Rabiot va-t-il réussir à rebondir avec les Bleus ? (A. Mounic/L'Equipe)

Équipe de France : Ce qu'Adrien Rabiot a de plus et de moins que ses concurrents au milieu

Toujours écarté en équipe de France après son refus de figurer parmi les suppléants à la Coupe du monde, Adrien Rabiot a-t-il une chance de revenir en sélection dans un avenir proche, comme l'a laissé entendre Noël Le Graët ? À son poste, au milieu, il y a de sacrés clients.

La question ne se posera peut-être plus après les deux prochains matches des Bleus, ce jeudi (21h00) en amical face à l'Islande, puis mardi contre l'Allemagne en Ligue des nations. En l'absence de Corentin Tolisso, blessé, le Lyonnais Tanguy Ndombélé va faire ses premiers pas en équipe de France et convaincra, ou non, Didier Deschamps de son utilité à l'avenir. En attendant, Adrien Rabiot peut-il espérer réintégrer bientôt la sélection tricolore ? Le message lancé ces derniers jours par le président de la Fédération française (FFF), Noël Le Graët, laisse entendre que oui.

Le dirigeant souhaite rencontrer le joueur rapidement, a clairement affirmé le Breton en début de rassemblement. Reste que le Parisien, écarté du groupe France après son refus de figurer parmi les suppléants à la Coupe du monde, possède des qualités indéniables. Dans un milieu à trois, le seul dans lequel il aurait sa place actuellement, il pourrait jouer un rôle. Mais à la place de qui ? Car Blaise Matuidi, N'Golo Kanté et Paul Pogba ont aussi de sérieux atouts à faire valoir.

Moins travailleur que Matuidi, mais plus technique

Si à Paris, Rabiot a fini par avoir le dernier mot dans sa concurrence avec Blaise Matuidi, en équipe de France, ça risque d'être plus difficile. Face à l'émergence du talentueux titi parisien, le futur Turinois avait préféré s'éclipser, à contre coeur, pour rebondir à la Juventus l'an dernier. Mais jamais, en parallèle, il n'a perdu la confiance de Deschamps. Infatigable travailleur, à défaut d'être brillant techniquement, Matuidi a fait le dos rond au début du Mondial pour finalement s'imposer sur le côté gauche, dans une position de faux ailier.

Une place dans un 4-2-3-1 que ne pourrait pas occuper Rabiot, plutôt utilisé en sentinelle cette saison au PSG. Entre le vice-capitaine des Bleus et «le Duc», comme il est surnommé, il n'y a pas photo. Dans un avenir proche, le patron des Bleus privilégiera toujours le plus ancien (31 ans), à qui il accorde une confiance sans faille depuis sa nomination en 2012. Mais à terme, le premier vieillissant, la justesse dans ses passes, sa vision du jeu et sa finesse dans les relances pourraient jouer en faveur du plus jeune (23 ans). À condition que celui-ci reconnaissance ses erreurs et accepte de se mettre au servir du collectif, comme son aîné.

Moins de volume que Kanté, mais plus de projections

Là encore, la comparaison est délicate. N'Golo Kanté n'évolue pas du tout dans le même registre que Rabiot. L'un est un vrai récupérateur, tandis que l'autre est plus relayeur. Mais le fait est que les deux joueurs postulent bien à l'une des trois places au milieu, quand Didier Deschamps décide d'opter pour ce système. En Bulgarie (0-1), il y a exactement un an, le Parisien avait d'ailleurs remplacé le joueur de Chelsea, sorti blessé (34e), dans un rôle de n°6. Et il s'était noyé dans tous les sens du terme, sous la pluie de Sofia. Allant même jusqu'à déclarer après la rencontre «avoir eu peur de se blesser», ce qui avait ôté du crédit aux yeux du sélectionneur.

Beaucoup plus porté vers l'offensive et à l'aise dans les projections vers l'avant, Rabiot se plaît à dévorer les espaces quand Kanté excelle dans l'art d'intercepter le ballon à l'adverse, de ratisser large devant sa défense, en offrant un volume de jeu incroyable. S'il ne se décide pas un jour à trouver du plaisir à défendre un peu plus, le surdoué insolent risque bien de ne jamais faire de l'ombre à celui dont l'humilité est régulièrement montrée en exemple.

Moins décisif que Pogba, mais plus sécurisant

Enfin, il y a Paul Pogba. Celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, n'avait pas tant prouvé en équipe de France. Mais sa métamorphose, sur et en dehors des terrains en Russie, lui a conféré désormais un statut à part. À la fois de cadre de vestiaire et d'indispensable dans le onze de départ. Malgré ses prises de risques permanentes, sa propension à garder le ballon au lieu d'accélérer le jeu, il reste capable de gestes décisifs à tout moment. Sa Coupe du monde réussie et son début de saison avec Manchester United en atteste, l'ancien Turinois est aujourd'hui beaucoup plus décisif.

Sans doute plus que Rabiot ne le sera jamais. Même si leurs entraîneurs ne leur demandent sans doute pas la même chose. À Paris, le milieu rebelle n'a jamais marqué plus de quatre buts sur une saison. Qu'importe s'il joue plus la sécurité et préfère éliminer ses adverses par ses courses plutôt que par des dribbles, Pogba semble également avoir plusieurs longueurs d'avance. Car dans le même temps, il sait aussi comment rattraper ses fautes. Ce que l'exclu du moment ne semble manifestement toujours pas avoir appris.