nzonzi (steven) (R. Martin/L'Equipe)

France-Irlande : la progression de Steven Nzonzi, du FC Séville à l'équipe de France

Steven Nzonzi a été sélectionné parmi les vingt-trois joueurs retenus par Didier Deschamps pour la Coupe du monde en Russie. Un rêve encore inespéré il y a un an pour le milieu de terrain qui s'est fait un nom sous le maillot du FC Séville.

A chaque liste sa surprise, celle de cette année se nommant Steven Nzonzi. En novembre 2016, le milieu de terrain s'était confié sur son rêve international dans un entretien accordé à L'Equipe : «Je n'ai jamais eu de contacts avec l'équipe de France. On ne sait même pas que je suis Français, donc il n'y a rien d'évident pour ma part.» Moins de deux ans plus tard, le voilà convoqué par Didier Deschamps pour la Coupe du monde en Russie, six mois seulement après avoir connu ses deux premières sélections sous le maillot bleu. A vingt-neuf ans, Nzonzi est enfin reconnu dans son pays après trois saisons convaincantes au FC Séville.

Lire aussi : La fiche de Steven Nzonzi

Emery et Sampaoli : les artisans d'une progression fulgurante

Après avoir effectué sa formation à Amiens, Nzonzi tente l’aventure en Premier League. D’abord à Blackburn, puis à Stoke City, où il commence à faire parler de lui. Au point de susciter l’intérêt du FC Séville. Le club espagnol débourse environ huit millions d’euros à l’été 2015 pour s’attacher les services de ce grand gabarit (1m96). Il y découvre la Ligue des champions, remporte finalement la Ligue Europa et évolue au contact d’un certain Unai Emery. «C’est un coach très exigeant, il fait attention au moindre détail, je n’avais pas encore connu ça. Il faisait attention au comportement de chaque joueur dans le vestiaire, a-t-il expliqué dans L’Equipe. Il m’a fait progresser, pas seulement sur le terrain, mais aussi dans le comportement à avoir en dehors et sur le plan tactique.»

Il s’impose rapidement comme un titulaire indiscutable aux côtés de Grzegorz Krychowiak devant la défense et séduit la presse espagnole. En avril 2016, Séville se met à rêver d’un troisième titre d’affilée en Ligue Europa. A l’époque, le quotidien Marca considère déjà Nzonzi comme un élément important de l’équipe.«Si les troupes d’Unai Emery veulent soulever un trophée, ils auront besoin d’un duo au top au milieu de terrain. Nzonzi pourrait être un joueur clé dans la demi-finale, affirme le média espagnol. Il a montré une force physique que peu de joueurs peuvent égaler.»

«Nzonzi a montré une force physique que peu de joueurs peuvent égaler»

Il continue sa progression sous les ordres de Jorge Sampaoli, le successeur d’Emery sur le banc sévillan. Le technicien argentin permet à Nzonzi de prendre une nouvelle dimension. L’ancien joueur d’Amiens devient le véritable patron dans l’entrejeu, peu importe le système proposé par Sampaoli, du 3-4-3 au 4-1-4-1. Lors de cette saison 2016-2017, il manque seulement trois matches en Liga et dispute toutes les rencontres en Ligue des champions (élimination en 1/8e par Leicester). Et ses progrès ne passent pas inaperçus en Espagne. «Ceux qui suivent Nzonzi au quotidien doivent halluciner de voir l’énorme progression d’un joueur qui a vraiment explosé cette année et qui est devenu un des milieux de terrain les plus complets du paysage footballistique», écrit alors Marca.  Une reconnaissance unanime puisqu’il est élu joueur du mois de janvier 2017 en Liga. L’équipe de France ne semble alors plus très loin.

Une saison sous turbulences

Les portes de la sélection s’ouvrent pour Nzonzi en novembre 2017. A l’occasion des matches amicaux face au Pays de Galles et l’Allemagne, il connaît ses deux premières capes sous le maillot bleu. Une aubaine à quelques mois du Mondial en Russie. Seulement, sa situation en club se détériore très sérieusement. Eduardo Berizzo - qui a succédé à Sampaoli à l’été 2017 - décide de sortir le nouvel international français à la pause d’un match de Ligue des champions contre Liverpool (3-3), le 21 novembre. La rupture est consommée entre les deux hommes et Nzonzi est absent du groupe pour les sept matches suivants. «Mon avenir est clairement ailleurs qu’à Séville. La seule chose qui me déçoive, c’est la manière dont ça se termine», confesse le milieu défensif dans un entretien accordé à FF, le 5 décembre dernier. Un départ obligatoire pour retrouver du temps de jeu et convaincre le sélectionneur Didier Deschamps.

Lire aussi : Nzonzi : «C'est mieux que ça s'arrête avec Séville»

Mais Berizzo est licencié à la fin du mois de décembre et laisse sa place à Vincenzo Montella, qui affirme compter sur Nzonzi lors de sa première conférence de presse :«Pour moi, c’est un très bon joueur. D’abord, je vais lui parler pour connaître son état d’esprit mais c’est un joueur important de Séville.» L'intéressé retrouve son poste de sentinelle et livre de bonnes prestations contre Manchester United et le Bayern Munich en Ligue des champions. Puissant physiquement, à l’aise techniquement, il redevient incontournable au FC Séville. «Nzonzi se trouve être un des joueurs essentiels de cette équipe. Avec Banega, ils constituent la meilleure ligne de l’équipe», analyse Marca en avril 2018. En revanche, il est très critiqué pour une sortie en boîte de nuit après la défaite en finale de Coupe du Roi contre Barcelone (0-5) et doit s’excuser publiquement. Un écart de conduite au cœur d’une saison agitée qui n’empêche toutefois pas Nzonzi de faire partie de l’aventure mondialiste en Russie. La nouvelle doublure de N’Golo Kanté devrait même débuter le match de préparation face à l’Irlande, ce lundi soir (21 heures). Une belle occasion pour lui de démontrer qu’il n’a vraiment pas volé sa place.  

Clément Gavard