faraut (christophe) (R. Martin/L'Equipe)

Faro sort sa BD et se livre : «Deschamps m'a dit qu'il ne se serait jamais vu en héros de BD»

Pour la sortie de sa BD, “Deschamps Ier, roi des Bleus”, le dessinateur Faro a répondu à quelques questions pour France Football. Il revient sur sa passion du dessin, ses techniques, son métier et évoque les retours positifs du sélectionneur des Bleus ou d'Adil Rami.

«D’où vient cette idée, de faire une BD sur Didier Deschamps et les Bleus ?
J’avais déjà fait un premier tome, sur Deschamps. J’aime bien le personnage et puis comme je suis amené à souvent le dessiner, que ce soit pour France Football ou L'Équipe, j’ai trouvé qu’il y avait des choses à dire. Et avec le sacre de l’équipe de France, forcément il y a encore à faire et à dire. C’est parti de là et ç’a quand même été très rapide, on a eu peu de temps...

"Deschamps Ier, roi des Bleus", c’est le titre. Pourquoi l’avoir choisi ?
J’aimais bien, moi, "Deschamps, roi des Bleus". Car même avant le titre, il symbolisait la gagne, la France 98 championne du monde, et tous les espoirs que Deschamps portait. Alors ça me semblait un peu évident de le considérer comme roi des Bleus. Pour le Ier, c’est mon éditeur qui l’a rajouté. Ça rappelle un peu plus les rois, un peu comme Louis XIV etc. Ça renforce l’idée de "Roi des Bleus".

Ce n’est pas votre premier ouvrage, après plusieurs albums en majorité sur le sport, un peu de politique… D’où viennent ces passions ?
Je suis avant tout dessinateur de presse, et je travaille surtout sur des thèmes d’actualité. Que ce soit sportifs, politiques ou même un peu d’actualité généraliste. Et c’est vrai qu’en BD, je reste un peu dans mon domaine. On n’est pas très nombreux à le faire, mais j’aime assez que mes bandes dessinées aient un rapport avec l’actualité. Du coup, je fais un peu des BD éphémères, elles ont plus de sens dès leur sortie avant d’en perdre un peu par la suite. Mais c’est un style que j’aime bien. Après, depuis petit, je m’intéresse beaucoup au sport et à la politique. Je retiens beaucoup les choses, j’ai une mémoire assez bonne et je suis à l’aise sur ces thèmes. J’ai commencé à dessiner dès l’école, à faire les profs, comme mes collègues dessinateurs, et à mettre en scène. C’était un peu du dessin de presse déjà… Puis après j’ai dessiné des gens plus connus, et ça a bien fonctionné. Au final, j’ai uniquement continué ce que je faisais déjà petit : mettre en scène mes profs et ma famille dans des situations marrantes.

Faro, c’est la contraction de votre nom, Christophe Faraut. L’idée est arrivée comment ?
C’est assez marrant car lorsque j’ai envoyé mes premiers dessins, je n’avais pas forcément d’idée. Mais je trouvais que mon nom, Faraut, ne sonnait pas du tout artiste ou autre. Je gardais dans un coin de ma tête que des gens comme Plantu ou Cabu avaient légèrement modifié leur nom, et j’ai fini par faire pareil. Donc Faro, ça s’est imposé. J’avais un peu honte au début quand même, car ça faisait un peu prétentieux de faire comme des dessinateurs comme Cabu ou Plantu, je n’étais rien ni personne ! (rires) Mais je m’y suis vite habitué et désormais on m’appelle quasiment plus comme ça que par mon nom.

Est-ce facile de trouver toujours de l’inspiration dans le dessin ?
Ça m’est arrivé de galérer sur des sujets et de passer du temps pour trouver, mais maintenant de moins en moins. Avec le temps, c’est plus facile, et j’ai trouvé quelques petites techniques. Mais c’est un peu inné au final les idées… On dit souvent qu’il faut travailler le dessin. Evidemment, au niveau du style graphique par exemple. Mais sincèrement au niveau des idées, je trouve rapidement, et je crois que c’est l’une de mes forces. Assez vite, j’ai vu que mes idées plaisaient. Et j’arrive assez facilement à détourner l’actualité maintenant.

Quelque chose que vous faites maintenant, sur la chaîne L’Equipe, c’est le dessin en direct. Quelles contraintes cela engendre ?
On est prisonnier du temps, il faut aller extrêmement vite. Je perds assez peu de temps sur la qualité du dessin, évidemment, et je vais à l’essentiel. Mais il faut être réactif au maximum. Mais c’est drôle car quand je réfléchis à un dessin pour France Football ou L'Équipe, je peux encore passer du temps à trouver l’idée. Et là, à la TV, ça va très vite. C’est encore une autre façon de réfléchir. Après à la TV, on est aidé car le dessin est toujours accompagné de ce qu’ils sont en train de dire. Le téléspectateur est déjà dans l’ambiance, j’ai juste à trouver la bonne idée. Alors qu’un dessin de presse, le lecteur doit tout comprendre en voyant le dessin.

«Je trouvais que mon nom, Faraut, ne sonnait pas du tout artiste ou autre. Je gardais dans un coin de ma tête que des gens comme Plantu ou Cabu avaient légèrement modifié leur nom, et j'ai fini par faire pareil.»

Vous vous fixez des limites, des zones de non-droit par rapport aux thématiques de vos dessins ?
Les limites s’imposent un peu d’elles même par rapport au média pour lequel je travaille. Si je dessine sur un média généraliste, je sais à peu près jusqu’où je peux aller. Un média satirique, je peux aller un peu plus loin, etc… Donc en fait, c’est un peu inconscient. Quand je cherche une idée pour France Football, je sais que je cherche une idée pour ce média-là. Rien que le fait de savoir pour qui je cherche l’idée, je n’ai pas le même genre d’inspiration. Donc les limites se fixent par rapport au support et évidemment si je dessine pour du satirique, je vais beaucoup plus loin.

Ça vous est déjà arrivé d’avoir des retours de la part de joueurs ou d'entraîneurs sur vos dessins ?
Ce n’est pas très fréquent mais lorsque j’en ai eu, ils ont toujours été positifs. Il y a eu Didier Deschamps, qui m’a envoyé un SMS pour la sortie de la BD par exemple. Il m’a dit que ça lui plaisait et qu’il ne se serait jamais attendu à être un jour un héros de bande dessinée. Ça nous a permis d’échanger plusieurs fois et puis il y a aussi Adil Rami, que j’ai croisé sur le plateau de "L’Equipe d’Estelle". J’ai un peu parlé de dessin, il trouvait ça chouette et marrant.»

Antoine Bourlon