messi (lionel) blatter (sepp) (R.Martin/L'Equipe)

France-Argentine : Lionel Messi et les matches couperets en Coupe du monde, comment ça se passe ?

Pour sa quatrième participation à la Coupe du monde, Lionel Messi va disputer une quatrième phase finale. Et avant de rencontrer la France en huitièmes à Kazan, FF s'est posé la question : Lionel Messi et les matches à élimination directe au Mondial, qu'est-ce que ça donne ?

4/4. Lionel Messi a obtenu un ticket pour la phase finale d'une Coupe du monde pour la quatrième fois consécutive. Mais après sept matches à élimination directe disputés, l’histoire de la Pulga avec les rencontres décisives s’inscrit pour le moment en pointillés, entre contre-performances et moments marquants. L’histoire commence en 2006. Léo n’est qu’un gamin de 19 ans, une jeune promesse du football mondial que la Masia a couvé, modelé et mis en condition pour le grand bain. Après des poules maîtrisées, où le jeune numéro 18 inscrit son premier but en Coupe du monde face à la Serbie à la suite d’un mouvement collectif magnifique, c’est le moment tant attendu pour l’Argentine, qui n’a plus soulevé le trophée depuis 1986 et l’époque Maradona. Lionel Messi, face au Mexique en huitièmes, est remplaçant. Au bout de 84 minutes, le petit lutin de Rosario entre en jeu à la place de Javier Saviola. Un but refusé à la 90+1e, une prolongation et un missile légendaire de Maxi Rodriguez, la dramaturgie du match offre finalement au gaucher du Barça son premier quart dans un Mondial. Un match qu’il ne jouera pas, alors que l’Albiceleste est éliminée par l’Allemagne aux tirs au but.

Quatre ans plus tard, Lionel Messi est devenu indiscutable avec les ciel et blanc. Et l’Argentine retrouve le Mexique, une nouvelle fois. Ce soir-là, la Pulga offre une passe décisive malgré un match décevant, alors que la tenaille aztèque a particulièrement ciblé la star du Barça. Ridicule au tour suivant, l’Argentine est sortie, une nouvelle fois par l'Allemagne, large vainqueur 4-0. Messi ne peut rien, n'a pas inscrit le moindre but du Mondial, malgré ses 29 tirs, et les premières critiques se font acerbes... Comme pour son alter ego Cristiano Ronaldo, l'attente est immense, les analyses se font plus exigeantes, et les matches moyens deviennent autant de raisons de lancer des blâmes.

Un Mondial 2010 terminé avec un zéro pointé.

2014, le seul pion de Messi... aux tirs au but

Effacées, les critiques du Mondial sud-africain sont rapidement gommées par les prestations XXL du Messi(e) argentin lors des poules de la Coupe du monde 2014. Et quand vient le huitième de finale face à la Suisse, le magicien se transforme, se mute en héros. Une victoire 1-0 au bout de la prolongation, avec une passe décisive de Messi pour Di Maria, buteur. Un des faits d'arme majeurs de Messi dans son histoire avec la Coupe du monde.

Le tir au but de Messi face aux Pays-Bas en 2014 : la seule fois où il a fait trembler les filets en phase finale d'une Coupe du monde. (Tim Groothuis/WITTERS/PRESSE S/PRESSE SPORTS)

Autour d'un asado traditionnel, un bout de viande grillée, un maté, un verre ou au détour d'une conversation, l'Argentine voit à l'époque dans les prouesses de son génie la succession de Diego Armando Maradona, el Pibe de Oro, qui soulevait la Coupe du monde 1986. La suite du Mondial 2014, et de ce huitième fondateur face à la Suisse, sera pourtant bien plus compliquée pour Lionel Messi. En quarts, l'attaquant du Barça passe inaperçu, malgré la qualification de l'Albiceleste devant la Belgique (1-0). En demi-finales, face aux Pays-Bas, Léo n'y arrive toujours pas. Les filets semblent peu enclins à accueillir les frappes du numéro 10 argentin, qui n'a toujours pas marqué lors des matches à élimination directe. Que ce soit en 2006, 2010 ou en 2014...  La fin de match haletante face aux Néerlandais sera pourtant celle du salut. Premier tireur de la séance de tirs au but, Messi s'avance avec calme, et piège le gardien des Oranje Jasper Cillessen à contre-pied. Plat du pied, sécurité, Léo Messi est rassuré. Il vient de trouver les filets pour la première fois de sa carrière au second tour d'une Coupe du monde. Et sera honoré du trophée de meilleur joueur du tournoi, à la surprise générale, après une finale perdue face aux Allemands dans laquelle il ne trouvera jamais la faille et pour laquelle il obtiendra difficilement la moyenne.

Messi n'a jamais perdu en huitièmes de finale

On l'aura compris, si Lionel Messi est capable du meilleur, du génial et parfois même de l'irrationnel, les phases finales de Coupe du monde ne sont pas, du moins pour le moment, sa tasse de thé. Pas de but, deux uniques passes décisives et un petit penalty, les standards de la Pulga avec Barcelone ou l'Argentine ne trouvent pas écho avec les rencontres à élimination directe des tournois mondiaux. Pourtant, la France ne le sait que trop peu, il restera le danger numéro un d'une équipe souffrante mais valeureuse. Et si les performances individuelles du capitaine de l'Albiceleste restent en demi-teinte, ses réussites collectives ne devraient pas ravir les Bleus. En effet, Lionel Messi n'a jamais perdu en huitièmes de finale. 2006, 2010 et 2014 confondus, l'Argentine a connu trois victoires. Et ce fut les seuls où Lionel Messi fut numériquement décisif, signant une passe décisive lors des deux dernières éditions à cet échelon. Les yeux de la planète seront une nouvelle fois rivés sur le barbu de Rosario. Car Messi ne perd finalement jamais de sa superbe. Et si les Dieux du football ont l'antidote à la Pulga, ils semblent parfois bien les seuls. «Messi ? Il n'y a personne sur cette Terre pour trouver le remède», analysait le défenseur des Bleus Presnel Kimpembe. Rendez-vous ce samedi pour le savoir.

Antoine Bourlon