kimpembe (presnel) varane (raphael) (F.Faugere/L'Equipe)

Equipe de France : Le 3-4-1-2 de Didier Deschamps en Albanie à la loupe

Pour la première fois depuis 2004, l'équipe de France évoluait ce dimanche soir avec une défense à trois. Au terme de l'ultime rencontre des Bleus en 2019, Didier Deschamps a quelques raisons de se réjouir d'avoir opté pour un 3-4-1-2.

Raymond Domenech avait entamé la campagne de qualification des Bleus pour la Coupe du monde 2006 avec un trident défensif composé de Sébastien Squillaci, William Gallas et Gaël Givet. Quinze ans plus tard, Didier Deschamps a conclu les éliminatoires de l'Euro 2020 en s'appuyant sur Clément Lenglet, Raphaël Varane et Presnel Kimpembe dans l'axe. Avec le même bilan défensif, puisqu'en 2004, déjà, les Bleus n'avaient pas encaissé de but face à Chypre. Ce dimanche soir, à Tirana, ils n'ont été inquiétés qu'à deux véritables reprises par l'Albanie. A la vingt-deuxième minute, d'abord, lors d'une contre-attaque des Rouge et Noir et suite à un ballon glissé entre Presnel Kimpembe et Benjamin Mendy. Puis lors d'une séquence un peu plus longue, au retour des vestiaires. Mais à chaque fois, la responsabilité des demi-occasions locales incombait au moins autant à la forme toute relative du latéral citizen, qu'au schéma dans lequel les Tricolores étaient organisés.

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Tolisso dans un fauteuil

En dehors de ces quelques frayeurs, la nouvelle organisation des champions du monde a aussi et surtout permis à Presnel Kimpembe et Raphaël Varane (4 interceptions) de sortir très haut pour annihiler certaines transitions offensives albanaises. Partant, c'est tout le bloc français qui pouvait évoluer un cran plus haut qu'à l'accoutumée, notamment lors du premier acte. Dans une autre relation de cause à effet, Moussa Sissoko et Corentin Tolisso ont ainsi pu évoluer dans un fauteuil. Ce qui a permis au Munichois d'exprimer toutes ses qualités (86 ballons touchés, 87% de passes réussies), malgré l'infériorité numérique à laquelle le milieu de terrain des Bleus était théoriquement confronté ce dimanche. En théorie seulement, car Antoine Griezmann est régulièrement venu prêter main forte au duo qui était aligné devant la défense des Bleus.

Un numéro 7 redevenu 10

Au-delà de cette contribution défensive, le Catalan a donné l'impression d'avoir joué toute sa carrière dans cette position de meneur de jeu. Et pour cause ! Le 3-4-1-2 présente l'avantage de permettre au numéro 7 d'évoluer dans un registre proche de celui dans lequel il évolue traditionnellement chez les Bleus, tout en lui donnant la possibilité d'organiser le jeu d'un peu plus bas, sans qu'Olivier Giroud ne s'en trouve isolé pour autant. Dans un véritable rôle de numéro 10, le Mâconnais a ainsi pu dicter le tempo du début à la fin de la rencontre, et - signe d'un épanouissement recouvré - inscrire son trentième but en soixante-dix-huit sélections. Puisqu'il faut bien trouver quelque chose à redire, l'animation offensive des couloirs tricolores ne soutient pas la comparaison avec ce que les Bleus ont proposé dans l'axe du terrain. Mais là encore, cela tient au moins pour moitié à la prestation de Benjamin Mendy, dont l'apport offensif a quasiment été inexistant. De son côté, Léo Dubois a su tirer profit de la liberté que confère le 3-4-1-2 aux deux joueurs de couloir. Avec un deuxième latéral en pleine possession de ses moyens, l'arrière-garde albanaise aurait peut-être souffert davantage encore.

Un système taillé pour Mbappé ?

Car au moment de faire le bilan, Didier Deschamps s'interrogera certainement sur les potentialités de l'organisation qu'il avait instauré, ce dimanche soir, pour la première fois de son mandat. Et au regard de ce que l'expérimentation a donné, malgré l'absence de plusieurs tauliers, il pourrait être tenté de transformer l'essai lors des rencontres amicales du printemps. D'une part parce que Paul Pogba et N'Golo Kanté ont l'habitude d'évoluer ensemble dans un double pivot devant la défense, mais également parce que Kylian Mbappé semble impatient d'évoluer dans l'axe. Si Didier Deschamps se demandait encore comment il allait pouvoir s'y prendre pour satisfaire aux desiderata de l'attaquant parisien sans avoir à se priver d'Olivier Giroud, l'ultime rencontre des Bleus en 2019 vient peut-être de lui apporter la réponse.

Thymoté Pinon