(L'Equipe)

Essam El-Hadary, plus fort que Roger Milla !

Dans huit mois en Russie, le gardien de but des Pharaons d'Egypte pourrait devenir le plus vieux joueur à disputer une Coupe du monde. A 45 ans !

D’ordinaire, à cet âge-là, certains officient sur un banc d’entraîneur ou en qualité de dirigeant de club, voire d’agent. D’autres se reconvertissent consultants ou bien jouissent d’une fortune ou de biens accumulés durant leur carrière active. L’Egyptien Essam El-Hadary n’est pas de ceux-là. Pas encore. Finaliste de la dernière Coupe d’Afrique des Nations avec l’Egypte, celui qui a fêté ses 44 ans le 15 janvier, en plein tournoi continental au Gabon, est insatiable. Passé pro à vingt ans à Damiette, le club de sa ville natale, ce gardien de but ne s’est jamais arrêté.

En club - essentiellement avec le Ahly du Caire - il a tout gagné. Il a vécu une courte expérience en Suisse, au FC Sion, avec lequel il a remporté la Coupe en 2009. Et avec les Pharaons d’Egypte, il a remporté quatre CAN (1998, 2006, 2008, 2010) et disputé la finale 2017. Depuis quelques mois, c’est en Arabie Saoudite (Al Taawoun) qu’Essam poursuit sa carrière, qui s’étend sur trois décennies. Il y a un peu moins d’un an, le "grand barrage", son surnom en Egypte, avait perdu sa place en sélection, doublé par El-Shenawy et Ekramy, ses jeunes condisciples. On le disait plus lent, moins décisif sur sa ligne. Bref, en perte de vitesse.

Les blessures des uns et des autres, le fait qu’aucun ne se détache du lot et surtout, le professionnalisme d’El-Hadary ont conduit le sélectionneur Hector Cuper à lui confier de nouveau le poste. Avec la réussite que l’on sait. Dernier rescapé d’une génération qui a tout conquis au début des années 2000, El-Hadary sera très certainement en Russie dans quelques mois pour y vivre la Coupe du monde. La fin d’une attente qui durait depuis 1990 pour son pays.

Et s’il venait à y entrer en jeu, il deviendrait du même coup le plus vieux joueur du tournoi, à 45 ans ! Mieux que l’icône africaine Roger Milla, 42 ans en 1994. Et mieux encore que le gardien colombien Faryd Mondragon, entré à 43 ans et 3 jours contre le Japon lors du dernier Mondial en 2014.

Il ferait mieux que Roger Milla, 42 ans (1994), et que Faryd Mondragon (43 ans en 2014).

Habitué aux symboles, El-Hadary, 44 ans révolus, a réitéré dimanche soir après sa victoire contre le Congo (2-1) à Borg-El-Arab, synonyme de qualification pour Russie 2018, le geste qui constitue un peu sa "marque de fabrique" : il s’est installé sur la barre transversale de son but pour communier avec le public égyptien. En authentique showman qu’il est. En sélection depuis 1996, plusieurs fois nommé meilleur gardien du continent africain, El-Hadary n’a sans doute pas fini de nous amuser et surtout de nous surprendre. Avec lui, se perpétue pour quelque temps encore la tradition des grands gardiens africains, dans la lignée des Bell et Nkono.

Frank Simon