Depay souffre toujours d'une cuisse. (S. Chamid/Presse Sports)

Euro 2020 : à qui profite le report ?

L'Euro 2020 aura donc lieu en 2021, quasiment aux mêmes dates. Un ajournement qui fait les affaires de certains et qui en contrarie d'autres.

Les gagnants

Les Bleus, du sursis pour se requinquer
On n'ira pas jusqu'à dire qu'une fois de plus Didier Deschamps a convoqué son légendaire félidé de compagnie. La situation mondiale est trop critique pour évoquer cela. Mais, si l'on reste sur un plan strictement sportif, franchement cette saison ressemblait à un long chemin de croix pour un certain nombre d'internationaux tricolores. Entre les longues blessures des uns (Ousmane Dembélé, Paul Pogba, Lucas Hernandez, Moussa Sissoko, Florian Thauvin, N'Golo Kanté...) et la situation compliquée en club pour d'autres (Antoine Griezmann, Corentin Tolisso, Olivier Giroud, Tanguy Ndombele, Thomas Lemar, Alphonse Areola...), «DD» devait commencer à se demander dans quel état il allait récupérer son groupe. Bon, les choses étant ce qu'elles sont, le sélectionneur va pouvoir bénéficier du retour des grands blessés qui auront le temps de redevenir compétitifs, alors que d'autres auront une chance supplémentaire de voir leur situation sportive s'améliorer sensiblement. Assez en tout cas pour arriver sans ambiguïté avec le seul statut qui sied à des champions du monde : celui de favori.

Les Pays-Bas, du délai pour soigner
C'était la grande hype de la saison dernière. Les Pays-Bas par-ci, l'Ajax Amsterdam par-là, le plus beau jeu d'Europe, la nostalgie des années Cruyff, et on en oublie certainement. C'est ainsi avec les Néerlandais, il y a toujours une mystique qui les escorte, entre magie et nostalgie. Grands absents des deux dernières phases finales internationales (Euro 2016 et Mondial 2018), les Bataves étaient revenus en force l'an passé et s'annonçaient comme des prétendants très crédibles à cet Euro 2020. Mais, ces derniers mois, la belle orange mécanique semblait s'être enrayée entre la longue blessure de Depay, la saison plus compliquée de l'Ajax et les difficultés rencontrées par les deux grands exilés, Frenkie de Jong au Barça et Matthijs de Ligt à la Juve. En clair, les Pays-Bas naviguaient en eaux plus troubles. Et il y a fort à parier que cette année supplémentaire pour préparer la seule compétition remportée par le pays (en 1988) peut finalement servir les intérêts de Ronald Koeman, le sélectionneur de cette équipe tellement séduisante que l'on a envie de la voir au maximum de son potentiel en phase finale.

Les perdants

Les Diables Rouges, patienter pour se venger
Ils ronchonnaient encore un peu sur cette demi-finale de Coupe du monde perdue face aux Bleus (0-1) le 10 juillet 2018. Oui, la Belgique avait envie d'en découdre, de prendre sa revanche et de glaner enfin ce premier titre international qui semble promis à cette génération dorée. Sauf que l'heure tourne et que certains éléments majeurs de cette formation ne sont plus tout jeunes. Vincent Kompany a passé la main, Jan Vertonghen et Toby Alderweireld ont allègrement dépassé la trentaine, tout comme Axel Witsel et Dries Mertens. Disons-le, certains commencent à faire leur âge. Surtout, compte tenu des incertitudes planant sur la France, les Pays-Bas, l'Angleterre ou même l'Allemagne encore en reconstruction, les Diables Rouges faisaient quasiment office de premiers favoris au titre. En sera-t-il de même dans un an ?

Les vétérans, s'entretenir pour figurer
C'est une famille désormais incapable de voir bien au-delà de la saison en cours. Oui, passé l'âge de 33 ou 34 ans, il est difficile de se projeter très loin, faute de savoir à quel moment le déclin pointera le bout de sa truffe. Même pour le meilleur d'entre eux, Cristiano Ronaldo, dont les quelques difficultés avec la Juve interrogent forcément un peu. Car à l'Euro, l'an prochain, le quintuple Ballon d'Or France Football facturera 36 ans. Olivier Giroud, lui, n'aura pas encore soufflé ses 35 ans, mais les difficultés de plus en plus grandes qui escortent ses saisons instillent forcément le doute sur sa capacité à être présent pour ce qui devait être son dernier grand rendez-vous avec l'équipe de France. Si sa victime en finale du Mondial, Luka Modric, devrait être de la partie, le Ballon d'Or 2018 n'est plus le somptueux footballeur d'il y a deux ans. Alors qu'en sera-t-il la saison prochaine quand il s'avancera vers ses 36 printemps ? Oui, pour tout ce petit monde et bien d'autres, le report de l'Euro figure forcément un challenge très périlleux dans la compétition la plus difficile du monde : le match face au temps.

Dave Appadoo


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