Jun 18, 2016; Foxborough, MA, USA; Argentina forward Gonzalo Higuain (9) celebrates his goal against the Venezuela during the first half of quarter-final play in the 2016 Copa America Centenario soccer tournament at Gillette Stadium. Mandatory Credit: Winslow Townson-USA TODAY Sports (Winslow Townson/USA TODAY SPOR/PRESSE SPORTS)

Gonzalo Higuain prend sa retraite internationale : le bouc émissaire parfait de l'Argentine

À seulement 31 ans, Gonzalo Higuain a décidé de claquer la porte de la sélection en annonçant sa retraite internationale. L'attaquant aux 75 sélections et 31 buts sous la tunique de l'Albiceleste n'avait pas vraiment les faveurs du nouveau sélectionneur Lionel Scaloni. Comme il n'avait pas vraiment celles du peuple argentin. Pourtant, son début d'aventure avec la bande à Messi laissait présager une carrière remplie de réussite. FF.fr revient sur les grandes dates de la carrière en sélection d'un des attaquants les plus doués de sa génération, mais qui aura constitué le souffre-douleur de tout un pays.

10 octobre 2009 : sa première sélection

S’il aurait pu revêtir le maillot des Bleus, c’est avec l’Argentine que Gonzalo Higuain, natif de Brest, a décidé de faire ses classes dans le football international. Son explosion au Real Madrid pousse, tout logiquement, Diego Maradona, alors à la tête de l’Albiceleste, à lui offrir sa première sélection en octobre 2009, à l’aube d’une rencontre capitale face au Pérou dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010. C’est sous une pluie battante, dans son jardin, le Monumental, que le jeune Gonzalo, formé par River Plate, débute sa carrière internationale. Et comme un symbole, pour sa grande première – comme titulaire qui plus est -, il ouvre la voie aux siens, en inscrivant le premier but de la rencontre d’une superbe frappe croisée dans la surface de réparation. L’Argentine s’imposera finalement 2-1 sur un pion salvateur de Martin Palermo au bout du temps additionnel et assurera, par la même occasion, sa qualification pour le Mondial. L’histoire débute donc bien pour cet attaquant racé, pétri de qualités. Et le peuple argentin croit enfin tenir le digne remplaçant des glorieux Crespo et consorts.

17 juin 2010 : sa première Coupe du monde

Grand artisan d’une qualification arrachée aux forceps, c’est tout naturellement que Gonzalo Higuain, 21 ans, participe à sa première Coupe du monde en Afrique du Sud. Et c’est dans la peau d’un titulaire, aux côtés de Lionel Messi et Carlos Tévez, que le joueur du Real la débute. Un choix payant pour Diego Maradona, qui voit son poulain claquer un triplé pour la deuxième joute du groupe B contre la Corée du Sud. Un festival, lors duquel Higuain fait état de son flair et de son sens aiguisé du but. Auteur d’un nouveau but en huitième de finale face au Mexique (3-1) dix jours plus tard, Gonzalo Higuain voit son tournoi prendre fin brutalement lors de la lourde défaite l’Argentine contre l’Allemagne en quart de finale (4-0). Si d’un point de vue collectif l’Argentine a globalement déçu, Gonzalo Higuain, lui, a mis tout le monde d’accord à la faveur d’un talent certain. Rassurant pour l’avenir dira-t-on. Toutefois, celui-ci ne sera qu’un amas de déception.

13 juillet 2014 : une soirée cauchemardesque

Trois ans après une Copa America ratée dans les grandes largeurs à domicile, Gonzalo Higuain retrouve les joies de la Coupe du monde. S’il se montre plutôt discret jusqu’en quart de finale, n’offrant qu’une petite passe décisive à Messi lors du premier match de la compétition face à la Bosnie (2-1), Gonzalo Higuain enfile son costume de sauveur face à la Belgique, venant ainsi qualifier sa troupe en demi-finale du mondial sur une superbe reprise de volée venue se loger dans les filets du malheureux Thibaut Courtois. Et après une drôle de bataille face aux Pays-Bas, Gonzalo Higuain et ses potes se qualifient pour la finale de la Coupe du Monde. Au menu, un duel face à l’Allemagne. Une belle entre les deux équipes, toutes deux sacrées l’une contre l’autre, en 1986 pour l’Argentine et quatre ans plus tard pour l’Allemagne.

Dans un match plutôt fermé, le pauvre Gonzalo Higuain pense, à la demi-heure de jeu, avoir ouvert le score sur un centre millimétré de Lavezzi. Manque de bol, le joueur du Napoli est largement hors-jeu et voit son but logiquement refusé. Un pion qui lui aurait permis de se racheter d’une occasion en or. Une occasion obtenue vingt minutes plus tôt. Sur une remise peu astucieuse de Toni Kroos vers son arrière garde, Higuain en profite pour filer vers les cages et s’offrir un face à face avec Manuel Neuer. Mais l’attaquant se loupe complètement et envoie la sphère très largement à côté. Et comme si cela ne suffisait pas, Gonzalo Higuain voit, en début de deuxième période, le gardien allemand le percuter de plein fouet après une sortie bien musclée. Un choc qui lui vaudra même quelques remontrances par l’arbitre de la finale, Nicola Rizzoli, qui siffle faute sur le gardien allemand. Une soirée cauchemardesque pour Higuain qui verra les allemands soulever, après prolongation, le trophée le plus convoité de la planète foot.

Une soirée cauchemardesque pour Higuain qui verra les allemands soulever, après prolongation, le trophée le plus convoité de la planète foot.

4 juillet 2015 : la malédiction Higuain ?

Moins d’un an après sa désillusion au Maracana, Gonzalo Higuain a l’occasion de se racheter auprès de tout un peuple. En quête de son premier titre depuis 1993, l’Albiceleste espère bien jouer un mauvais tour au Chili en finale de sa Copa America. À l’issue d’un match haché, Gonzalo Higuain – auteur de deux buts dans la compétition - a, au bout du bout du temps additionnel, l’opportunité unique d’offrir à son pays une joie immense.

Sur une contre-attaque initiée par Leo Messi, Lavezzi envoie un centre fuyant au second poteau. Higuain, alors entré en jeu en cours de match, tacle mais ne parvient pas à rabattre correctement la trajectoire du ballon. Une situation difficile à finaliser, que les hommes de Tata Martino, alors sélectionneur de l’Argentine, ne parviendront pas à surmonter. Réellement maudit, le numéro 9 argentin voit, lors de la séance des tirs au but, sa tentative s’envoler dans le ciel de Santiago. La presse argentine s’abat alors sur lui et commence à douter de sa capacité à briller lors des rencontres à enjeux.

26 juin 2016 : le coupable idéal

Auteur d’une saison historique avec le Napoli – 36 buts en Serie A, un record - Higuain aborde la Copa America Centenario avec un moral au beau fixe. Avec ses quatre buts dans le tournoi, il est l'un des grands artisans de la qualification en finale de l’Albiceleste. Et le destin lui donne la possibilité de se racheter face à cette même équipe du Chili. Mais, écrasé par la pression, l’attaquant se rend coupable d’un nouveau raté grotesque sur un face à face avec Claudio Bravo. Remplacé en deuxième période par Sergio Aguero, c’est depuis le banc que Gonzalo Higuain assistera à la séance de tirs au but, durant laquelle il verra ses coéquipiers se décomposer et perdre, pour la troisième fois de suite en deux ans, une finale d’une compétition majeure. La rupture est alors consommée. Gonzalo Higuain est alors, pour l’ensemble de la presse et des observateurs argentins, le coupable tout désigné des déroutes de la sélection.

Mehdi Arhab