(L'Equipe)

Hatem Ben Arfa veut plus de spectacle pendant cette Coupe du monde : «Qu'on en finisse avec ces systèmes trouillards !»

Pendant cette Coupe du monde, Hatem Ben Arfa aimerait plus de spectacle, plus d'audace, et il le clame haut et fort au sein de sa nouvelle tribune libre dans France Football cette semaine.

Le foot fonctionne souvent par mode. Et pas seulement à la sortie des vestiaires. Sur les terrains de cette Coupe du monde, un truc m’a frappé : la mode du pressing haut, instaurée il y a quelques années par le Barça, n’existe pratiquement plus, à l’exception bien sûr de l’Espagne qui continue de cultiver, finalement, sa différence. Mais 95% des autres sélections jouent désormais le contre. Pourquoi ? Sans doute parce que c’est, justement, une nouvelle mode, celle lancée par le Real Madrid qui a construit ses succès à partir de ce positionnement assez attentiste et ses fulgurantes remontées de balle. Dans l’esprit des entraîneurs, le modèle à suivre maintenant, c’est le Real. C’est lui le patron, c’est lui qui incarne le foot qui gagne. C’est lui, le boss, et non plus le Barça.

Un pressing haut ne te met pas plus en danger qu'un système attentiste

J’avoue ne pas être un très grand fan de ce football-là, qui privilégie la prudence à l’audace et qui implique aussi de disposer d’éléments offensifs de très haut niveau, capables de faire des différences seuls. Même les grandes équipes comme l’Allemagne, le Brésil ou la France n’osent pas y aller, même quand l’adversaire est supposé plus faible... Surtout quand l’adversaire est supposé plus faible !

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Moi, j’aurais préféré que davantage de sélections osent ce principe du pressing haut qui est un faux risque. Bien sûr, en allant chercher l’adversaire très haut, tu te découvres. J’ai l’impression que ce sont ces espaces-là, soi-disant «offerts», qui semblent faire paniquer les sélectionneurs. Ils se disent : «Si notre premier rideau est transpercé, nous sommes en danger.» Mais, pour moi, c’est un faux problème. Un pressing haut ne te met pas plus en danger qu’un système attentiste, avec tes deux lignes, derrière et au milieu, pour protéger l’accès à ton but. En plus, il te raccourcit le chemin au but adverse et augmente ton nombre d’occasions.

Les sélectionneurs se disent : «Si notre premier rideau est transpercé, nous sommes en danger.» Mais, pour moi, c'est un faux problème.

Qu'attendent tous les frileux de cette Coupe du monde pour s'y mettre ?

Et puis, franchement, un pressing haut, c’est beau à voir. C’est une toile d’araignée mise en place qui met du piquant dans le jeu. Fermer les angles dès la relance adverse, c’est comme une partie d’échec où chaque pion bien bougé peut se transformer en possibilité d’attaque. En plus, tu sors l’adversaire de sa zone de confort et tu l’éloignes de ton but. Tu le bouscules, tu perturbes ses plans. Alors qu’attendent tous les frileux de cette Coupe du monde pour s’y mettre ? À l’arrivée, il n’y aura qu’un vainqueur, non ? Et trente et un déçus ! Alors, qu’on en finisse avec ces systèmes trouillards et que l’on pense aussi un peu au spectacle, qui a parfois été horrible. À ce grand rendez-vous des élites, tu n’as pas le droit de passer ton temps à «assurer». Une Coupe du monde, ça peut être aussi l’occasion de lancer une nouvelle mode. Si c’était celle du pressing haut et de l’audace dans l’expression collective, à l’image de la Croatie, la plus belle équipe pour moi jusqu’à présent, je serais le plus heureux des amoureux de foot.