Florian Sotoca (Lens) : «Passer professionnel, c'était le rêve d'une vie»

«Cette saison, le RC Lens a démarré fort avant de connaître un léger coup de mou, puis de repartir de plus belle. Comment analysez-vous cette première partie d'exercice ?
On a très bien démarré, puis connu une petite période de doutes, c'est vrai. Celle-ci coïncidait avec la fin du mercato et je crois que cela a pu jouer. Mais depuis mi-septembre, on a trouvé notre rythme de croisière et enchaîné les bonnes performances. A nous de continuer dans ce sens-là et de faire perdurer le plaisir, sans jamais se relâcher. Car en Ligue 2, cela ne pardonnerait pas.

Ce Championnat est aussi difficile qu'on a coutume de le dire ?
Il est d'autant plus difficile lorsque vous jouez dans un club comme le RC Lens. A l'extérieur, on est très attendus et lorsque les équipes viennent jouer à Bollaert, devant 30 000 personnes, elles ont toutes à cœur de faire un gros match. Nos supporters n'y sont évidemment pour rien mais l'atmosphère qui règne dans notre stade transcende parfois nos adversaires !

Heureusement pour vos supporters, votre groupe semble armé pour résister à pas mal de choses...
C'est ce qui me plaît, jusque-là. Même quand nous sommes menés, ce qui est arrivé un certain nombre de fois, le groupe ne panique pas. Y compris à l'extérieur. Ça témoigne de l'état d'esprit qui nous anime. J'espère que ça va continuer comme ça mais je n'ai pas vraiment de doute, compte tenu de ce qui semble animer chacun de mes coéquipiers.

Vous parliez de Bollaert, qu'est-ce que cela représente de jouer dans ce stade et de défendre les couleurs de l'un des clubs les plus populaires de France ?
C'est quelque chose de magnifique. A Grenoble (NDLR : il y a joué 3 saisons entre 2016 et 2019), on avait déjà un beau public mais c'est incomparable. Ici, on ressent quotidiennement la ferveur qui règne autour du club, la passion des gens, l'amour qu'ils ont pour ce club. On sent que Lens n'a rien à faire en Ligue 2, c'est aussi simple que ça ! A partir de là, vous êtes obligé de vous transcender sur le terrain...

Y compris à l'extérieur...
C'est simple : ils nous suivent partout ! Même lorsque vous allez affronter Rodez à Toulouse, un lundi soir. C'est impressionnant. Quand vous voyez ça, vous vous dites que ces gens-là doivent pouvoir se reconnaître en vous et sentir que vous partagez leurs valeurs. C'est obligé !

Au-delà de ce soutien visible de tous, vous ressentez cette passion en ville, lorsque vous vous y promenez ?
Ici, si vous ouvrez un entraînement au public, vous avez entre 500 et 1000 personnes qui y assistent. Et lorsque l'on se promène en ville ou à proximité de Lens, on sent tout de suite que le club fait partie de la vie des gens. Ici, les gens ont le RCL dans la peau. C'est assez impressionnant à vivre mais c'est génial. Personnellement, ça me booste.

Vous aviez besoin de ça ? Vous connaissez déjà la recette pour monter, vous...
Avec Grenoble, nous sommes montés deux fois, c'est vrai (du CFA au National puis du National à la Ligue 2, NDLR). C'était incroyable à vivre. Cela fait trois ou quatre ans que ça se passe plutôt bien pour moi. Et s'il y a eu de l'émotion au moment de quitter le GF38, j'ai retrouvé une vraie famille dans le Nord. Ça se passe très bien jusque-là, pourvu que ça dure...

«J'irai là où le coach souhaitera que j'aille»

Mais ça se joue à quoi, une montée ?
A l'état d'esprit ! Quand tu as un bon groupe, qui vit et s'entraîne bien ensemble, tu optimises tes chances. Pourquoi ? Parce que dans les moments compliqués, tout le monde est capable de se serrer les coudes et d'aller chercher les points qui comptent en fin de saison. Cette année, j'ai l'impression d'appartenir à un groupe mature et qui vit bien ensemble, oui. Cela se vérifie notamment lorsque vous regardez les performances des joueurs qui jouent un peu moins, lorsqu'ils entrent en jeu. Mais encore une fois, l'équilibre d'un vestiaire reste quelque chose de fragile. Il ne faut surtout pas que l'on se relâche.

Personnellement, vous sentez-vous capable de finir la saison avec de meilleures statistiques encore que l'an passé ?
C'est vrai que l'an dernier, tout s'est plutôt bien passé sur le plan individuel (NDLR : 12 buts, 5 passes)... Mais je ne fais pas une fixation sur les statistiques. Si je joue un peu moins ou que je marque un peu moins mais qu'on monte, ça m'ira très bien. Le plus important, c'est de faire remonter le club en Ligue 1. Ceci dit, s'il faut vraiment parler de moi, je crois que je peux faire un peu mieux. En début de saison, j'ai manqué d'efficacité. Le doublé de la semaine dernière (face à l'AC Ajaccio, pour une victoire 2-1 des siens, NDLR) m'a fait du bien.

Vous l'aurez deviné, le MVP @dominos_pizzafr est bien entendu le double buteur de la rencontre : Florian Sotoca ?

Bravo à l'attaquant du @RCLens pour sa belle perf' !#ACARCL pic.twitter.com/afWMyGAZmd

— Domino's Ligue 2 (@DominosLigue2) December 14, 2019

C'est votre parcours atypique qui fait que ça matche à ce point avec le RC Lens ?
Je ne suis pas quelqu'un qui va se prendre la tête, ça c'est sûr. Je viens du monde amateur, je n'ai pas fait de centre de formation (NDLR : il a signé son premier contrat professionnel à 24 ans) et je suis quelqu'un qui n'a pas pour habitude de lâcher, donc oui, ce sont des choses qui peuvent plaire aux supporters. Et comme je suis encore tout frais dans ma tête et dans mes jambes, j'espère que ça va continuer comme ça.

A quel moment avez-vous senti que votre carrière pouvait basculer du bon côté ? A quoi ça tient ?
Il y a le travail fourni, d'abord. Mais j'ai aussi eu la chance de tomber dans un super groupe à Grenoble, animé d'un état d'esprit incroyable. Enchaîner deux montées de rang, ce n'est pas commun. Ce sont des années que je n'oublierai jamais car j'ai rencontré des gens qui sont entrés dans ma vie, là-bas. Mais encore une fois, tout cela ne tient pas à grand-chose.

Racontez-nous cette aventure...
Pour monter de National en Ligue 2, il fallait absolument qu'on parvienne à décrocher au moins un match nul lors de la dernière rencontre de la saison. Au final, on a perdu. On a donc dû passer par les barrages pour décrocher la montée (face à Bourg-en-Bresse, 0-0 à l'aller, 2-1 au retour, NDLR). Et cela s'est joué à un but près ! Un petit but sépare le monde amateur ou semi-professionnel de l'antichambre de la Ligue 1. Passer professionnel, c'était le rêve d'une vie. Je savoure donc d'autant plus tout ce qui m'arrive aujourd'hui...»

Vous préférez jouer dans l'axe ou sur le côté ?
Je n'ai pas de préférence. J'aime bien jouer dans l'axe mais j'irai surtout là où le coach souhaitera que j'aille.

Thymoté Pinon Suivre @ThymPinon