ikone (jonathan) (S.Mantey/L'Equipe)

France-Andorre (3-0) : les débuts prometteurs de Jonathan Ikoné

Ses premiers pas chez les A auront été une réussite. Un premier but, une première passe décisive, et la sensation d'avoir, déjà, la pleine confiance de Didier Deschamps.

Il ne lui avait fallu que huit minutes contre l’Albanie, samedi (4-1), pour graver son nom dans le livre d’or de l’Equipe de France. Un premier appui, une remise subtile de Nabil Fekir, et le Lillois s’en était allé crucifier Thomas Strakosha à la 85e minute. En inscrivant un but dès sa première apparition sous le maillot bleu, il entrait tout droit dans la lignée des Just Fontaine, Michel Platini ou autres Zinédine Zidane. Histoire de se prévaloir de toute comparaison hâtive, c'est aussi celle des Marvin Martin et Bafétimbi Gomis, aux destinées internationales moins mémorables. Au-delà de l’anecdote, la confiance octroyée par Didier Deschamps est saisissante. Mine de rien, le sélectionneur tricolore l’a utilisé à deux reprises dans des rencontres qui, rappelons-le, avaient tout de même pour finalité l’accession à l’Euro 2020.

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Par le passé, le champion du monde 98 s’était montré réticent à lancer Thauvin ou Fekir quand la pression du résultat s’intensifiait. Y compris face à des adversaires de la même facture que celui du soir. Cette fois, Deschamps a senti le bon coup venir. Une récompense de l’audace du gamin de Bondy, à l’aise dès ses premières séances. L’angoisse d’une première titularisation au Stade de France n’a d’ailleurs pas fait trembler sa patte gauche. Comme en Espoirs, Ikoné était placé sur le couloir droit, à défaut de son axe de prédilection où Antoine Griezmann a toujours carte blanche. Pas fâché du sacrifice, le Lillois a dépassé sa stricte fonction pour venir apporter le surnombre au cœur du jeu. C’est d’ailleurs lui qui s’infiltrait dans la surface andorrane dès l’entame, provoquant les premières sueurs froides d’Ildefons Lima (2e). Un réaxement censé faire les affaires de Léo Dubois si le Lyonnais n’avait pas fait preuve d’un déchet sans nom dans ses centres. Quoiqu’il en soit, Ikoné délivrait ensuite un amour de ballon dans l’espace pour Kingsley Coman, qui piquait par-dessus Gomes pour l’ouverture du score (19e). En ce début de partie, la jeunesse parisienne était à la fête.

Trente-deux minutes en bleu à ce moment de la partie, un but et une passe décisive au compteur, difficile d’imaginer meilleur ratio. La belle impression se confirmait tout au long du premier acte. Dans cette partie de handball où la prise de risques n’était pas évidente, lui était à l’initiative avec une justesse impressionnante. Avec, au passage, quelques gestes techniques bien sentis pour réveiller des tribunes un peu endormies par le manque de rythme. Et une très grosse activité à la récupération afin d’amadouer son coach. Sa seule fausse note : une quasi-disparition en deuxième période, où les signes de fatigue étaient apparents. Emoussé, il finit par céder sa place à Lemar (63e). Un repos qui ne sera pas de trop avant les grosses échéances à venir. Avec Lille cette fois.

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Le grand gagnant du rassemblement ?

Une chose est sûre : depuis quelques mois, Didier Deschamps a travaillé l’organisation de ses ailiers. Avec une régularité notoire. Quand l’un rentre dans l’axe pour participer au jeu et laisser libre cours à son latéral, l’autre percute davantage sur son couloir. Le premier se situe d’habitude à gauche (Lemar, Matuidi), le second à droite (Mbappé, Coman). Un équilibre qui sied parfaitement au pragmatique Deschamps. Avec Ikoné à droite et le Munichois à gauche, les rôles étaient cette fois intervertis. Le Lillois a créé les décalages, perforé les lignes, proposé des solutions de passe… Le tout sans trop goûter à une profondeur qui, ce mardi soir, n’existait pas. Ce qui donne, dans le meilleur des mondes, deux joueurs dits d’intérieur (Lemar et Ikoné) et deux dits de couloir (Mbappé et Coman) dans l’effectif de Deschamps. Cette variété des registres, rendant chaque cartouche imprévisible, doit sans nul doute faire saliver le sélectionneur, qui a bien conscience que l’efficacité de son secteur offensif en dépend. Autant dire qu’Ikoné a de grandes chances de repointer le bout de son nez à l’avenir…

Corentin Rolland