Hamza Mendyl (Schalke)Gelsenkirchen, 11.12.2018, Fussball Champions League, Gruppenphase, FC Schalke 04 - Lokomotive Moskau 1:0 (Uwe Speck/WITTERS/PRESSE SPORT/PRESSE SPORTS)

Hamza Mendyl : «On a tous droit à une seconde chance»

Arrivé cet été en provenance de Schalke 04, l'international marocain de 21 ans compte bien se relancer cette saison à Dijon. Pour FF, Hamza Mendyl s'est confié sur son passage raté en Allemagne, ses débuts au DFCO et sur son principal objectif : retrouver sa place en équipe du Maroc.

«Dès le début du mercato, vous étiez l'une des priorités de Dijon, pourtant votre transfert s'est un peu éternisé...
Oui, mon agent m'avait fait part de l'intérêt de Dijon au début de l'été. Je pense que les négociations ont duré un mois. Ç'a pris du temps parce que d'autres équipes me voulaient en prêt, surtout en Turquie, et il fallait se mettre d'accord avec Schalke 04. J'étais déjà d'accord pour rejoindre Dijon parce que je connais la Ligue 1 et que c'était plus intéressant pour moi. Je voulais un club où j'allais pouvoir jouer et avoir la confiance du coach.

Que vous demande Stéphane Jobard ?
Le coach attend beaucoup de moi. Il me demande d'abord de bien défendre. Parfois j'ai quelques sautes de concentration et je pense trop à attaquer. Il me dit d'utiliser ma vitesse sur le couloir gauche pour mieux me projeter vers l'avant et mieux défendre. Face à Marseille (0-0), par exemple, ma priorité était vraiment de bien défendre face à Sarr et Sakai. Je me suis vraiment concentré sur cette tâche.

Dijon connait un début de saison compliqué en produisant pourtant du jeu...
On fait des bonnes prestations mais on a toujours ce manque de finition parce qu'on se précipite trop devant le but. Ça va venir avec le temps. On est patient et on a confiance en nous. C'est toujours difficile de se lancer, d'obtenir cette première victoire de la saison mais on ne va pas lâcher. On a des bons joueurs et un bon coach, on va réussir à surmonter tout ça.

Se relancer ici, dans un club qui joue le maintien, cela ne vous effraie pas ?
On pourrait dire que je fais un pas en arrière mais je pense que j'en avais besoin pour me retrouver. Ici à Dijon, on est déjà une famille. Et même si on va se battre pour le maintien, ça va me permettre de progresser. Mes coéquipiers m'aident beaucoup. Je retrouve des sensations et je reviens bien physiquement parce que j'avais beaucoup perdu sur ce point-là.

Après votre passage à Schalke 04, vous aviez forcément besoin de temps de jeu...
C'est clair que c'était compliqué. Au début, tout se passait bien. Après, avec le changement d'entraineur (NDLR : Huub Stevens avait remplacé Domenico Tedesco mi-mars), ç'a été plus compliqué pour moi. Mais ça n'avait rien à voir avec le football, c'était une question de discipline. J'ai eu des retards qui ont fait que j'ai été mis hors du groupe. Mais on fait tous des erreurs et on a tous droit à une seconde chance.

Vous aviez décidé de rejoindre le club allemand sans vraiment avoir de saison pleine chez les pros à Lille, vous n'avez pas voulu aller trop vite ?
Non. Les dirigeants de Schalke 04 se sont intéressés à moi, j'ai parlé avec le coach. Il m'a dit que mon style de jeu correspondait à ce qu'il voulait mettre en place. Alors je n'ai pas réfléchi une seule seconde, j'ai vite accepté.

Qu'est-ce que vous retenez de votre passage en Allemagne ?
J'ai moins joué mais au moins j'ai appris qu'il faut être très rigoureux dans le football. C'est très important la discipline. Sur le terrain, j'ai aussi appris tactiquement que ce soit dans le pressing ou dans le placement. J'ai quand même disputé des matches difficiles que je n'imaginais même pas jouer, contre Manchester City en Ligue des champions ou face à Dortmund en Bundesliga.

À Lille, vous avez connu un entraineur plutôt marquant, Marcelo Bielsa. Qu'en avez-vous retenu ?
Quand il est arrivé, je revenais d'une blessure aux ligaments croisés. Je me suis entrainé avec lui seulement deux fois. J'ai joué un match aussi, je m'en rappelle bien. C'était contre Rennes, le jour de mon anniversaire (0-1, le 21 octobre 2017). Il m'avait fait rentrer en deuxième période et j'avais pris un carton rouge. Après ce match, j'étais parti en sélection. Au retour, j'avais loupé mon avion, j'étais arrivé en retard et Marcelo Bielsa n'a plus rien voulu savoir de moi. Il m'a envoyé en réserve. Mais c'est un très bon coach. Je sentais que ses entrainements allaient nous faire progresser, même si on faisait très peu de jeu avec ballon. C'était difficile de prendre du plaisir. Il reste un grand coach surtout quand on voit ce qu'il a fait à Marseille et la manière dont il a fait progresser des joueurs comme Benjamin Mendy, qui est un exemple pour moi.

«En rentrant de sélection, j'étais arrivé en retard et Marcelo Bielsa n'a plus rien voulu savoir de moi»

Un joueur dont le profil peut ressembler au vôtre...
C'est vrai qu'on a un peu le même style (rires). J'aime beaucoup le joueur. Je le suivais tout le temps, je regardais ses matches quand il était à Monaco. À Manchester City, il joue un peu moins et c'est dommage. Mais j'aime son jeu.

Des bonnes performances cette saison pourraient aussi vous rouvrir une porte en sélection, non ?
Oui, je veux revenir avec le Maroc, et faire mieux : je veux gagner ma place en sélection ! En octobre, je serai sélectionné, je veux regagner ma place dans le onze et ne plus en sortir. Je prends beaucoup de plaisir à jouer pour le Maroc. C'est l'équipe nationale qui m'a permis de découvrir le monde professionnel. Ma première fois avec les A, c'est grâce à Hervé Renard. J'évoluais encore avec la réserve de Lille et après ça, j'ai commencé à être présent dans le groupe pro lillois. Beaucoup de supporters me critiquaient et déclaraient que je n'avais pas le niveau, mais Hervé Renard a continué à me faire confiance. Il m'a pris à la CAN en 2017. J'étais le seul latéral gauche et il m'a mis titulaire. C'est celui qui m'a le plus aidé.

Comment s'est passé l'annonce de votre non-sélection à la CAN 2019, Hervé Renard a pu échanger avec vous ?
Il m'avait prévenu deux mois avant. Il m'avait dit que ma situation à Schalke 04 allait me mettre en danger. Il ne pouvait pas m'appeler alors que ça faisait quatre mois que je n'avais plus joué. C'était trop juste. Il m'a aussi dit que pour lui ça n'aurait pas posé de problème. Il me faisait confiance et savait que j'aurais donné mon cœur sur le terrain si j'avais été convoqué. Mais pour les fans, les Marocains et les journalistes, ce ne serait pas passé. Tout le monde se serait demandé pourquoi j'étais convoqué alors que je ne jouais pas en club. Mais je les ai soutenus à la CAN et j'étais énormément déçu pour mes coéquipiers et pour Hervé Renard quand il a quitté le Maroc.

Après votre bonne CAN 2017, vous étiez pourtant attendu...
Oui, je comprends. Personne ne m'attendait et tout le monde disait que je ne pourrais pas faire de bon match. Mais tout a changé après la compétition. Plusieurs clubs se sont intéressés à moi. C'est clair qu'il y avait beaucoup d'attente aussi. J'avais la pression, j'étais le seul à ce poste.

Maintenant, c'est Vahid Halilhodzic qui a repris la sélection marocaine. Vous a-t-il contacté ?
Pas encore, mais il est venu nous voir jouer contre le Mali (1-1) lors des qualifications aux Jeux Olympiques. J'étais plutôt content de ma prestation. La Fédération m'a contacté pour me prévenir de ma convocation pour la prochaine trêve internationale (NDLR: le Maroc affrontera le Gabon et la Lybie). Ça va me permettre de découvrir un peu cet entraineur et ses méthodes.

Au Maroc, vous faites partie de cette première génération issue de l'Académie Mohammed VI, qu'est ce que cela vous a apporté ?
J'avais 10 ans quand je suis arrivé et je suis resté sept ans. C'est là-bas que j'ai tout appris. J'étais entrainé par Nasser Larguet (NDLR: aujourd'hui responsable du centre de formation de l'OM). Au niveau des conditions de travail, c'était top. On avait la chance d'avoir les mêmes installations qu'en Europe. À Lille, je n'étais pas dépaysé, tout était pareil.

Alors, qu'est-ce qu'on peut vous souhaitez cette saison ?
Tout ce que je veux, c'est jouer un maximum et faire une saison pleine, revenir en sélection et retrouver mon vrai niveau avec comme objectif la CAN 2021 aussi, c'est obligé. Je ne vais pas la rater cette fois-ci (rires).»

Hamza Mendyl en action avec Dijon, lors du match face à l'OM de Morgan Sanson. (B.Papon/L'Equipe)

«Je veux regagner ma place dans le onze du Maroc et ne plus en sortir»

«Tout ce que je veux, c'est jouer un maximum et faire une saison pleine»

Hanif Ben Berkane