lemoine (fabien) (L.Argueyrolles/L'Equipe)

Fabien Lemoine (Lorient) : «Sur le terrain ou en dehors, je m'éclate»

Avant un déplacement au Havre, samedi, et après dix journées, le FC Lorient est en tête de la Ligue 2. L'occasion de faire le point avec Fabien Lemoine, capitaine épanoui des Merlus, sur la méthode Pélissier et le début de saison du club.

«Christophe Pélissier a récemment déclaré qu’il n’avait jamais coaché un tel groupe. Vous partagez son enthousiasme ?
Le niveau est très bon. Et, au-delà du niveau intrinsèque des joueurs, il y a une grosse implication de la part de tout le monde et une énorme qualité durant les entraînements. Tous les matins, chacun se bat pour faire partie du groupe et gagner du temps de jeu. A partir de là, ceux qui jouent régulièrement savent qu’ils doivent maintenir leur niveau de performance. La qualité et l’état d’esprit rendent les choses très intéressantes. Il y a eu beaucoup de mouvement cet été mais ceux qui sont arrivés sont de très bons mecs, ça aide.

Il y a également un bon dosage entre expérience et jeunesse, non ?  
Il y a effectivement de très bons jeunes qui sont en train de sortir. Ici, il y a un sacré vivier et on peut s’en apercevoir lors de chaque mercato, avec des départs assez conséquents… La formation est très performante et ça nous permet d’avoir des jeunes qui apportent toute leur fougue. A côté de ça, nous on est là pour encadrer un peu l’ensemble et maintenir l’équilibre de l’équipe. Le club a fait attention à ça en recrutant des joueurs qui ont une grosse expérience de la Ligue 2 et qui jouaient des rôles importants dans leurs clubs respectifs. Grâce à eux, une forme de sérénité se dégage.

Et le coach, dans tout ça ?
Il a posé des fondamentaux dès son arrivée. Il tient beaucoup au terrain et à la qualité de jeu, bien sûr, mais il sait aussi que la réussite d’une saison dépend de l’état d’esprit. Dès le départ, il a insisté sur une chose : l’intensité des séances. Ça a tout de suite été son leitmotiv et celui du staff, avant même de parler technique ou tactique.

Tactiquement, justement, quels sont les principes sur lesquels il insiste ? Il a la réputation d’être un entraîneur tourné vers l’attaque mais il semble, cette saison encore plus que par le passé, tenir à maintenir un équilibre...
Le coach ne freine jamais les joueurs lorsqu’ils souhaitent apporter offensivement. A part peut-être les défenseurs centraux, et encore… Mais ce qu’il nous demande c’est d’être en alerte en permanence pour effectuer les bonnes compensations. L’intelligence de jeu est au cœur de sa méthode. Ceux qui sont derrière ou au milieu doivent avoir une certaine faculté à lire le jeu et à anticiper ce qui est en train de s’amorcer plus haut. Après, une fois qu’on a le ballon, on essaye de l’utiliser proprement mais toujours dans un souci d’aller faire mal à l’adversaire. Le coach n’aime pas les longues phases de possession dénuées de réelle intention. Il sait pertinemment que dans ce Championnat de Ligue 2, conserver le ballon pour le conserver peut vite se retourner contre vous.

Et face à des blocs bas ?
Paradoxalement, il va insister sur les mêmes choses face à ce genre d’équipes. Parce qu’au final, si on se contente de préparer les choses tranquillement, il estime qu’on aura du mal à se créer des opportunités. Alors là encore, il insiste sur cette idée de faire mal à l’adversaire le plus rapidement possible, en fonction de la zone dans laquelle on récupère le ballon.

Le choix du schéma était également clair dès le départ ? Ce 4-2-3-1 semble parfaitement adapté à ce que vous venez de nous exposer…
On est à l’aise dans ce dispositif. C’est intéressant d’avoir une pointe et un mec qui tourne autour, déjà. Après, quand on défend, les deux joueurs offensifs axiaux se coordonnent donc on bascule parfois en 4-4-2. Au-delà du schéma, c’est une histoire d’état d’esprit, de conquête. C’est le travail individuel et l’exigence de chacun qui fait qu’on arrive à être dense et à encaisser peu de buts. En plus de ça, Paulo (Nardi) assure dans les cages.

C’est cette rigueur amenée par Christophe Pélissier qui vous a fait défaut, la saison dernière ?
Le groupe a beaucoup évolué, aussi. Mais le coach est arrivé en ayant observé tous nos matches et après avoir identifié certains manques. Après, l’an dernier, on était tellement attendus que ça devenait parfois compliqué face aux blocs les plus regroupés... D’autant qu’on était alors une équipe très joueuse mais peut-être moins équilibrée. Encore une fois, ceux qui sont arrivés ont apporté un plus, notamment au niveau de l’expérience, et une osmose s’est vite créée.

«L'intelligence de jeu est au coeur de sa méthode. Ceux qui sont derrière ou au milieu doivent avoir une certaine faculté à lire le jeu et à anticiper ce qui est en train de s'amorcer plus haut.»

«J'aimerais bien regoûter à la Ligue 1 avant la fin...»

Vous sentez ce groupe armé pour rester tout en haut ?
Ce groupe me fait penser à mes années à Saint-Etienne où on s’entendait tous très bien, y compris en dehors du terrain. L’ambiance au sein d’un vestiaire, c’est fondamental pour aller chercher des performances et faire une bonne saison. Tant qu’on a cet état d’esprit là et que tout le monde fait les efforts…

Après un bon départ, vous vous apprêtez à jouer Le Havre ce samedi, puis Troyes et le RC Lens dans la foulée. Vous avez le sentiment d’être à un tournant de la saison ?
On ne se prend pas trop la tête avec ces séries. Après la dernière trêve internationale, on avait eu quelques difficultés dans le jeu à Clermont (0-2), qui a une très belle équipe. Là, on se déplace à nouveau chez un gros morceau, donc il faudra être prêt. D’autant que c’est parfois compliqué de jouer le samedi à 15 heures et que c’est ce qui nous attend pour ces trois affiches. En tout cas, et comme le coach a eu pu de le dire, que ce soit Le Havre ou un autre adversaire, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, il y a trois points en jeu. Ça peut paraître banal mais on n’est jamais dans le calcul. On ne raisonne pas en termes de séries potentielles.

Un dernier mot sur Enzo Le Fée (19 ans), qui joue tantôt à vos côtés, tantôt au-dessus de vous. Il vous impressionne ?
Il n’y a pas grand monde qui l’attendait à ce niveau lorsqu’il a démarré mais c’est un super joueur, vraiment. C’est la première saison qu’il est avec nous à temps plein et il a eu l’occasion de faire une super préparation. Ça l’a mis sur de bons rails. Aujourd’hui, il enchaîne les très bonnes prestations et a même été appelé en sélection (U20). Il faut qu’il continue à faire ce qu’il fait. Ce qui est bien, c’est que ce n’est pas un tricheur, il court beaucoup. Et je peux vous assurer qu’il peut encore progresser car quand on voit ce qu’il fait à l’entraînement, parfois… Il a vraiment un truc à part et s’il continue comme ça, il ira loin.


Vous n’allez de toute façon pas lui laisser l’opportunité de se relâcher. C’est votre rôle de capitaine, non ?
Que ce soit sur le terrain ou en dehors, je m’éclate. J’ai ce rôle-là, bien sûr, mais je me sens aussi et surtout très en jambes. Tout se passe vraiment bien et on va faire en sorte que ça dure. Personnellement, je n’ai qu’une envie : rester en haut le plus longtemps possible. Car j’aimerais bien regoûter à la Ligue 1 avant la fin…»

Thymoté Pinon