NICOLAS PALLOIS, DEFENSEUR DU FC NANTES. CENTRE D'ENTRAINEMENT DE LA JONELIERE, LA CHAPELLE SUR ERDRE, FRANCE, LE 18 JANVIER 2019. PHOTO: BERNARD LE BARS pallois (nicolas) (B.Le Bars/L'Equipe)

FC Nantes : Nicolas Pallois, à l'épreuve du drame

Son allure de colosse n'a pas su cacher son émotivité. À l'annonce du décès d'Emiliano Sala, le 7 février dernier, Nicolas Pallois a vécu un moment des plus compliqués. Et pourtant, là où beaucoup auraient fléchi, lui a trouvé dans cette douloureuse épreuve une occasion de se muer en un leader incontesté et incontestable du FC Nantes. Une occasion aussi d'honorer la mémoire de son ami disparu.

Le 16 février dernier, Nicolas Pallois effectuait en Argentine ce que toute personne redoute d'avoir à faire un jour dans sa vie. Enterrer un proche, un ami. En compagnie de son équipier Valentin Vada, l'ancien Bordelais était parti représenter le FC Nantes aux obsèques d'Emiliano Sala, lequel avait disparu en vol au-dessus de la Manche à bord d'un petit avion trois semaines plus tôt. Une souffrance difficile à supporter pour celui qui avait partagé plein de belles choses avec l'Argentin, à Niort entre 2013 et 2014, à Bordeaux entre 2014 et 2015 et, donc, chez les Canaris depuis le début de la saison 2017. Pallois ne s'en cachait pas, il avait noué une amitié solide avec l'attaquant. Une amitié qui l'incitait à rendre un dernier hommage à son pote, alors que ses coéquipiers enfilaient le bleu de chauffe - avec un mental au plus bas - pour faire face à l'AS Monaco en Principauté.

Une attitude exemplaire

Une petite semaine après avoir porté le cercueil de son ami, Nicolas Pallois renouait avec les terrains de Ligue 1. Sur la pelouse de la Beaujoire, pour sa première depuis l'enterrement de Sala, le défenseur central retrouvait Bordeaux, un club qu'il avait fréquenté avant de rejoindre le FCN. Alors que la deuxième période du match venait de débuter depuis cinq minutes à peine, Pallois, sur un corner millimétré de Valentin Rongier, envoie une magnifique reprise de volée dans les filets de Benoît Costil. Un pion que n'aurait pas renié Sala. À la faveur de ce but salvateur, le FC Nantes l'emporte sur la plus petite des marges et se donne un peu d'air dans cette passe délicate. Malheureusement - et c'est compréhensible, ce but n'aura pas vraiment atténué la peine de l'ancien Niortais. «Je suis très content d'avoir marqué, mais c'était un peu compliqué pour moi ce dernier mois», avouait-il, non sans émotion, après la rencontre.

Et pourtant, l'annonce de la disparition de Sala dans l'avion qui le transportait à Cardiff en janvier aura fait ressortir la stature de taulier de Nicolas Pallois. Avec son attitude fédératrice, sur le terrain et en dehors, l'ancien Bordelais aura eu le mérite de maintenir les caboches de ses coéquipiers hors de l'eau. Avec celui qui est décrit par son capitaine, Valentin Rongier, comme un «guerrier», pas question de baisser les bras. S'il ne s'est jamais apitoyé sur son sort lorsque Miguel Cardoso l'envoyait tantôt sur le banc, tantôt en tribunes, c'est bien pour une raison : Pallois ne se dérobe pas à la première difficulté qu'il rencontre. Et si coach Vahid en a fait un de ses hommes forts à son arrivée, c'est seulement parce qu'il en a toujours sous la semelle, et qu'il possède un mental à toute épreuve. Là où plus d'un garçon aurait sombré, lui a su se raccrocher à une chose : sa passion. Mais aussi à l'amour de ses coéquipiers et à sa volonté de bien faire. «Le plus important, c'est d'avoir pris des points. Ce qui se passe en dehors, c'est dans ma tête. Tout le monde tire dans le même sens. Il faut avancer, avait-il-assuré après son but victorieux contre le club au scapulaire. J'ai essayé de faire la part des choses, ça reste mon métier. Il faut donner le maximum pour l'équipe et pour le groupe.»

Des ressources footballistiques certaines

Celui qui vit pour le plaisir de défendre ses cages a largement donné satisfaction sur le terrain depuis ce drame. Face à Bordeaux, en plus de son but, le défenseur central aura fait preuve de beaucoup de concentration pour contenir les assauts des hommes de Ricardo et d'Éric Bedouet. Dépeint par son coach comme un joueur «solide, appliqué et discipliné», Pallois réalise une saison tout à fait honorable. Sa qualité pour bien lire les trajectoires dans la surface de réparation et son bon jeu de tête en font un défenseur tenace, difficile à contourner. S'il a parfois eu du mal à se montrer régulier au cours de sa carrière et au FC Nantes, le Normand s'est, à force de travail, rendu indispensable au sein de la Maison jaune.

Mehdi Arhab