matuidi (blaise) pavard (benjamin) (S.Mantey/L'Equipe)

Equipe de France : Benjamin Pavard, tout sauf une surprise

Désormais bien installé chez les Bleus, le défenseur du Bayern a déjoué bien des pronostics depuis le début de sa carrière. Ceux qui ont un jour croisé sa route n'ont, eux, jamais douté de sa réussite au plus haut niveau.

L'histoire de Benjamin Pavard, 23 ans, est un éternel recommencement. Parce qu'il semble avoir développé une appétence particulière pour les demi-volées, d'abord. Mais aussi et surtout parce qu'il n'en finit plus de surprendre les observateurs. Partout, tout le temps. Déjà à l'été 2016, lorsqu'il choisit de quitter Lille pour rallier Stuttgart et la Bundesliga 2, alors que rien ne l'y prédestinait. «C'était le petit joyau du LOSC, rappelle Junior Tallo, l'un de ses coéquipiers de l'époque. Donc on s'attendait plutôt à ce qu'il perce définitivement ici ou bien qu'il signe dans un club de première division. Pas forcément à ce qu'il s'envole pour l'Allemagne, en tout cas. Et encore moins dans un club qui venait d'être relégué. Mais il y a eu des choix qui ont été effectués par les dirigeants à ce moment là et c'est le foot qui veut ça...»

«J'ai vite compris qu'il était spécial»

Hans Nunoo Sarpei, qui a posé ses valises au VfB Stuttgart huit jours avant Benjamin Pavard, avoue s'être un temps demandé ce que son coéquipier faisait dans le sud-ouest de l'Allemagne. «On est arrivés le même été avec "Benji" et on faisait partie des plus jeunes de l'effectif, donc on s'est rapidement rapprochés. Mais au-delà de nos bonnes relations, j'ai vite compris qu'il était spécial. Il n'était pas très costaud mais vu son niveau de confiance et ses qualités techniques, je m'imaginais bien qu'il n'allait pas rester longtemps ici s'il continuait de bien travailler. De là à l'imaginer soulever la Coupe du monde...»

Philipp Kessler, qui suit désormais le Bayern au quotidien pour BILD et qui a vu le Français débarquer en Allemagne avec curiosité, estime qu'il était impossible d'anticiper une telle trajectoire. Après coup, il se souvient toutefois d'une première saison «exceptionnelle» du côté de Stuttgart. Une de celles qui vous font dire qu'un joueur peut aller loin. «Sa première saison en Allemagne demeure à ce jour la meilleure qu'il ait jouée, se remémore le journaliste. Avec celle qui s'est conclue par un titre de champion du monde pour lui, peut-être. Mais ce qui est bien avec ce joueur, c'est qu'il devient chaque jour un peu plus fort. Alors peut-être qu'à la fin de son premier exercice avec le Bayern, on pourra dire qu'il vient d'accomplir la meilleure saison de sa carrière...» Car avec Benjamin Pavard, on ne sait jamais. Au terme de sa première saison outre-Rhin, tous les observateurs le voyaient quitter Stuttgart pour une grosse écurie européenne. Le natif de Maubeuge y passera finalement deux saisons supplémentaires. La première le conduira jusqu'à l'équipe de France et au Mondial russe, alors que personne ne l'avait vu venir. La seconde, jusqu'aux barrages de promotion/relégation, au terme de trente-quatre journées de Bundesliga en forme de long chemin de croix.

«Ceux qui ont déjà joué avec lui savent...»

Gardien du LOSC lors des débuts professionnels du jeune homme, Steve Elana avait lui pressenti le contre-pied. «C'est un affectif et il se sentait bien là-bas, indique celui qui garde désormais le but du SO Cholet. Le club et ses supporters lui ont toujours témoigné beaucoup d'affection, notamment pendant le Mondial. Et puis il ne fallait pas partir pour partir, mais plutôt tout mettre en place afin d'avoir la possibilité de signer dans un grand club dans les mois qui allaient suivre. Je crois que c'est ce qu'il a fait, non ?»

C'est peu dire. Alors que le Français tarde à trouver un second souffle après la Coupe du monde, le Bayern Munich l'enrôle pour cinq ans, en janvier. A ce moment-là, les fans du FC Hollywood sont dubitatifs et de nouvelles questions émergent. Alors qu'Hasan Salihamidzic, le directeur sportif du club, leur avait promis une recrue d'envergure, ils ont du mal à envisager Benjamin Pavard dans un autre rôle que celui d'un joueur de rotation. «Parce qu'ils ne l'avaient jamais côtoyé de près, lance Junior Tallo. Ceux qui ont évolué avec lui savent...» Pour le plus grand plaisir de l'ancien attaquant des Dogues, les supporters du Bayern ne mettront pas longtemps à découvrir la vérité.

Des statistiques impressionnantes

Mais en Bavière - et finalement comme souvent depuis le début de sa carrière, Benjamin Pavard est en train de briller là ou pas grand monde ne l'attendait. «Au départ - et je sais que cela fait encore débat dans votre pays, il était perçu comme un central. Mais ici, il n'y a désormais plus aucun doute sur le fait qu'il soit un très bon latéral droit. D'autant qu'avec Joshua Kimmich devant la défense, il gagne à jouer à droite, là où il peut avoir plus d'influence», assure Philipp Kessler. Et participer davantage aux offensives de son équipe, derrière Kingsley Coman. Avec une réussite déconcertante. Depuis le début de saison, le Nordiste a été impliqué sur quatre buts du Bayern en Championnat. Personne ne fait mieux en Bundesliga. Et à cela s'ajoute une passe décisive en Ligue des champions, lors de l'écrasante victoire des Munichois sur la pelouse de Tottenham (2-7).

Des débuts quasi-idylliques et des statistiques qui lui confèrent désormais une vraie légitimité dans l'un des plus grands clubs d'Europe. Car à en croire Philipp Kessler, le défenseur fait désormais l'unanimité en Bavière. «Il reste encore perfectible sur certaines séquences défensives mais je crois que sa dernière prestation, face au Borussia Dortmund (victoire 4-0, 75% de duels gagnés par le Français), pourrait constituer un tournant. Il a été impressionnant ce jour-là et les fans du club sont désormais persuadés qu'il est bel et bien lancé. Et encore une fois, il va continuer de progresser...» Jusqu'où ? Steve Elana prophétise un destin à la Franck Ribéry ou Bixente Lizarazu, légendes du Bayern. «J'ai l'impression qu'il s'agit d'un club qui se prête à ce genre de carrières. Et comme l'un de ses points forts réside dans sa capacité à s'adapter au niveau et au contexte dans lesquels il évolue, je l'imagine bien devenir une pièce maîtresse là-bas.» De son côté, Junior Tallo ne voit «aucune limite» à celui qui en est déjà à vingt-cinq sélections chez les Bleus. «Honnêtement, c'est un crack. Mais il faut l'avoir côtoyé au quotidien pour comprendre à quel point ce mec est une machine...»


Le meilleur combattant : Benjamin Pavard a été brillant.

Junior Tallo : «Honnêtement, c'est un crack»

Thymoté Pinon