Soccer Football - Premier League - Norwich City v Arsenal - Carrow Road, Norwich, Britain - December 1, 2019 Arsenal's Matteo Guendouzi in action with Norwich City's Todd Cantwell and Ibrahim Amadou Action Images via Reuters/Matthew Childs EDITORIAL USE ONLY. No use with unauthorized audio, video, data, fixture lists, club/league logos or "live" services. Online in-match use limited to 75 images, no video emulation. No use in betting, games or single club/league/player publications. Please contact your (L'Equipe)

Ibrahim Amadou (Norwich) : «En Ligue 1, c'est beaucoup plus défensif»

L'été dernier, à 26 ans, un an après avoir quitté Lille pour le FC Séville, Ibrahim Amadou a rallié la Premier League pour un prêt à Norwich. Le Français raconte son périple pas toujours simple à l'étranger, tout en portant son regard sur le niveau des trois Championnats où il a joué. Avec un constat pas forcément reluisant pour la Ligue 1.

«Comment s’est prise cette décision d’aller à Norwich l’été dernier ?
En fin de saison dernière, j’avais comme idée de rester à Séville. Mais quand le nouveau coach est arrivé (NDLR : Julen Lopetegui), il m’a fait comprendre qu’il ne comptait pas forcément sur moi et qu’il avait des joueurs à lui. On a décidé de partir et de ne pas rester à Séville sans temps de jeu. Ma priorité était soit de rester en Espagne, soit de partir en Angleterre en prêt. J’ai eu des opportunités pour aller ailleurs, je n’étais pas forcément intéressé.

La Ligue 1, ça aurait pu être possible ?
En fait, je n’avais pas trop envie de revenir en France, pour le moment. Je voulais rester à l’étranger. Ce n’est pas une question de ne pas vouloir aller en France, mais mon expérience en Espagne m’a plutôt plu et le Championnat d’Angleterre, je voulais y jouer depuis un moment.

Que vous a dit Julen Lopetegui pour vous pousser à partir ?
En fait, il a convoqué tous les joueurs qui avaient été recrutés l’été précédent. Il a dit qu’il ne comptait pas sur untel et untel et que si on trouvait quelque chose, c’était mieux pour nous. Il a été franc avec les joueurs.

«En Liga, quasiment toutes les équipes jouent au ballon»

Vous dites avoir aimé votre expérience en Espagne. À quel point ?
Le FC Séville est un très bon club, l’un des meilleurs en Espagne. Le Championnat est différent de la France, il est plus joueur. Ce qui m’a plu aussi, c’est d’être dans une superbe ville. Ça joue énormément.

Est-ce que vous avez pu être déçu par votre temps de jeu ?
Quand je suis arrivé, je m’attendais à jouer plus (NDLR : 17 apparitions en Liga en 2018-19, 7 titularisations ; 9 matches en Ligue Europa). Mais au regard des circonstances de mon début de saison, avec les blessures que j’ai eues… Quand je suis revenu, l’équipe tournait assez bien, je me suis dit d’essayer de faire le maximum pour une première année, et pour pouvoir, l’année suivante, jouer plus. J’ai fait des matches, mais ça n’a pas forcément suivi…
 
Le temps pouvait paraître un peu long, parfois ?
Oui, un peu. Quand tu arrives dans un club, que tu veux jouer, que tu t’attends à jouer, mais qu’il y a des choses qui se passent et qui te freinent… Ce n’est pas facile.

La Liga, vous diriez que c’est beaucoup mieux que la Ligue 1 ?
Je vais être honnête : oui. La Liga est au-dessus de la Ligue 1. Quasiment toutes les équipes jouent au ballon, et je trouve qu’il y a plus de qualité.

Ibrahim Amadou, à gauche, ici face à Lionel Messi avec le FC Séville. (Reuters)

C’est aussi parce qu’on croise, là-bas, de sacrés joueurs… Les souvenirs face à Lionel Messi resteront certainement marquants pour vous.
Oui, c’est sûr. À l’époque, quand je le voyais à la télé, c’était un rêve de jouer face à ce genre de joueurs-là. Ce rêve-là s’est produit.

Le 23 février. Vous entrez en jeu face aux Blaugrana. Avec un show de Messi qui marque un triplé. Le Barça s’impose 4-2.
Je m’en rappelle. Ce jour-là, il était vraiment exceptionnel. Je me rappelle très bien : il n’a pas été transcendant comme d’habitude à prendre le ballon et dribbler tout le monde, mais, au final, il met trois buts ! Et on se dit "Putain, quel joueur !".

Y a-t-il des choses que vous avez vues en Liga et en Premier League qui symbolisent le fait que la Ligue 1 a du retard sur ces Championnats ?
En Espagne, comme je le disais, le jeu est plus ouvert, il y a plus d’équipes avec de la qualité. En Angleterre, il y a beaucoup plus d’intensité qu’en Ligue 1, dans les duels, dans le rythme. En Ligue 1, c’est beaucoup plus défensif. C’est plus dans l’aspect tactique qu’on va beaucoup apprendre en Ligue 1.

La Ligue 1 est trop frileuse ?
Pas frileuse parce que c’est un très bon Championnat aussi. Mais comparé à l’Angleterre et à l’Espagne, je considère que c’est en-dessous.

«Messi ? Quand je le voyais à la télé, c'était un rêve de jouer face à ce genre de joueurs-là. Ce rêve-là s'est produit»

«Je voulais me faire un nom en France avant de partir à l'étranger»

Vous étiez un taulier au LOSC avec qui vous avez disputé 87 matches de Ligue 1. Dans quel état d’esprit partiez-vous à l’étranger ? Pour prouver ?
Je voulais découvrir l’étranger, voir ce qu’il y avait ailleurs qu’en France. J’avais déjà eu l’opportunité de partir à l’étranger avant d’arriver à Lille mais je n’avais pas voulu, je voulais découvrir la Ligue 1. En fait, je voulais me faire un nom en France avant de partir, plus tard, à l’étranger. En Espagne, je n’ai pas rempli mes objectifs, pour le moment.
 
C’est un aller sans retour en partant pour Norwich ? On rappelle que vous êtes prêté…
On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Je pense que, en tout cas, si c’est toujours le même coach à Séville, ce sera compliqué de repartir là-bas.
 
En Championnat, vous êtes relégables depuis un moment avec Norwich. Comment cela se fait-il ?
On essaie de beaucoup jouer au ballon, mais on fait énormément d’erreurs. Et ces erreurs-là, on les paye cash. C’est ça aussi qui nous plombe. Défensivement, on prend beaucoup de buts et, offensivement, on n’en marque pas assez. On essaie de jouer avec nos joueurs de qualité, mais ce n’est pas suffisant pour gagner des matches. Il faudra plus de maturité collective. Pour l’instant, avec les blessés, je joue davantage en défense centrale qu’au milieu du terrain (NDLR : L’interview a été réalisée à la fin du mois de novembre. Depuis, Amadou a pris place au milieu durant quelques matches).
 
Et la défense, ça vous plaît ?
C’est un poste que je connais. Le coach et les gens savent que j’ai une préférence au milieu. Mais s’il faut aider l’équipe, pas de problème !

«Teemu Pukki a une efficacité incroyable»

Dans cette première moitié de saison délicate, vous êtes parvenus à faire tomber Manchester City chez vous (3-2). Racontez-nous.
C’est un souvenir pour tout le monde, surtout pour le club, parce que battre une équipe comme celle-là, c’est incroyable. Par la suite, c’est dommage, les résultats n’ont pas suivi. J’avais limite l’impression que ce match-là nous a mis plus dans le trou (NDLR : Derrière, Norwich a enchaîné sept matches sans victoire). J’espère qu’on va se maintenir.
 
Parlez-nous de Teemu Pukki, qui a inscrit 9 des 19 buts de Norwich en Premier League cette saison.
C’est un attaquant très intelligent. Devant le but, il a une efficacité incroyable. Il ne lui faut pas 50 occasions pour marquer un but. J’espère qu’il en marquera encore plus.

On ose imaginer que vous suivez toujours l’actualité du LOSC. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le même club que lorsque vous l’avez quitté.
Ce n’est pas du tout le même club, oui. Mais ce qui leur arrive depuis l’année dernière, je m’en doutais. Je ne suis pas surpris. Vu la qualité des joueurs qu’on avait, je savais très bien que ça allait prendre à un moment donné. Je pense qu’il fallait un peu d’expérience et ils ont su recruter les joueurs pour. Cette expérience a pu donner plus de confiance et de maturité aux jeunes joueurs pour pouvoir jouer plus libéré.»

Timothé Crépin