raspentino (florian) modesto (francois) (F.Faugere/L'Equipe)

Florian Raspentino (Grenoble) : «Patatino ? Ça ne m'a jamais vexé»

En 2018-19, pour la première fois de sa carrière, Florian Raspentino a dépassé la barre des dix buts en Championnat avec Valenciennes. Désormais attaquant d'un Grenoble qu'il espère, pourquoi pas, voir revenir en Ligue 1, l'ancien de l'OM porte un regard lucide sur une carrière pas toujours tranquille.

«Pourquoi avoir quitté Valenciennes après avoir claqué onze buts la saison dernière ?
J’étais en fin de contrat. Valenciennes savait que je voulais rester. Ils souhaitaient me garder. Mais ils n’ont pas été trop corrects avec moi dans leur proposition. C’est pour ça que je suis parti. Je pensais vraiment rester parce que j’avais fait une saison correcte, où j’ai fini meilleur buteur du club. Mais, voilà, le foot, des fois, c’est comme ça. Ils m’ont proposé un truc très, très moyen. Derrière, il y a eu cette proposition de Grenoble, avec un coach qui était intéressé. J’ai tout de suite répondu. C’est un bon club, équivalent à Valenciennes, qui a aussi connu la Ligue 1. Quand on t’appelle et qu’on te veut, c’est toujours plaisant.
 
On imagine que c’était un désaccord financier avec VA…
À la base, ce qu’il faut savoir, c’est que j'ai fait un gros effort financier lorsque je suis venu à Valenciennes. Ça, tout le monde ne le sait pas. J’ai coupé quasiment mon salaire par deux. Financièrement, c’était compliqué pour eux. J’ai fait une bonne saison. Derrière, ils m’ont proposé un truc… (Il souffle.) On ne va pas entrer dans les détails, mais c’est pour ça que cela ne s’est pas fait. Maintenant, c’est derrière moi. Dès que Grenoble m’a appelé, je suis passé à autre chose. Je suis très content d’être ici.

«Grenoble ? Ce n'est pas mal du tout !»

Cette saison 2018-19 était-elle la meilleure de votre carrière ?
Au niveau des stats, oui. J’avais aussi fait une bonne saison, à l’époque, à Nantes (NDLR : 7 buts en 30 matches de L2 en 2011-12). Même chose lors de mon arrivée à Bastia en Ligue 1. Mais, oui, j’ai fini à onze buts et deux passes. Cela a permis de me relancer et de retrouver confiance en moi. Ça m’a vraiment fait du bien.

Qu’est-ce qui a fait que cela se soit aussi bien passé ?
La confiance du coach (NDLR : Réginald Ray). Cette confiance, je l’avais connu dans d’autres clubs, mais là, je l’avais eu à Bastia, il était adjoint de Frédéric Hantz. Il m’a beaucoup fait jouer et j’étais entouré de joueurs qui m’ont bien servi. Mauricio, Robail, Roudet… Ce sont des joueurs avec qui je m’entendais bien sur le terrain. J’ai pris petit à petit confiance.
 
À votre arrivée, comment avez-vous trouvé ce club de Grenoble, qui revient de loin…
Ils sont en train de se reconstruire petit à petit. Mais, déjà, ils ont un bon stade. Le centre d’entraînement n’est pas le plus beau que j’ai vu, mais il y a tout ce qu’il faut pour travailler. Pour l’instant, ce n'est pas mal du tout ! Au fur et à mesure des années, je pense qu’il y a moyen qu’il redevienne un club qui peut retrouver la Ligue 1. Ça me fait penser à Valenciennes. Ils ont tout pour, mais, parfois, il manque un petit truc.

Raspentino à l'OM, ce sont seulement sept petits matches de Ligue 1 avant un départ pour Brest six mois plus tard. (A.Grosclaude/L'Equipe)

Depuis vos débuts en pro, à Nantes, en 2011, Grenoble est le dixième club de votre carrière. Difficile de se stabiliser…
Oui, même si ce n’était pas trop mon choix de bouger autant. Ce n’est pas facile, à chaque fois, de changer de club, notamment pour quelques petits détails comme les déménagements, trouver les logements. Quand on a des enfants, il faut retrouver une école, etc. Ce n’est pas évident pour ma famille, pour ma femme et pour mes enfants. C’est comme ça. Quand j’ai quitté Nantes et que j’ai signé à Marseille, beaucoup de gens m’ont dit que c’est allé très vite et que je n’aurais pas dû signer. Peut-être. Mais si je n’y étais pas allé, je ne sais pas ce qu’il se serait passé aujourd’hui…

Que vous reste-t-il de ce début de carrière agité entre Nantes puis Marseille ?
Ce que je vois, c’est que les gens n’oublient pas que je suis passé par Marseille. Et ce, même si je n’ai pas beaucoup joué. Le fait d’y être allé m’a aidé pour que cela m’ouvre des portes vers d’autres clubs. Ça reste des souvenirs. Je suis fier d’avoir signé là-bas. J’ai pu jouer en Ligue 1, puis à Caen, Bastia…

Était-il compliqué, à l’époque, de gérer les nombreuses critiques, moqueries, dont vous avez pu faire l’objet ? Avec aussi le surnom «Patatino» donné par Louis Nicollin…
(Il sourit.) Franchement, la déclaration de Nicollin ne m’a jamais vexé. Je l’avais toujours bien pris. D’ailleurs, on s’était vu après un match où j’avais marqué à Montpellier avec Brest. Je lui avais donné mon maillot, on avait parlé. Et c’est resté. Même à Bastia, ou ailleurs, on m’appelait «Patatino». Mais sinon, les commentaires, au début, sont durs à voir. Maintenant, je ne regarde plus trop ça… Quand on a des enfants, qu’on a 30 ans, la vie change. On prend un peu d’expérience. Je ne regrette pas tous mes choix.

«Quand j'ai quitté Nantes et que j'ai signé à Marseille, beaucoup de gens m'ont dit que c'est allé très vite et que je n'aurais pas dû signer»

«Ce serait magnifique de monter en Ligue 1 avec Grenoble»

Votre objectif est-il de retrouver un jour la Ligue 1 ? Pourquoi pas avec Grenoble…
À Grenoble, il y a une bonne équipe et des bons joueurs. La saison dernière, ils ont fini neuvièmes après avoir un peu lâché en seconde partie. Mais, oui, pourquoi pas ! Surtout en Ligue 2, un Championnat où tout le monde peut battre tout le monde. On ne sait pas ce qu’il peut se passer. J’ai signé deux ans, et c’est sûr que ce serait magnifique de monter en Ligue 1 avec Grenoble. Si j’arrive à confirmer et enchaîner une seconde saison à dix buts… On ne sait jamais.

La clé, c’est la régularité.
Surtout à notre poste. Ce qu’il faut, ce sont des buts et des buts. Dès qu’il n’y a pas de stats…

Qui voyez-vous monter ?
Je pense que ça va être passionnant. Guingamp et Caen vont vouloir tout de suite remonter. Derrière, Auxerre, Lorient, Lens… Ça va être un gros Championnat. Mais il y a aussi parfois une ou deux surprises. Et puis, pourquoi pas Grenoble…»

Timothé Crépin