Gilles Cioni, ici sous le maillot de Bastia en L1, est aujourd'hui capitaine du club corse. (Romain/Presse Sports)

Gilles Cioni (Bastia) : «Je n'ai pas moins de pression en N3 qu'en L1»

Gilles Cioni, resté à Bastia malgré la rétrogradation en Cinquième Division, conserve la même détermination à défendre les couleurs du Sporting, qui se déplace ce samedi à Cannes (15 heures).

Le SC Bastia se déplace cet après-midi (15 heures) chez un autre club historique du Championnat de France, l'AS Cannes. Il s'agit pourtant d'une rencontre de National 3, le cinquième échelon national, dans laquelle évoluera Gilles Cioni. Le latéral de trente-trois ans a signé un nouveau contrat de deux saisons avec le Sporting, dont il est devenu capitaine, malgré le passage au niveau amateur du club. Et il compte bien lui permettre de remonter.

«Comment avez-vous subi le dépôt de bilan du club cet été ?
Au moment de la rétrogradation, ça a été dur pour les joueurs corses, on a attendu jusqu'au bout, jusqu'à la deuxième quinzaine de juillet, pour être fixés. Après l'appel devant la DNCG. J'ai continué à m'entraîner avec la réserve, qui est devenue l'équipe première, puis seul quand le club a complètement fermé pendant quelques jours. Je voulais être en forme si un club m'appelait.

Cet appel est-il arrivé ?
Un club pro, l'AC Ajaccio (L 2), m'a appelé autour du 20 septembre. J'avais déjà repris avec l'équipe actuelle du Sporting, mais sans rien signer. J'ai pesé le pour et le contre. Le Sporting est mon club de cœur, j'ai trente-trois ans et deux enfants. Soit je voyais le court terme en continuant en pro, une bataille de tous les instants pendant un ou deux ans. Soit je choisissais les trente prochaines années avec une reconversion au Sporting, après avoir essayé de faire remonter le club d'une ou deux divisions. J'ai aussi racheté l'entreprise familiale, basée dans la région bastiaise. La manière de fonctionner du club reste très pro, donc ça n'a pas été un choc terrible pour moi.

Déjà en 2010, vous aviez fait le choix du Sporting...
Là aussi c'était quand le club n'était pas au mieux, avec la descente en National. À ce moment-là, je devais arrêter le foot, je sortais de deux saisons au Paris FC en National. Du côté de Bastia, un latéral était à l'essai. Mais Frédéric Hantz (l'entraîneur) a parlé de moi dans une réunion. Et il préférait me prendre moi, un Corse, plutôt qu'un joueur qui aurait besoin de s'adapter. Je suis arrivé fin juin, alors que je ne pensais pas forcément rejoindre le Sporting, je n'avais pas fait acte de candidature, même si j'avais suivi la saison du club et avais été déçu de la descente. Sept ans après, l'aventure continue...

«Le Sporting ne peut pas rester en divisions amateurs»

En 2010-2011, vous aviez déjà croisé la route de Cannes, votre adversaire du jour...
Le match aller, c'était pourtant en début de saison, mais j'étais déjà suspendu pour trois cartons (sourire). Au retour, on a fait 0-0 à Furiani. C'était un match tendu, il faisait assez froid et il y avait un monde de fou au stade. En face, il y avait quand même Jan Koller.

Le Championnat de National 3 est pour l'instant très serré dans le haut de tableau (les cinq premiers se tiennent en trois points, dont Bastia, 4e et Cannes, 5e)
Je l'ai dit en début de saison lorsqu'on s'est exprimé devant les supporters : ce n'est pas parce qu'on s'appelle Bastia qu'on va entrer sur le terrain et gagner. Il y a beaucoup de clubs amateurs bien structurés, compétitifs. Je ne leur ai pas demandé de l'indulgence, mais je leur ai dit qu'on avait vraiment un mois de retard sur les autres équipes et qu'on allait le combler.

Du côté de Cannes, le président Johan Micoud veut être le premier à vous faire tomber cette saison...
Je le comprends. Mais on ne se met pas de pression inutile. J'ai dit la même chose aux joueurs avant le match contre Aubagne (0-0, le 11 novembre), si on perdait ça ne serait pas fini pour la montée, si on gagnait on ne serait pas en N 2. Le Championnat est très long. Il faut avoir de la pression pour être concernés, mais pas inhibés.

Vous êtes devenu capitaine du Sporting après le départ de Yannick Cahuzac à Toulouse. C'est particulier pour vous ?
C'est assez spécial. C'est bien sûr une grande fierté, un honneur, mais ça n'aurait pas dû être comme ça. J'aurais dû accompagner Cahuzac en tant que lieutenant, soldat. C'est une grande responsabilité. Je n'ai pas moins de pression en N 3 qu'en L 1. Je mesure ce que ça implique d'être là. Le Sporting se doit de remonter, ne peut pas rester en divisions amateurs. Je suis prêt à repartir au combat, à me lever à 6 heures et à rentrer à 22 heures si on joue un match sur le continent. Je ne me suis pas dit que j'allais passer deux ans en préretraite ici. J'ai ce club dans les tripes, et je ne peux pas faillir. L'image que je donnerai, notamment aux jeunes, serait désastreuse. J'ai une responsabilité.»