lemar (thomas) (F.Faugere/L'Equipe)

Équipe de France : pour Thomas Lemar, il est temps que la Coupe du monde démarre

Peu utilisé durant la préparation et resté scotché sur le banc contre l'Australie (2-1) puis le Pérou (1-0), Thomas Lemar devrait être titulaire face au Danemark ce mardi (16h00). Avec une place à gagner.

Il y a des matches qui peuvent changer une vie. Honnêtement, pas sûr que ce Danemark-France en fasse partie, mais il pourrait quand même bousculer le destin à court terme de Thomas Lemar. Laissé de côté durant la préparation (22 minutes en trois rencontres) puis lors des deux premiers matches du groupe C (aucune minute face à l'Australie puis au Pérou), le nouveau milieu de terrain de l'Atlético Madrid doit retrouver la lumière ce mardi, avec une première titularisation en équipe de France depuis le 23 mars et un (bon) match contre la Colombie (2-3). Enfin, serait-on tenté de penser, alors que le gamin de Baie-Mahault avait prouvé son importance dans le jeu français dès ses premières apparitions dans le onze de départ des Bleus. «C'est assez incompréhensible qu'il se soit retrouvé dans cette situation-là, même s'il est pénalisé par sa fin de Championnat et le système adopté précédemment, juge Philippe Tranchant, un des formateurs de Lemar à Caen. C'est lié à sa saison en dents de scie, mais c'est surprenant. Qu'il ait été celui qui a eu le moins de temps de jeu avec Thauvin, c'est incroyable.»

Discret, taiseux, introverti, Thomas Lemar n'est évidemment pas du genre à taper du poing sur la table, ni à la porte du bureau du sélectionneur pour réclamer des explications ou du temps de jeu. «Il vit plutôt bien cette situation, même s'il y a un peu de frustration», admettait son compagnon de chambre Djibril Sidibé ces derniers jours. À vrai dire, cette frustration ne date pas du début du stage de préparation à la Coupe du monde... «À Monaco, il ne s'y retrouvait plus trop, admet Tranchant. Il était bien physiquement, c'était plutôt une question de psychologie collective. Il fallait se remettre la tête à l'endroit, et je pense qu'il a retrouvé toutes ses facultés.» Il vaut mieux, car cette titularisation face au Danemark, à son poste de prédilection, aura une importance considérable sur la suite de son tournoi. Avec le retour du 4-4-2, la porte s'est entrouverte. La performance courageuse mais limitée de Blaise Matuidi contre le Pérou a rendu le retour de "Toto" logique, voire légitime. À lui de jouer, désormais.

«À Monaco, il ne s'y retrouvait plus trop. Il fallait se remettre la tête à l'endroit» (Philippe Tranchant)

Les matches références des Bleus en 2017, c'était avec Lemar

Pour éviter de se mettre trop de pression, Lemar peut s'appuyer sur un vrai atout : il était présent et décisif lors de deux des meilleurs matches des Bleus depuis un an, contre l'Angleterre (3-2, le 13 juin 2017) et les Pays-Bas (4-0, le 31 août 2017). Ça commence à dater, certes, mais il manque à cette équipe de France un lien entre ses milieux et ses attaquants, pour moins dépendre du jeu long de Paul Pogba, des déviations d'Olivier Giroud ou des exploits personnels d'Antoine Griezmann ou Kylian Mbappé. «Il peut nous amener tout son talent, détaillait Corentin Tolisso en conférence de presse dimanche. Il a une patte gauche magnifique, et on sait qu'il est important pour notre équipe parce qu'il peut faire la différence à tout moment. Il a une capacité technique pour créer le décalage, faire une bonne passe. Il a une bonne frappe aussi, il peut marquer de loin...»

Depuis le début de la Coupe du monde, il manque un organisateur à cette équipe de France, et il pourrait bien se nommer Thomas Lemar. «Il peut être ce Monsieur Plus, amener ce lien technique, assure Philippe Tranchant. On a quand même des problèmes pour développer des enchaînements de qualité, se créer des occasions sur attaques placées. Techniquement et tactiquement, il est au-dessus de la mêlée. Après, il faut qu'il soit dans de bonnes dispositions mentales et physiques, qui correspondent à un statut de titulaire en équipe de France. Il a les cartes en main, c'est à lui de prouver.» S'il ne donne pas satisfaction, il retournera vraisemblablement au placard. Et il restera un trou béant dans le jeu des Bleus. S'il brille, en revanche, il pourrait résoudre un paquet de soucis collectifs. Et ne plus sortir du onze. Ça ne changera peut-être pas sa vie, mais ça embellirait clairement son été.

Cédric Chapuis