laborde (gaetan) (NEGREL CHRISTOPHE/L'Equipe)

Gaëtan Laborde (Montpellier) : «Il ne faut pas briser le rêve des enfants»

A 24 ans, avec ses dix buts, il réalise la saison la plus aboutie de sa carrière en Ligue 1. De sa jeunesse à aujourd'hui, Gaëtan Laborde, l'attaquant de Montpellier, s'est prêté au questionnaire du jour où de FF. Avec notamment le souvenir de profs d'école qui ne lui disaient que du mal sur son rêve de devenir footballeur professionnel.

Le jour où il touche un ballon pour la première fois
«Je pense que c'est le jour où j'ai commencé à marcher ! Je suis toujours avec un ballon dans les pieds depuis tout petit, toujours avec mes grands frères. Mes premiers matches, ç'a été avec eux. Ç'a toujours été foot, foot, foot. Mon premier stade, c'était chez moi à Mont-de-Marsan. Ils étaient en CFA 2. J'y allais avec mon père et mes frères.»

Le jour où il se met au rugby, lui le natif de Mont-de-Marsan
«C'est arrivé. C'est vrai que tu as principalement du rugby à Mont-de-Marsan ! On y jouait avec les potes de temps en temps. A l'école aussi. Mais il y avait la place pour le foot car ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de bons joueurs de foot, de bons éducateurs et de bons formateurs.»

«Le plus choquant à Paris ? Les bouchons !»

Le jour où il se dit qu'il va faire autre chose que du foot
«L'objectif, toute ma vie, a toujours été d'être footballeur. Petit, quand il fallait dire sur un bout de papier ce que tu voulais faire plus tard, j'écrivais toujours footballeur. Même si en sixième, en cinquième, c'est arrivé que des professeurs me disent que ce n'était pas un métier. Je leur disais que si, et que ça allait être le mien. Je n'ai jamais changé. Quelques années plus tard, quand je suis passé professionnel, je les ai recroisés, et ils ont reconnu leurs erreurs. Je leur avais dit qu'il ne faut pas briser le rêve des enfants. Personnellement, j'étais motivé, mais d'autres auraient pu se laisser influencer. On m'a dit que j'avais raison et qu'ils feraient désormais attention.»
 
Le jour où il remporte la Gambardella avec Bordeaux
«Je suis arrivé en préformation à 14 ans. La Gambardella reste la cerise sur la gateau de ma formation, le point culminant et mon plus beau souvenir. Une aventure exceptionnelle avec un groupe exceptionnel. Je marque en finale (85e, victoire 1-0 contre Sedan) au Stade de France. Dès qu'on croise des anciens coéquipiers, comme Théo Pellenard (Angers) avec qui je suis très proche, ou Valentin Vada (Saint-Etienne), on en parle, en se disant qu'on a bien grandi depuis.»

Le jour où il signe au Red Star (2013-14) et découvre Paris
«C'est vraiment un autre monde, c'est particulier. C'est sûr que si tu passes directement de Mont-de-Marsan à Paris... Ce qui m'a le plus choqué ? Les bouchons ! Le monde, la diversité, les touristes. Y habiter au quotidien, je sais pas.... Parce que si je vais vivre là-bas, c'est pour jouer au PSG, donc ça devient plus compliqué (Il sourit)

«Si je vais vivre là-bas, c'est pour jouer au PSG, donc ça devient plus compliqué»

Le jour où Bordeaux le pousse vers la sortie
«Ça n'a pas vraiment été difficile puisque j'avais également envie de partir. J'arrivais dans une situation où le coach me faisait bien comprendre que je n'étais pas forcément désirer. Pas de problème, j'ai eu des opportunités, je les ai saisies. Sans regret. J'ai fait mon temps. Je me suis imposé sur une saison (NDLR : Il marque six buts en 2016-17, en étant un titulaire indiscutable en seconde partie d'exercice). Je pensais enchaîner la saison suivante, cela n'a pas été le cas, ils ne m'ont pas donné les clés et la confiance. J'ai eu cette blessure (NDLR : au pied, fin octobre 2017. Il a été éloigné des terrains pendant trois mois) qui m'a encore plus retardé. On fait une très bonne fin de saison avec Malcom et Kamano, tu penses qu'on va te faire confiance, j'ai de belles offres ailleurs que je n'étudie même pas parce que je voulais vraiment m'imposer à Bordeaux. J'ai tout donné, j'ai fait tout ce que j'avais à faire. Derrière, ce sont des choses qui ne dépendaient pas de moi. Ils m'ont fait jouer quand ils en avaient besoin, j'ai commencé à marquer, je les ai relancés après ma blessure, avant d'être encore remis sur le banc. Quand j'ai joué, je me suis toujours donné à 100%. Donc à un moment, on s'est dit qu'on n'allait pas foncer dans un mur. Je suis resté moi-même. C'est pour ça que je suis très tranquille dans ma tête. Je sais que j'ai été réglo. J'ai marqué mes buts. Surtout, j'avance.»

«Diacre, si je m'en retrouve là, c'est sûrement aussi grâce à elle»

Le jour où il a dit merci à Corinne Diacre
«J'avais presque fait une première demi-saison blanche à Bordeaux (NDLR : Une seule apparition en Ligue 1 ; il a été prêté six mois à Clermont, coaché par Diacre). Dès que je suis arrivé, elle m'a directement mis en confiance, elle a eu de bons mots. Elle m'a fait jouer, j'étais dans une période où c'était très important. Ça m'a relancé, j'ai fait six très bons mois en Ligue 2 (NDLR : huit buts en dix-huit matches). J'ai pu reprendre confiance en moi. J'avais besoin qu'un coach me fasse confiance comme ça. Elle l'a fait au bon moment. Si je m'en retrouve là, c'est sûrement aussi grâce à elle.»

«Bordeaux ? On s'est dit qu'on n'allait pas foncer dans un mur»

Le jour où il se lance dans une autre activité
«J'ai déjà développé une activité de marchand de biens. C'est du rachat, de la rénovation, trouver les bons coups, essayer de bien négocier les prix. Faire ensuite appel aux bons artisans qui vont te rénover à bas prix avec de la qualité. Derrière, tu revends avec des bénéfices. J'apprends. J'ai fait des rencontres avec des professionnels, etc. (On lui demande son avis au sujet des footballeurs victimes d'escroqueries immobilières) J'ai vu ça. Cela ne me touche pas, j'ai de la chance. Il faut aussi bien s'entourer car une mauvaise affaire peut te ruiner sur plusieurs années. J'ai une personne de confiance qui travaille avec moi et qui gère mon patrimoine. Il m'épaule parce que parfois ça devient compliqué. Moi aussi j'aurais pu me faire piéger.»

«Jouer la Ligue des champions»

Le jour où il met les mains au ciel après avoir marqué face à Bordeaux (à l'aller, 2-0)
«C'était pour ma grand-mère, décédée il y a deux ans. Avec mon papy, ils étaient des fans absolus de Bordeaux. Forcément, quand j'ai signé là-bas, ils étaient des plus fiers. Ils étaient également très heureux que je passe professionnel. Quand j'étais en formation, elle venait très souvent. Ensuite, avec ses problèmes de santé, elle n'a pas pu venir au stade me voir jouer en Ligue 1 ni faire d'autres choses qu'elle rêvait de faire. Donc, sur ce match, je suis certain qu'elle me regardait, et j'ai voulu avoir une pensée pour elle.»

Le jour où il jouera à l'étranger
«Je ne sais pas si c'est une envie, mais bien sûr que ça peut arriver. Mais je ne suis pas là à dire que je veux y aller absolument. Si j'ai une bonne opportunité qui se présente, avec une belle équipe, pourquoi pas ! L'Espagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne. Surtout, ce que je souhaite, c'est jouer la Ligue des champions. Tous les joueurs rêvent de ça.»

Timothé Crépin