer à un départ face à l’intransigeance des dirigeants d’Everton. A force de persévérance, et après de nouvelles semaines de négociations, le champion de France a tout de même réussi à boucler son arrivée cet été, pour un montant estimé à 32 millions d’euros.

Sur le terrain, en revanche, les choses se sont passées beaucoup plus vite qu’en coulisses. En trois matches de Ligue 1, et autant de titularisations, contre Toulouse (4-0), à Metz (0-2) et face à Strasbourg (1-0), l’international sénégalais a donné l’impression d’être là depuis des lustres. Avec trois succès à la clé, et pas le moindre but encaissé par les siens. Surtout, son entente avec Marco Verratti a semblé sonner comme une évidence, les deux hommes pressant ensemble à la perte et se partageant la première relance avec une réussite certaine. «Avoir Gueye à mes côtés, c'est différent, a reconnu l'Italien ce mardi en conférence de presse. Je me sens plus libre, on avait besoin d'un joueur de ce type. Il s'est vite intégré. Il est intelligent et nous apportera beaucoup au milieu cette saison».

Une complicité fulgurante

Une sorte de complicité fulgurante que le PSG recherchait depuis de longs mois. Son profil de joueur rugueux, agressif à la récupération, dur dans les duels et généreux dans l’effort n’y est certainement pas pour rien. Sa science du placement, sa faculté à l'ajuster pour l'équilibre de l'équipe et son sens de l'anticipation non plus. «Il a cette qualité que le PSG attendait depuis longtemps : l’anticipation dans la lecture du jeu, confirme Eric Rabesandratana, ancien capitaine du PSG aujourd’hui consultant pour Radio France. Il comprend tout, tout de suite, et c’est important quand tu presses à deux. Il sait toujours où il faut se mettre pour récupérer le ballon quand l’autre presse. Et des ballons, il en récupère un paquet...»

Mais réduire Gueye à un strict rôle de sentinelle serait presque lui faire offense. S’il a tout de même libéré son poète de compère italien de quelques labeurs défensifs, l’ancien Lillois a aussi su se montrer à l’aise balle au pied, et percutant dans la verticalité. Tout en n’hésitant pas à pointer le bout de son nez dans la surface adverse. «Dans son profil de joueur qui peut courir dans tous les sens, il y a un paramètre qui lui rend la chose encore plus facile, c’est qu’il a tout ce qu’il faut techniquement, poursuit Rabesandratana. C’est aussi pour ça qu’ils se complètent parfaitement avec Verratti. Les grands joueurs s’entendent souvent très vite. Gueye est très intelligent, à l’aise techniquement et très travailleur. C’est tout ce qu’il fallait au PSG. Et, par rapport à ce que j’ai vu, ça pourrait être encore mieux. Les autres joueurs ont tellement d’automatismes avec Verratti qu’ils n’ont pas encore le réflexe de lui donner automatiquement le ballon quand il le demande. Quand ils seront plus en phase avec lui, ça sera encore plus fluide».

Avec un brin de réussite, le natif de Dakar aurait tout de même pu ouvrir son compteur buts en Championnat face aux Grenats, lui qui n’a connu ce bonheur qu’à huit reprises en 272 matches entre Ligue 1 et Premier League. Mais sa tête a finalement trouvé la barre d’un Oukidja battu sur le coup. Ses stats moyennes sur les trois rencontres ? 97 ballons touchés, 17 gagnés (meilleur bilan de son équipe sur la période), et 91% de passes réussies (sur 258 tentées au total). Prometteur… Bien sûr, tout cela demande confirmation sur la durée, et face à des adversaires d’un tout autre calibre, surtout sur la scène européenne. Car c’est là que l’international sénégalais sera vraiment attendu. Mais, à l’heure où un Paredes tarde toujours à trouver ses marques après plus de six mois au club, Gana Gueye a apporté ses certitudes. A Paris, personne ne s’en plaindra.

«Gueye est très intelligent, à l'aise techniquement et très travailleur. C'est tout ce qu'il fallait au PSG».

Bruno Rodrigues