sarr (bouna) (NEGREL CHRISTOPHE/L'Equipe)

Equipe de France : derrière Pavard et Sidibé, de nombreux prétendants poussent à la porte des Bleus

En équipe de France, le poste d'arrière droit n'a jamais été le plus fort. Derrière Pavard et Sidibé, certains joueurs deviennent des alternatives crédibles pour Didier Deschamps.

Cela n'a échappé à personne, Benjamin Pavard et Djibril Sidibé sont tous les deux champions du monde. Depuis sa première sélection en septembre 2016, le Monégasque a été continuellement appelé par Deschamps. Benjamin Pavard, de son côté, est d'une certaine manière un «nouveau venu» en sélection nationale, puisque sa première convocation est intervenue dans les mois qui ont précédé le Mondial, en novembre 2017.

Lire : Découvrez notre propre liste des 23

En France, le Championnat a du talent

Mais aujourd'hui, force est de constater qu'aucun ne rassure complètement avec les Bleus. En fait, il apparaît même que les deux joueurs sélectionnés ne sont pas ceux qui sont les plus en forme cette saison. À l'image de son club, Sidibé, gêné par les blessures, n'avance pas tandis que Stuttgart, le club de Pavard, est lanterne rouge en Bundesliga. Au-delà de ces embarras collectifs, c'est aussi individuellement que la qualité fait défaut. Pendant ce temps, d'autres joueurs font leur trou, plus ou moins dans la lumière, que ce soit en Ligue 1 ou non.

Ruben Aguilar est un de ceux-là. Avec Montpellier, il a disputé toutes les rencontres jusqu'à jouer l'intégralité des minutes avec son club en Ligue 1. Il impressionne depuis la saison dernière et est progressivement devenu un élément clé. Son équipe dispose de la meilleure défense du Championnat à égalité avec le PSG. Le défenseur est né en France d'un père espagnol, mais a été victime d'une confusion complètement ubuesque. En 2017, il a été contacté par la Bolivie alors qu'il n'était absolument pas éligible. Dans une interview accordée à Goal, il était revenu sur cet épisode cocasse : «Je crois qu'à la base, tout cela part du jeu Football Manager. Ils m'avaient donné la nationalité bolivienne en plus de la nationalité française. J'avais déjà reçu des messages de Boliviens après mes matches. Apparemment, là-bas ils parlaient de moi à la télévision en disant que j'étais sélectionnable. J'ai été obligé de faire un communiqué pour expliquer que je n'étais pas Bolivien.» Pas d'ambiguïté donc, Aguilar ne peut que représenter la France et l'Espagne, s'il le souhaite. Concernant la Roja, il expliquait dans ce même entretien : «Je n'ai pas la double nationalité mais ça fait un moment que j'ai envie de l'avoir. C'est plus par rapport aux liens familiaux que pour prétendre à la sélection espagnole.»

Lala, Sarr, Debuchy...

Les appels à le sélectionner avec les Bleus affluent cette saison. Se posent alors les questions suivantes : comment savoir si le joueur a le niveau international, sachant qu'il n'a jamais évolué au plus haut niveau ? Michel Der Zakarian, le coach du MHSC, s'appuie sur une défense à 3 (ou 5) pour bâtir sa forteresse imprenable. Aguilar pourrait-il s'adapter au système à 4 de Deschamps ? Cette réflexion s'applique également à un autre joueur, certes moins sur le devant de la scène mais tout aussi performant avec son club. Et cet outsider s'appelle Kenny Lala. Brillant avec Strasbourg, il a même été décisif avec deux buts et trois passes décisives. Son apport offensif n'est peut-être pas si négligeable que cela. À l'inverse, on l'a vu avec Sidibé, Didier Deschamps souhaite avant tout se baser sur une forte contribution défensive et les lacunes du joueur de l'AS Monaco dans ce domaine ont pu lui être préjudiciables. Lala a lui aussi été utilisé plus haut par Thierry Laurey dans un système à 3. Il a les qualités pour «dynamiter» l'équipe adverse. Malgré tout, à 27 ans, une première convocation en Bleu serait une sacrée surprise.

Aguilar et Lala ne sont cependant pas les seuls pensionnaires du Championnat de France à attirer l'attention. Le Marseillais Bouna Sarr, replacé l'année passée comme arrière droit par Rudi Garcia, enchaîne les bonnes performances depuis cette mutation. La dernière en date, son match contre le PSG lors duquel, malgré la défaite (2-0), il avait fait forte impression. C'est également le cas pour Mathieu Debuchy, qui a déjà connu les Bleus. L'ancien Dogue compte 27 sélections, mais n'a plus été rappelé depuis plus de trois ans.

À l'étranger aussi, des Français se distinguent

Ailleurs en Europe, deux anciens de Ligue 1 jouent aussi crânement leur chance. C'est surtout le cas pour Kévin Malcuit, qui a quitté le LOSC pour Naples l'été dernier. Les Partenopei sont restés invaincus au mois d'octobre, ce qui a coïncidé avec le retour à la compétition de Malcuit. Doucement mais sûrement, il fait ses classes avec Naples, et concurrence son «adversaire», Elseid Hysaj. Le prochain objectif pour Malcuit sera de jouer les rencontres importantes, en Ligue des champions ou contre les ténors de la Serie A.

En Allemagne, Nordi Mukiele passe un petit peu sous les radars. Arrivé au RB Leipzig à l'intersaison en provenance de Montpellier, il a disputé huit des dix rencontres de Bundesliga. Replacé comme arrière droit, il cultive et peaufine cette polyvalence. Dans une interview accordée à L'Equipe, il réfutait le risque de «l'oubli» en Allemagne : «Pourquoi on m'oublierait ? Je connais mes qualités, je n'ai pas de doutes là-dessus. En France ou à l'étranger, si tu montres que tu as des qualités, je ne vois pas pourquoi on ne parlerait pas de toi.» Il part sûrement avec plus de retard, mais le joueur est motivé. «Ça me parait un peu loin dans le sens où il faut que j'arrive à me faire une place en Espoirs avant. C'est une déception de ne pas avoir été appelé avec eux, une source de motivation aussi», déclarait-il.

Il est difficile de savoir si Didier Deschamps rebattra les cartes et remettra en cause l'ordre établi. On le sait, DD n'aime pas trop le changement et s'appuie sur une dynamique de groupe avant de penser à des individualités en particulier. Tous ces joueurs attendent leur tour et se muent en options crédibles. De quoi donner du grain à moudre au staff des Bleus.

Jérémy Docteur