Bertrand Traoré et l'OL ont perdu contre Reims. (J.Prevost/ L'Equipe) (Bertrand Traoré et l'OL ont p/L'Equipe))

Guion qui gagne face à Genesio, bloc défensif infaillible, Aouar absent : comment le Stade de Reims a fait tomber Lyon

Dans un Delaune garni de près de 19 000 spectateurs, le Stade de Reims a pris provisoirement la tête de la Ligue 1 en faisant tomber Lyon (1-0). Au prix d'une rencontre maîtrisée tactiquement. Mais pas que.

Reims a la baraka. Et on ne parle pas que du club de football, victorieux 1-0 face à Lyon, après avoir été dominé tout le match, et leader provisoire de la Ligue 1 en attendant les neuf autres rencontres du week-end. Non, Reims gagne dans d'autres sports. Juste avant la rencontre, c'est Mahiedine Mekhissi, tout récent champion d'Europe du 3 000 mètres steeple, qui est venu donner le coup d'envoi fictif. Un athlète qui s'affichait même sur les maillots rémois avec le #MonsieurMahiedine après un pari entre le SDR et un internaute. Un soutien qui a visiblement eu du poids.

Guion a battu Genesio

Au prix d'une défense de fer et, il est vrai, d'un Lyon absoluement inefficace, Reims s'est offert le club de Jean-Michel Aulas. Un plan parfaitement exécuté et dont David Guion en ressort comme l'un, si ce n'est le premier gagnant de la soirée. Son système a fait mouche, organisé en 4-2-3-1, qui pouvait se transformer en 4-5-1 sur certaines phases défensives, avec un Marvin Martin généreux qui venait se placer aux côtés de Romao et Chavalerin. De l'autre côté, avec cet OL brouillon dans les vingt derniers mètres, Bruno Genesio n'a jamais trouvé la parade pour perturber et se créer la brèche décisive. Il y a pourtant eu du mouvement. Beaucoup de mouvement entre les Mariano, Aouar, Depay ou Traoré. Mais énormément de déchet (seulement quatre tirs cadrés sur seize). Plus étonnant, et peut-être plus inquiétant encore : c'est comme si les joueurs lyonnais ne se connaissaient plus. Les Gones ont en effet éprouvé les pires difficultés à combiner efficacement. Il y avait déjà eu des inquiétudes dans le jeu face à Amiens en ouverture. Elles sont loin d'avoir disparues...

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Aouar aux abonnés absents

C'est sûrement la principale déception individuelle de la soirée du côté de l'OL. Houssem Aouar a traversé cette rencontre quasiment tel un fantôme (aucun dribble réussi, aucune interception). Surtout, il a semblé parfois perdu, ne sachant pas vraiment où se situer pour se rendre utile. Marchant davantage sur les plates-bandes de Depay qui faisait, il est vrai, un peu ce qu'il voulait question placement. Positionné numéro 8 en début de rencontre, l'international Espoirs a carrément pris le poste d'attaquant de pointe jusqu'en fin de première période. Sevré de ballons, il est davantage descendu chercher le cuir en début de seconde période, parvenant enfin à participer au jeu. Mais c'est tout. Sa tête complètement inoffensive (62e) résumait son match. Bruno Genesio le remplaçait par Martin Terrier (65e). David Guion l'avait ciblé, Aouar a été éteint. Et il va devoir très vite s'y mettre.

Reims, joue-là comme le Montpellier de 2017-18

Depay, seul véritable danger de la soirée rémoise avec un Traoré sur courant alternatif, n'a rien pu faire. En deux matches face à deux équipes cotées de Ligue 1 (Nice et Lyon), le Stade de Reims n'a pas encaissé le moindre but. Après deux rencontres où il a pourtant été copieusement dominé (34 tirs concédés en 180 minutes), Reims en est sorti indemne. Un hasard ? Si un montant l'a sauvé sur la Côte d'Azur, c'est aussi que le club champenois s'est trouvé un bloc défensif de tous les instants. Et ça ne date pas d'aujourd'hui. Meilleure défense de Ligue 2 en 2017-18 grâce à un état d'esprit et une solidarité irréprochables, Reims est reparti sur les mêmes bases. 

Et ce, même avec les pertes des Jeanvier (Brentford) et Da Cruz (Nancy), titulaires indiscutables en Ligue 2. Il fallait voir les Romao, Chavalerin (voir ci-dessous), Fontaine, Abdelhamid se jeter sur tous les ballons tels des morts de faim. Sur les trois derniers cités, seul Abdelhamid avait déjà goûté à l'élite avant le début de cet exercice (20 matches seulement). Pas d'expérience, mais, dans cette organisation quasi-infaillible, une patte Guion, très clairement. De quoi rappeler la solidité du Montpellier de Der Zakarian, deuxième meilleure défense de Ligue 1 la saison dernière. Mais avec tout de même plus de folie lorsqu'il s'agit de se porter vers l'avant. Si Reims continue sur ce rythme, il n'y aura pas que Lyon qui se cassera les dents à Delaune...

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Il fallait voir les Romao, Chavalerin, Fontaine, Abdelhamid se jeter sur tous les ballons tels des morts de faim.

Chavalerin, comme une revanche

Face à Lyon, au coeur de cette organisation défensive performante, un homme a peut-être vécu une soirée un peu particulière. Vous allez comprendre pourquoi. Cet homme, c'est Xavier Chavalerin. A 27 ans, et pour son deuxième match dans l'élite, l'ancien du Red Star a été partout. «Il est en confiance, a confirmé David Guion, après la rencontre. Courir et récupérer, c'est sa spécialité. Il excelle.» A l'aise aux côtés de l'expérimenté Romao, Chavalerin a coupé un maximum de trajectoire lorsque l'OL s'entêtait à attaquer dans l'axe. Toujours sur ses appuis, rarement dépassé, le numéro 7 peut avoir le sentiment du devoir accompli. Un véritable match de l'ombre qui se doit d'être salué. De là à imaginer que le natif de Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise, avait envie de passer un message à un club qui n'a pas voulu croire en lui (deux saisons en réserve entre 2010 et 2012) ? Sûrement.

Timothé Crépin, à Reims