deschamps (didier) fekir (nabil) (P.Lahalle/L'Equipe)

Équipe de France : plaidoyer pour un 10

La victoire face à l'Australie, samedi (2-1) a laissé entrevoir certains manques dans le jeu français. Manque de liant, manque de mouvement. Cette France est en manque d'un meneur. Un vrai. Ça tombe bien, elle l'a à portée de main. À Fekir de jouer !

Il a manqué pas mal de choses à l'équipe de France pour gagner en séduisant, samedi face à l'Australie (2-1). De l'intensité, de l'engagement, notamment. Mais aussi de la créativité, du liant, de la coordination, du mouvement entre les lignes. En somme, tout ce que pourrait apporter un meneur de jeu que ne sont ni Paul Pogba, ni Corentin Tolisso, ni Antoine Griezmann. Les deux premiers sont des relayeurs, capables faire la différence par une passe verticale, un dribble bien senti ou une projection vers la surface adverse. Pas des organisateurs à temps plein. Le dernier est un attaquant, un vrai, un pur, un joueur qui doit se retrouver dans la zone de vérité pour s'épanouir sans renier sa nature. L'éloigner du but en l'exilant sur un côté ou en position de ''quaterback'' derrière les deux flèches que sont Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé, ça ne fonctionne pas. Pas suffisamment, en tout cas.

Que faire, alors ? Céder à la tentation Giroud ? Et pourquoi pas installer un vrai numéro dix pour mettre en valeur les deux meilleurs joueurs de l'équipe de France ? Associés devant, Griezmann et Mbappé ont tout pour forcer n'importe quel verrou. À deux, ils risquent moins de se marcher sur les pieds qu'à trois... Surtout s'ils sont soutenus et servis par un Nabil Fekir qui a affiché une forme prometteuse durant la préparation. Le Lyonnais a le profil idéal. En 2014 comme en 2016, Didier Deschamps s'était appuyé sur un meneur (excentré, certes) pour faire le lien entre son milieu et son attaque. Mathieu Valbuena et Dimitri Payet ne sont plus là. À Nabil Fekir de jouer !

Le capitaine de l'OL est tout sauf un joker. Il faut lui donner, si ce n'est le trousseau, au moins une partie des clés de l'animation du jeu des Bleus, dans un rôle où il a excellé en club. Que risque-t-on ? Du déséquilibre dans les couloirs ? Vu l'appétit fluctuant du trio offensif pour le replacement contre l'Australie... À y regarder de plus près, en fait, tout le monde serait placé dans sa zone de confort, de Griezmann à Pogba en passant par Tolisso voire même Kanté, qui serait ainsi moins laissé à l'abandon par ses deux lieutenants à la récupération. Bref, tout invite à croire à cette formule. Ou au moins à l'essayer. Juste pour voir... Juste pour rêver un peu.

Il faut lui donner, si ce n'est le trousseau, au moins une partie des clés de l'animation du jeu

Cédric Chapuis