(L'Equipe)

Franz Beckenbauer (Allemagne), nouvel épisode de nos 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

13 mars - 14 juin : dans exactement 92 jours débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Neuvième épisode avec Franz Beckenbauer.

Son histoire avec la Coupe du monde

1966, 1970, 1974 : trois éditions, chacune d’entre elles disputée dans la peau d’un titulaire, la dernière victorieuse dans le costume de capitaine. Franz Beckenbauer, qui remportera le trophée en tant qu’entraîneur quelques années plus tard, aura marqué l’histoire du football allemand et de la Coupe du monde. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque, à l’heure de ses débuts dans la compétition en 1966, à seulement 21 ans, le défenseur allemand inscrivait un doublé contre la Suisse ? Beckenbauer avait ajouté deux autres unités à son compteur, contre l’Uruguay, puis contre l’URSS, face à laquelle le joueur du Bayern offrait la victoire aux siens d’une superbe frappe lointaine.

Si la sélection allemande échouera en finale face à l’Angleterre (4-2 a.p), puis en demi-finale contre l’Italie quatre ans plus tard (4-3 a.p), Beckenbauer et les siens soulèveront finalement la deuxième Coupe du monde de l’Allemagne en 1974, vingt ans après la première.

Le moment marquant

En 1970, lors de la demi-finale face à l’Italie (perdue 4-3 a.p), Franz Beckenbauer se casse la clavicule suite à un choc avec un adversaire dans le temps additionnel. Le sélectionneur Helmut Schön ayant effectué ses trois changements, le jeune défenseur allemand refusait de sortir et finissait le match avec le bras en bandoulière. La prolongation qui suivait était l’une des plus dantesques de l’histoire du Mondial. Gerd Müller donnait l’avantage aux siens, puis égalisait après deux buts des Italiens (3-3). Finalement, l’Italie l’emportera, Franz Beckenbauer n’étant pas assez prompt pour intervenir face à Rivera (4-3).

Beckenbauer avec le bras en bandoulière face à l'Italie. (L'Equipe)

Le chiffre : 78

Comme le pourcentage de victoires de Beckenbauer en Coupe du monde. Les trois campagnes auxquelles le Kaizer a participé ont été de francs succès, la sélection allemande n’ayant jamais connu l’élimination avant la demi-finale.

L'archive de FF

En 1977, trois ans après le sacre de l’Allemagne dans la compétition et onze ans après ses débuts en Coupe du monde, FF écrit le rôle de Beckenbauer en 1966, citant l’intéressé : «Son style, qui alliait l'élégance à l'efficacité, subit à l'occasion de la Coupe du monde 66, une sérieuse métamorphose. De défensif, il devint résolument offensif. Toutefois, les éloges qui déferlèrent sur lui, à la suite de sa neutralisation de Bobby Charlton, ne le touchèrent pas. Tout au moins pas en apparence ! "Je crois, nous a-t-il confié, qu'on avait, à l'époque, une fausse opinion du rôle de demi. Plus ça va et plus je considère que le demi défensif existe aussi peu que le demi offensif. Dans le football moderne, tout le monde doit être disponible et prêt à assumer toutes les missions, qu'elles servent la cause des attaquants ou celle des défenseurs. En cherchant à freiner l'élan de Charlton à limiter son rayon d'action, je ne suis pas en mesure de vous préciser si, en la circonstance, j'étais plus précieux à ma défense ou plus utile à mon attaque. En revanche, je reconnais volontiers que lors de la finale, les données tactiques n'étaient plus mêmes, car aux côtés de Helmut Haller et de Wolgfang Overath, j'avais reçu une mission spéciale. L'ai-je bien remplie ? Si je m'en tiens au fait que Bobby Charlton n'a marqué aucun but, je suis en droit de croire que j'ai assez bien manœuvré. J'ai complimenté timidement, mais sincèrement, Bobby pour sa victoire (4-2), comme lui a tenu à me féliciter de mon comportement qu'il avait, selon ses propres termes, trouvé exemplaire”.»

Antonin Deslandes